L’arrêté ministériel portant création d’un réseau national d’observateurs ornithologues signé en le 2 août 2011 vient enfin de paraître dans le JO n°14 du 7 mars 2012. Une vieille histoire.
Les oiseaux bougent beaucoup, c’est connu. Ils sont en déplacement perpétuel et parcourent de très longues distances pour la plupart des espèces. En fait, ce sont les espèces sédentaires qui font l’exception de l’avifaune. La migration vient d’une époque de l’histoire de la Terre où l’homme n’était pas encore là et où les oiseaux pouvaient à la fois se nourrir et se reproduire dans l’aire où ils sont apparus à la suite des dinosaures, il y a environ 150 millions d’années. Puis, quelques dizaines de millions d’années plus tard, la dérive des continents a progressivement éloigné ces aires les unes des autres et les oiseaux ont dû s’adapter et voler de plus en plus loin. Pour mieux protéger les oiseaux, comme pour tous les autres êtres vivants d’ailleurs, on a besoin de connaître le moindre détail de leur biologie. Cela exige qu’on les suive donc le long des voies de migration, à travers les pays, les régions et les continents. Ce qui demande un minimum d’organisation.
Les réseaux d’observateurs modernes ont commencé à voir le jour en Europe du Nord à la fin du XVIIIe siècle. Aujourd’hui, ce sont des organisations internationales de statut privé qui ont intégré des Etats et des gouvernements. Mais ce n’est pas pour cette raison que c’est une vielle histoire chez nous. En effet, c’est en 1985 qu’on a tenté, pour la première fois, de mettre en place en Algérie un réseau d’observateurs permanents, sur sites, pour compter les oiseaux et faire des observations sur leurs activités et disposer ainsi d’informations capitales sur la santé des milieux qu’ils fréquentent, car ce sont d’excellents indicateurs écologiques. Lors d’un séminaire au parc zoologique de Ben Aknoun (Alger), trois personnes ont décidé de lancer une formation pour les besoins de ce réseau.
Les stages se sont déroulés à El Kala entre 1986 et 1990. Les participants étaient des agents forestiers, des universitaires et des étrangers venus des pays africains - certains sont aujourd’hui directeurs de grands Parcs nationaux dans leurs pays - car le stage avait été homologué et reconnu de très bon niveau par le Biroe - aujourd’hui Wetlands international - la convention Ramsar et l’UICN. C’est quand il a pris cette dimension internationale que l’initiative a été récupérée par le ministère pour disparaître définitivement. Cependant, le dénombrement annuel, important sur le plan régional mais insignifiant sur le plan national, continuait à se faire de manière systématique comme à ses débuts dans la deuxième moitié des années 1970 avec quelques éléments de l’Institut national d’agronomie.
L’arrêté ministériel place le Réseau d’observateurs ornithologues sous la coupe de la Direction générale de forêts avec ses représentants, ceux d’institutions de droit public ou privé et des d’ornithologues professionnels ou amateurs. Il dispose d’un budget. On a le cadre, en fait réclamé par les organisations internationales, c’est-à-dire le contenant, reste à trouver le contenu. Ce qui fait dire aux mauvaises langues qu’il faut commencer par compter les ornithologues avérés.
Slim Sadki
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Posté Le : 07/04/2012
Posté par : akarENVIRONNEMENT
Ecrit par : Slim Sadki
Source : El Watan.com du vendredi 6 avril 2012