Algérie

Pléthore de livres en France sur l’Algérie : Une manne scripturale qui fait rêver



Pléthore de livres en France sur l’Algérie : Une manne scripturale qui fait rêver
Les livres publiés en France sur l’Algérie sont innombrables. Au point qu’il est quasi impossible d’en faire une recension exhaustive. En voici au moins un aperçu édifiant.


Chaque année des dizaines de livres sont publiés sur des thèmes touchant à l’Algérie, jusqu'à une centaine au moins. L’année 2001 non seulement n’a pas échappé à la règle, mais au contraire, la profusion de titres augure déjà de l’explosion éditoriale de 2012, année du cinquantenaire du départ de la France d’Algérie après l’indépendance. Beaux livres, nouvelles, romans, essais divers et variés sur différents sujets, et bien évidemment ouvrages historiques sont nombreux. Si certaines de ces parutions s’adressent particulièrement au public français, plusieurs auraient tout à fait leur place dans les librairies algériennes où ils font grandement défaut.
Les éditeurs concernés par ces publications sont tellement nombreux qu'on ne peut les citer tous. Les maisons qui ont pignon sur rue dans le monde de l’édition parisienne sont rejointes par des petites sociétés, parfois en région, certaines récemment créées, d’autres ont eu, à un moment de leur histoire, un coup de cœur pour un ouvrage parlant de l’Algérie.
Faire la recension de tous les ouvrages parus en 2011 est un pari impossible. Tout au plus pouvons-nous avoir une idée globale du caractère prolifique de cette production qui a de quoi faire rêver nombre de lecteurs algériens qui voudraient avoir accès à cette manne scripturale.

Beaucoup de livres sur l’histoire
L’éditeur qui publie le plus est certainement L’Harmattan, et ceci depuis plusieurs années. Son catalogue 2011 n’échappe pas à la règle. Beaucoup de livres historiques y figurent. Par exemple, "La tribu égarée", de Bachir Touati. A l'époque de la Guerre d'Algérie, une famille d'immigrés algériens prend racine dans une banlieue ouvrière en France. C’est l’histoire d’une saga. Abdelkader Benarab nous a proposé « La Bataille de Sétif ». Novembre 1954. Un livre sur un épisode de la guerre. Dans "Le prix à payer", un roman de Fatima Djazouli, un récit court, dense et sombre qui s'inscrit dans une trame humaniste et universaliste. Parmi les autres romans, "Les ombres et l'échappée belle", de Salima Mimoune paru ce mois de décembre 2011. Parmi les romanciers, un retour, celui de Mustapha Bouchareb, qui avait publié ses premiers romans en Algérie dans les années 80. Il donne en 2011 "La troisième moitié de soi", un recueil de nouvelles. Prof de linguistique anglaise, il est installé en Arabie Saoudite. Sur l’histoire du roman de manière générale, le passionnant "Le roman algérien des années 1920, entre fiction et réalité politique", de Nacer Khelouz. La liste est longue et il est impossible de tout citer. Relevons aussi les ouvrages innovants, comme ce "Louis XIV en Algérie", de Bernard Bachelot. Un moment mal connu de l’histoire du pays. En 1664, Louis XIV, soucieux de marquer le début de son règne par une action d'éclat, envoya la totalité de sa marine et ses meilleurs régiments sur les côtes d'Algérie afin d'y implanter une base française. Egalement sur ce volet historique, un livre novateur sur "Les Algériens sous le prisme des faits divers". Guillaume D'Hoop a étudié de 1954 à 1962 comment les événements d'Algérie font la une de la presse métropolitaine. Le "terrorisme nord-africain" stigmatise les 350.000 immigrés algériens installés en France. La perception des Algériens de France traduit le positionnement des lecteurs et des journaux par rapport au conflit. De Jacques Simon, spécialiste de l’histoire de Messali Hadj, on peut lire cette année l'Algérie au passé lointain de Carthage à la Régence d'Alger.

Des ouvrages en phase avec l’actualité
Ou encore comme toujours chez L’Harmattan, des ouvrages plus en phase avec l’actualité au prisme de l’histoire ainsi deux livres : le Printemps noir de 2001 en Kabylie, le cas de la coordination communale d'Aïn Zaouia, par Hamid Chabani, ou encore Germaine Tillion, Jacques Berque, Jean Servier et Pierre Bourdieu, des ethnologues dans la guerre d'indépendance algérienne. Il y a bien sûr beaucoup de témoignages de pied-noirs. Dont Demain tu pars en France, du ravin béni-safien au gros caillou lyonnais, par Claude Diaz, qui revisite en filigrane la guerre d'Algérie, l'exode et la fulgurante et douloureuse installation des pieds-noirs en France. Dans cette catégorie, citons également C'était notre Algérie, d’Alain Vircondelet, aux éditions de l’Archipel. Et ceux de Raphaël Draï, le Pays d’avant, et le Pays d’après (Michalon). Ou encore Bienvenue chez vous - Retour à Alger, de Pierre Henri Pappalardo, aux éditions de L'aube.
Aux éditions La Découverte, l’année n’a pas été aussi faste sur l’Algérie, mais deux ouvrages au moins ont mérité le détour. La parution de la revue le Mouvement social, sous le titre la Société du contact dans l’Algérie coloniale. Et, surtout le 17 octobre des Algériens, avec une remarquable postface de Gilles Manceron. D’ailleurs, sur le 17 octobre, cinquantième anniversaire oblige, plusieurs parutions ou rééditions sont venus garnir les rayons des librairies cette année.
Aux éditions Encre d’Orient, nouvellement créées, deux livres au moins sont à souligner. De Mustafa Haciane, Une éducation algéroise, splendide remontée dans les années 1950 à Alger, au cœur du tumulte. Haciane avait publié ses premiers livres à Alger à la Sned puis à l'Enal dans les années 1970 et 1980. Dalila Bellil, elle, signe un roman épistolaire. Deux cousines, l’un en France et l’autre en Kabylie, échangent, pendant les années 1990. Un double regard, à la fois sur l’Algérie et sur l’émigration.
Les éditions Les points sur les i ont publié deux ouvrages : 1954-1962 la guerre d’Algérie, portraits croisés, de Nadia Henni-Moulaï, et surtout les deux tomes autobiographique de Zohra Mahi, ancienne avocate à Alger. Le premier volume, Des intrus dans le jardin du bey, relate l’enfance jusqu’à l’indépendance, et le second, l’Aube était radieuse, la période jusqu’au temps présent.
Ce serait bien sûr faire injure que de ne pas citer les autres maisons d’édition comme Jean-Claude Lattès, qui publiera en janvier le nouveau roman d’Akli Tadjer, la Meilleure façon de s'aimer ; Payot qui a édité l'Arme secrète du FLN, de Matthew Connelly, sous-titré Comment de Gaulle a perdu la guerre d'Algérie, et Viols en temps de guerre, sous la direction de Raphaëlle Branche et Fabrice Virgili. La même maison a publié le très intéressant Algérie, 20 août 1955, de Claire Mauss-Copeaux. On pourra aussi citer les éditions Après la lune, qui entre autres publie cette fin d’année Camus dans le narguilé, de Hamid Grine. Il s’agit de l’édition française de son Parfum d’absynthe (Alpha). On relèvera aussi la parution de les Disparus civils européens de la guerre d'Algérie, Un silence d'Etat, de Jean-Jacques Jordi, aux éditions Soteca, et de Benjamin Stora, Algérie, 1954-1962, lettres, carnets et récits des Français et des Algériens dans la guerre, aux éditions Les arènes. Benjamin Stora est, au niveau éditorial algérien, l’homme de l’année en France puisqu’il a apposé son nom à plusieurs livres d’histoire. Il a particulièrement écrit avec Laurent Cabrun, RG contre FLN, La guerre de l'ombre, aux éditions Jacob-Duvernet, et surtout avec Renaud de Rochebrune, la Guerre d'Algérie vue par les Algériens, prévu en deux tomes chez Denoël. Dans ce domaine de l'histoire, une mention particulière à la Police algérienne et les Algériens, d'Emmanuel Blanchar, aux éditions Nouveau Monde. Les éditions Marines ont publié l'histoire des CRS en Algérie, et les éditions Presse universitaires de Rennes, Sous le régime du sabre, la gendarmerie en Algérie, 1830-1870. Dans les romans, on n’oubliera pas de citer les ouvrages Anouar Benmalek, Rachid Boudjedra (Hôtel Saint-Georges), Malika Mokeddem (la Désirante, chez Grasset), Nina Bouroui (Sauvage, Stok), Boualem Sansal (Rue Darwin, chez Gallimard), ou Maissa Bey aux éditions de l’Aube, Yasmina Khadra chez Gallimard, Kamel Daoud chez Sabine Wiespiesser, Mohamed Benchicou chez Michalon, Leila Sebbar chez Bleu autour.
Et quand on a énuméré cette liste, on n’a exploré qu’une infime partie de ce qui a été publié en 2011. L’an 2012 sera encore plus fourni.



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