Algérie

Plébiscite



Décidément, la diplomatie n?est jamais à court d?imagination. Elle sait recourir aux signes quand les mots viennent à manquer ou alors qu?ils n?ont pas la vigueur voulue. Cela s?est vérifié mercredi dernier quand l?Assemblée générale de l?ONU a longuement applaudi Kofi Annan. Là, on ne se félicitait pas d?un projet important, il est vrai. C?était comme un vote, par applaudissements comme cela se passe également. L?exact reflet d?un choix se fait toujours par rapport à une situation ou quelque chose de particulier. Un moment d?intense émotion, mais surtout de vérité, car il fallait bien crever un abcès et clore un chapitre malheureux qui frappait de suspicion l?ONU et son plus haut responsable. Le secrétaire général des Nations unies accusé par les Américains, même les plus en vue, de certains maux, avait besoin de ce geste qui constitue à la fois une reconnaissance pour son parcours à la tête de l?organisation mondiale et un cinglant démenti à tout ce qui se dit ou est suggéré à son sujet. Pour la petite histoire, il s?est même trouvé un élu américain qui a suggéré qu?il faudrait peut-être même l?envoyer en prison. Un palier supplémentaire dans cette accusation, en fait une campagne en règle qui demandait la démission de M. Annan après avoir été accusé de corruption. Kofi Annan a en vérité failli subir le sort de son prédécesseur en cherchant à assumer sa mission dans toute son étendue. Boutros Ghali, rappelle-t-on, avait rendu publiques les conclusions d?une enquête sur le massacre délibéré par Israël au Liban en 1996. Quant à Kofi Annan, il ne rate aucune occasion pour dire ce qu?il a toujours pensé de la guerre en Irak. C?est-à-dire qu?elle est illégitime et injuste. Ce que les Américains refusent d?entendre, eux qui sont à court d?arguments pour faire admettre ce que la diplomatie appelle un strict unilatéralisme, en contradiction avec la charte de l?ONU qui lui substitue le multilatéralisme. Une volonté réaffirmée avec vigueur par le projet de réforme engagée par Kofi Annan contre ceux qui entendent substituer la force au droit. Ce mercredi, la communauté internationale ne s?est pas contentée de défendre un homme, mais une doctrine et une vision bien précise des relations internationales.


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