Plus aucune raison de faire des efforts !

Paresse / Perversité - L'appui démesuré sur Internet a conduit les élèves et les étudiants à s'éloigner de leur principale mission, celle d'utiliser des livres et d'autres ouvrages dans leurs travaux de recherche.Se connecter à un site de recherche, taper les mots clés du travail qui leur est demandé, copier le contenu, le coller, l'imprimer et le présenter aux enseignants. Telle est l'attitude qui tend à se généraliser dans les établissements scolaires et ceux de l'enseignement supérieur en Algérie. Le procédé est très simple. D'une part, il permet, certes, de gagner du temps et de ménager l'effort, mais, d'autre part, il tue la culture de la lecture, de la concentration et même de la compréhension.
D'ailleurs, la forte demande sur ce nouveau «créneau» a amené les propriétaires des cybercafés à proposer la vente de travaux de recherches, une nouvelle option très porteuse. La victime dans tout cela : le niveau intellectuel qui ne cesse de régresser de manière inquiétante.
«J'ai demandé, il y a quelques jours, aux élèves de deuxième année secondaire de faire une recherche sur la Révolution algérienne de 1954. Et j'ai été très choqué lorsque j'ai découvert que la grande partie des travaux était copiée du site Wikipédia, sans aucune modification», témoigne Saïd, enseignant d'histoire et de géographie dans un lycée à Bouira.
«Ce qui m'a le plus choqué est que seulement trois élèves pouvaient répondre à mes questions sur le sujet, alors que les autres n'ont rien compris», poursuit cet enseignant, estimant que la mauvaise utilisation d'internet est l'un des facteurs qui ont conduit à la baisse de niveau des élèves. Un autre exemple encore plus éloquent : les bibliothèques universitaires ne sont plus aussi sollicitées par les étudiants, qu'elles ne l'étaient il y a quelques années.
Une situation qui arrange les affaires des quelques universitaires qui tiennent toujours aux livres et à la lecture comme moyen d'assimiler le contenu pédagogique objet de leur recherche. Les autres recourent automatiquement aux sites spécialisés. C'est beaucoup plus facile, bien évidemment.
«Ces trois dernières années, les salles de lecture ne sont utilisées que par un nombre très réduit d'étudiants, alors qu'auparavant on se bousculait pour y trouver une place. La demande sur les ouvrages a également baissé sensiblement», soutiennent des employés des bibliothèques universitaires, des instituts des sciences politiques, des sciences juridiques et administratives, des sciences humaines et des sciences commerciales à l'université d'Alger. Des enseignants universitaires, interrogés sur le sujet, ont confirmé cette tendance, affichant leur crainte quant à une «dégradation plus inquiétante du niveau intellectuel à l'avenir».
Faut-il interdire internet aux élèves et aux étudiants ' Ou faudra-t-il plutôt mener de vastes campagnes de sensibilisation pour «réanimer» la culture de l'effort chez cette catégorie qui représente l'avenir du pays ' Peu importe le procédé, mais une solution doit être trouvée dans les meilleurs délais, avant que la situation ne devienne encore plus catastrophique. Rationaliser l'utilisation du web constitue aujourd'hui une priorité absolue.