Planète - Une espèce d’oiseau continental probablement éteinte pour la première fois en Europe

BIODIVERSITÉ • Classé en danger critique, le courlis à bec grêlé n’a plus été observé avec certitude depuis 1995

- L'essentiel

. Selon une étude scientifique, le courlis à bec grêle a probablement disparu, son dernier signalement remontant à 1995.

. Il s’agirait selon la Ligue de la protection des oiseaux de la première extinction continentale d’oiseau en Europe.

. «Elle pourrait inaugurer une longue série macabre si nous n’agissons pas», alerte Allain Bougrain-Dubourg, président de la LPO.

Il n’a plus été aperçu avec certitude depuis 1995 au Maroc malgré de larges recherches menées depuis. Oiseau migrateur, le courlis à bec grêle a probablement disparu selon une étude scientifique publiée le 17 novembre dans la revue ornithologique IBIS qui estime à 96 % la probabilité que l’espèce soit désormais éteinte. «Jamais une espèce continentale d’oiseau n’avait été déclarée éteinte dans le Paléarctique occidental, qui couvre l’Europe, l’Afrique du Nord et une partie de l’Asie», s’alarme la Ligue de protection des oiseaux (LPO), évoquant «une première extrêmement préoccupante».

Oiseau au plumage clair et au long bec fin courbé, le courlis à bec grêle était autrefois une espèce très répandue dans les zones humides d’Europe et d’Asie centrale. Ce grand migrateur nichait en Sibérie et en Finlande avant d’hiverner sur les côtes méditerranéennes. Mais en raison de la perte de son habitat causée par l’agriculture intensive et le drainage des zones humides, sa population a décliné rapidement au XXe siècle.

- Son dernier signalement en France remonte à 1968

En France, son dernier signalement remonte ainsi au 15 février 1968 en baie de l’Aiguillon en Vendée. Et depuis 1995, aucun ornithologue n’a vu la trace de cet oiseau qui est sur la dernière liste rouge de l’Union internationale pour la conservation de la nature, classé en danger critique. «Plusieurs expéditions, des centaines de milliers de kilomètres carrés fouillés» et au final, «rien malheureusement», déclare Alex Bond, conservateur en chef au Natural History Museum de Londres, dans un article de la RSPB britannique (société royale pour la protection des oiseaux).

«Il est crucial de bien mesurer l’importance du signal d’alarme que représente l’extinction du courlis à bec grêle, car elle pourrait inaugurer une longue série macabre si nous n’agissons pas», a réagi dans un communiqué Allain Bougrain-Dubourg, président de la LPO.






Photo: Le courlis a bec grêle n'a plus été aperçu avec certitude depuis 1995 au Maroc. - Leemage via AFP

Jérôme Gicquel