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Planète - Un quart de l’humanité est en situation de stress hydrique: Les besoins en eau, source de tensions dans le monde



Planète - Un quart de l’humanité est en situation de stress hydrique: Les besoins en eau, source de tensions dans le monde


L’eau potable est devenue un enjeu stratégique de plus en plus majeur, entre la raréfaction, l’inégale répartition des ressources et la pollution par l’industrie et l’agriculture.

La répartition des eaux d’un lac ou d’un fleuve demeure un sujet de fortes tensions dans certaines régions du globe. Dernier exemple en date, le projet éthiopien de méga-barrage sur le Nil bleu suscite des tensions régionales, notamment avec l’Egypte qui dépend à 97% du fleuve pour son approvisionnement en eau.

La tension est montée ces derniers temps entre le Soudan, l’Ethiopie et l’Egypte, alors que l’Éthiopie avait annoncé son intention de procéder au remplissage du réservoir du Grand barrage de la Renaissance (Gerd), après l’échec de négociations tripartites. L’Egypte, qui considère ce projet comme une menace «existentielle», a appelé récemment le Conseil de sécurité à intervenir. Si l’Ethiopie voit le barrage de 145 mètres de haut comme essentiel à son développement et à son électrification, le Soudan et l’Egypte craignent qu’il ne restreigne leur accès à l’eau. Finalement, la présidence égyptienne a annoncé récemment que l’Egypte, l’Ethiopie et le Soudan s’étaient entendus pour reporter la mise en eau d’un gigantesque barrage construit par l’Ethiopie sur le Nil.

Cette avancée est survenue après une réunion en urgence et en visioconférence du conseil exécutif de l’Union africaine, présidée par le chef de l’Etat sud-africain, Cyril Ramaphosa. Aujourd’hui, des centaines d’accords internationaux sur l’eau font l’objet de pressions et de tensions à travers le globe.

«La Chine, l’Inde et le Bangladesh s’opposent dans un différend sur le Brahmapoutre, l’un des plus grands fleuves d’Asie. La Chine et l’Inde participent activement à la construction de barrages qui suscitent des craintes de déviation de l’eau. Le gouvernement de l’Inde utilise l’eau de la déviation pour punir le Pakistan contre ses attaques terroristes», a relevé Jayati Ghosh, professeur d’économie à l’université Jawaharlal Nehru, à New Delhi, dans une contribution publiée en 2019 dans un média français.

«Les conflits transfrontaliers ne sont que le début. Les tensions liées à l’eau sont également en augmentation dans les pays en développement, entre les communautés rurales et urbaines et entre les secteurs agricole, industriel et les ménages», a-t-elle ajouté.

La rareté de l’eau a déclenché des conflits dans certaines régions de l’Afrique orientale, comme le Kenya, qui a par le passé connu des affrontements tribaux pour son accès à l’eau, selon Jayati Ghosh.

«En fait, il y a une longue histoire de conflits sur les ressources en eau de plusieurs rivières importantes, notamment le Nil, l’Amazone, le Mékong et le Danube. Mais la gravité et la fréquence de ces conflits sont en hausse, car le changement climatique altère les schémas de précipitations, ce qui conduit à des sécheresses et à des inondations plus fréquentes, plus intenses et plus longues», a -t-elle encore souligné.

Un rapport de l’ONU constatait, en 2019, une hausse significative des conflits liés à l’eau. Entre 2000 et 2009, on en recensait 94. Entre 2010 et 2018, ce chiffre s’élevait à 263.

. Stress hydrique

La multiplication des conflits liés à l’eau intervient dans un contexte de raréfaction de l’eau dans certaines régions du monde. Près d’un quart de la population mondiale, vivant dans dix-sept pays, est en situation de «stress hydrique très grave», proche du «jour zéro» lors duquel plus aucune eau ne sortira du robinet, selon un rapport rendu public en 2019 par le World Ressources Institute (WRI – Institut des ressources mondiales). Le stress hydrique – autrement dit, une ressource insuffisante pour répondre aux différentes activités humaines et aux besoins de l’environnement – commence lorsque la disponibilité en eau est inférieure à 1.700 mètres cubes par an et par personne.

Quasi les trois quarts des habitants des pays arabes vivent en dessous du seuil de pénurie établi, lui, à 1.000 mètres cubes (m3) par an, et près de la moitié se trouve dans une situation extrême avec moins de 500 m3, en Egypte, en Libye notamment. De fait, dans dix-sept pays – le Qatar, Israël, le Liban, l’Iran, la Jordanie, la Libye, le Koweït, l’Arabie Saoudite, l’Erythrée, les Emirats arabes unis, Saint Marin, Bahreïn, le Pakistan, le Turkménistan, Oman, le Botswana et l’Inde – «l’agriculture, l’industrie, et les municipalités absorbent 80% de la surface disponible et des eaux souterraines lors d’une année moyenne», écrit l’institut.

«La pénurie en eau est la plus grande crise dont personne ne parle. Ses conséquences prennent la forme d’insécurité alimentaire, de conflits, de migrations, et d’instabilité financière», a déclaré Andrew Steer, PDG du WRI.

«Lorsque la demande rivalise avec les réserves, même de petits épisodes de sécheresse – qui vont augmenter avec le changement climatique peuvent provoquer de terribles conséquences», comme l’ont montré les récentes crises à Cape Town (Afrique du Sud), Sao Paulo (Brésil) ou Chennai (Inde), a détaillé l’institut.

En 2015, l’Organisation des Nations unies avait expliqué dans son rapport annuel qu’au rythme actuel «le monde devrait faire face à un déficit hydrique global de 40%» dès 2030.



Photo: Ethiopie : 56 millions de dollars de la diaspora pour le barrage de la Renaissance (Gerd) photo : D. R.

Hocine Lamriben


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