Algérie

Plaque tournante du trafic de drogue



Plaque tournante du trafic de drogue
Deux trafiquants de résine de cannabis sont décédés au cours d'une course-poursuite avec une patrouille mobile de la Gendarmerie nationale, dans une localité de la daïra de Beni-Abbès, wilaya de Béchar. Il a été récupéré lors de cette opération dans un camion immatriculé dans la wilaya de Mascara, une quantité de 3,8 tonnes de kif traité. Ce qui a relancé sur l'insuffisance d'informations et de renseignements sur les activités criminelles.
Le plus souvent, un véhicule léger ouvre la route au camion chargé de drogue. Les chauffeurs des deux véhicules restent en contact par téléphones cellulaires qu'ils laissent actifs tant que la marchandise n'est pas arrivée à bon port. Les convoyeurs sont avertis en temps réel de tout mouvement des services de sécurité. La drogue arrive du royaume chérifien, c'est-à-dire du Maroc, à partir de la frontière ouest (Maghnia wilaya de Tlemcen) et sud- ouest du pays (El-Biodh et Mekmen, wilaya de Naâma), via Mascara. Elle arrive de nuit et est acheminée au petit matin dans les différentes wilayas du pays. Moralité de cette énième affaire, le trafic de drogue a de beaux jours devant lui. La wilaya de Mascara, principalement le chef-lieu, est devenue une terre d'élection d'investissement, notamment immobiliers, dont les véritables patrons dissimulent leur véritable trafic et leur identité derrière des sociétés écrans, à l'exemple des entreprises de construction et travaux publics, d'ailleurs, les plus prisées dans la wilaya de Mascara. Des fermes qui servent à l'entreposage de la drogue, des complexes agricoles et avicoles, des meuneries, des propriétés, des villas, appartements cousus acquis par des barons, ou, paraît-il, la plupart des magnats sont originaires des wilayas limitrophes, et dont la stratégie demeure le blanchiment d'argent dont certains hommes d'affaires et autres maçons bien en vue au niveau de la wilaya de Mascara, prend de départ avec des investissements immobiliers comme points d'ancrage. Ils font main basse sur divers secteurs d'activité, à l'exemple de ce qui se passe dans la zone industrielle, grâce à des complicités dans l'administration. L'argent de la drogue alimente la corruption. En matière de déontologie financière, dans un pays comme le nôtre, où il est encore possible de régler en espèces l'achat de célestes patrimoines, via l'argent de la contrebande qui se chiffre en milliards de dinars, où la drogue défile sans grand souci majeur. Il reste difficile d'accabler la passivité des services de sécurité chargés de la lutte contre la drogue et le crime organisé. En effet, depuis 1993, terrorisme aidant, le trafic de drogue acheminée à partir du Maroc ne se fait plus en petits paquets de 250 grammes, ni en quintaux mais en tonnes, c'est-à-dire en quantités quasiment industrielles, où les poids saisis font tourner les têtes. Par ailleurs, il faut dire que les garanties apportées jusqu'à présent en matière de sécurité apparaissent bien minces au regard des dangers potentiels. Certes, un contrôle aux frontières, officiellement fermées, demeure engagé pour éradiquer les petits trafiquants qui se poursuit de façon effective par des postes statiques et mobiles des différents services de sécurité. Mais il s'avère impossible de contrôler tous et tout vu les moyens dont disposent les agents concernés par la lutte contre la drogue. L'affaire des 3,8 tonnes de kif traité retrouvées dissimulées dans un camion aménagé immatriculé dans la wilaya de Mascara, chargé d'une cargaison de pommes de terre, qui s'est renversé suite à une course poursuite engagée par une patrouille mobile de la Gendarmerie nationale, et ce, tard dans la nuit de samedi à dimanche dernier, dans une zone désertique, territorialement compétente de la daïra de Beni-Abbès, relevant de la wilaya de Béchar, où deux convoyeurs qui étaient à bord du camion, natifs, selon les informations qui circulent, de la wilaya d'El-Oued, ont trouvé la mort. Les deux convoyeurs de cette importante quantité de drogue, qui sont enregistrés comme étant des commerçants en fruits et légumes au niveau du Centre national du registre du commerce de la wilaya de Mascara, vivotent des sociétés renardières, spécialisées dans la drogue. Pour rappel, une affaire similaire, rarissime, s'est produite avec une quantité de 50 tonnes de résine de cannabis dissimulées dans un camion immatriculé dans la wilaya de Tiaret, conduit par deux compères originaires de Takhemaret. L'enquête des services de la Gendarmerie nationale de Saïda se poursuit pour lever le voile sur cette affaire, qui parait-il, a des ramifications dans la wilaya de Mascara. La cargaison en question, qui était soigneusement cachée sous un tas d'oignons pourris pour détourner la vigilance des services de sécurité et des chiens renifleurs, sera interceptée par la gendarmerie nationale au lieudit Sidi-Amar, une localité dépendant de la wilaya de Saida. La technique est inédite. La quantité de 50 tonnes de résine de cannabis, comme l'affaire des 3,8 tonnes saisies à Beni-Abbès, paraît, à ce propos, des plus étranges, où de puissants barons, qui ont trouvé gîte et couvert dans la wilaya de Mascara, opèrent à visage découvert. De grosses légumes qui ont détourné des sommes astronomiques dans le cadre du Pndra, Fndra et autres sucreries de l'Etat- providence dans la wilaya de Mascara, via des chambres froides dispersées à travers le territoire de cette région agricole, se sont malheureusement reconverties en des lieux d'entreposage et dispatching de la drogue pour y être conduite à l'est du pays, précisément à Annaba via Timimoun, en passant par la localité de Ouled Saïd Datra, qui relève de la wilaya d'Adrar. Il est urgent que toute la lumière soit faite sur le véritable rôle des pseudo-propriétaires de chambres froides et autres fermes acquises à des sommes astronomiques dans le fonctionnement et prospérité des barons de la drogue, grâce à la complicité des cols blancs et dont le blanchiment d'argent sale ne fait pas vraiment partie des priorités du ghota politique dont la passivité a souvent des motifs sonnants et trébuchants. La corruption politique est une conséquence de cette gangrène nationale qui a éclaboussé la plupart de nos institutions. L'Algérie a ratifié les trois conventions de l'ONU de lutte contre le trafic illicite de stupéfiants, la corruption et la criminalité transnationale organisée. Ces problèmes croissants du trafic, qui sapent le développement et détruisent le capital humain et social, devront amener les décideurs de ce pays à revoir leurs copies.


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