Plantez des arbres, ce n'est pas grave !

Est-ce qu'il y a une relation entre le reboisement et le Covid-19 ' Certainement pas, sinon elle relèverait de la haute contorsion. Mais il y a certainement une relation entre l'arbre et la vie. Elle est même très solide, celle-là. Il y a l'oxygène, il y a le bois, il y a la chlorophylle, il y a l'ombre, il y a le fruit, il y a les couleurs et certainement d'autres choses encore que les gens ordinaires ne peuvent pas connaître. Est-ce qu'on peut penser à une « campagne de reboisement » en pleine crise de coronavirus ' Oui, on peut penser à tout, puisque la vie ne s'arrête pas. Ce serait le comble d'ailleurs de renoncer à la vie sous prétexte qu'on est en train de combattre la mort ! N'est-ce pas que l'arbre, c'est la vie ' Mais est-ce qu'on a le c?ur à planter des platanes, des caroubiers et des pins d'Alep quand « l'ambiance » est aux chiffres affolants des contaminations, à l'inquiétante nonchalance ambiante et aux nouvelles pas très rassurantes qui nous parviennent des hôpitaux ' Oui, on peut planter des arbres tout le temps, partout. Au fait, on a planté des arbres en pleine pandémie de coronavirus ou... après la vague d'incendies qui ont embrasé le pays ' Le Premier ministre qui était à Tipasa a dit un peu les deux. Il a certes insisté pour nous dire que cette campagne est une « réponse pacifique et civilisée » aux criminels qui ont voulu mettre l'Algérie en feu. On pensait que les pyromanes, on les mettait en prison quand ils mettent le feu à dessein ou dans un asile quand leurs actes relèvent de pulsions cliniques. On ne les associe pas, même par une « réponse » à un mouvement de la vie. Mais bon, les vieilles habitudes, les vieilles formules de la communication officielle ont la peau dure. Mais Djerad a quand même parlé du Covid-19 dans la foulée, a minima. Normal, hier, il était plus question de vie que de mort. D'ailleurs, les autorités qui étaient hier « mobilisées », comme on peut aisément le deviner, devraient plus souvent initier des opérations du genre. D'abord parce que d'une « journée de reboisement », il restera toujours quelque chose d'utile, quoi qu'on dise. S'il est vrai que la vue des chefs de daïra paradant au milieu des scouts pour accompagner un arbuste vers son trou est toujours insupportable, il n'en demeure pas moins que dans quelques années, il subsistera quelques peupliers ou muriers utiles à l'environnement. Et puis ce doit être l'une des rares actions que les Algériens ne peuvent pas vraiment reprocher à leurs gouvernants. Les autres, elles sont dans le meilleur des cas accompagnées de scepticisme, dans le pire, on se demande... à qui l'entreprise allait profiter, l'utilité publique étant depuis longtemps une vue de l'esprit. Ceci dit, il faut planter des arbres, partout, tout le temps. Même à l'appel des gouvernants ou leurs satellites, ce n'est pas... grave. Plantez des arbres !S. L.