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Planète - Trois COP en un mois… Y a-t-il trop de sommets pour la planète ?



Planète - Trois COP en un mois… Y a-t-il trop de sommets pour la planète ?


La succession des COP biodiversité, climat et désertification n’a pas permis d’aboutir à des accords ambitieux. Mais les liens entre ces trois enjeux sont désormais mieux établis, au sein des négociations internationales.

Un marathon diplomatique pour la planète. Après la COP16 sur la biodiversité en Colombie, en octobre, la COP29 pour le climat en Azerbaïdjan et les négociations contre la pollution plastique en Corée du Sud, en novembre, la COP16 sur la désertification se tient jusqu’au 13 décembre à Riyad, en Arabie saoudite.

Moins connue du grand public que les deux conventions sur le climat et la biodiversité, la Convention des Nations unies sur la lutte contre la désertification (CNULCD) est comme elles issue du Sommet de la Terre de Rio de 1992. Elle doit répondre à l’urgence de la dégradation des sols causée par les sécheresses et les activités humaines (agriculture intensive, déforestation, urbanisation…).

Contrairement à la COP sur le climat organisée chaque année, celles dédiées à la biodiversité et à la désertification ont lieu tous les deux ans. Hasard du calendrier, cet automne, les trois conférences se sont succédé les unes à la suite des autres. De quoi «mettre un coup de projecteur sur la COP16 désertification», se réjouit Patrice Burger, président du Cari, association qui lutte contre la désertification au Sahel, et présent aux négociations à Riyad.

- Des négociations menées séparément

Longtemps réduit aux pays du Sud, «le sujet revient de plus en plus dans les négociations internationales. Les pays occidentaux s’en saisissent davantage, car ils y sont désormais confrontés», constate Patrice Burger. Pour la première fois à Riyad, la France a reconnu être aussi concernée par le phénomène. Selon l’Organisation des Nations unies (ONU), les zones arides s’étendent désormais sur 40,6% des terres émergées, Antarctique exclu. Sous l’effet du dérèglement climatique, entre 1990 et 2020, 4,3 millions de kilomètres carrés de terres humides sont devenues des terres arides. Soit une surface plus grande que l’Inde. Si on continue à ce rythme, jusqu’à 5 milliards de personnes pourraient vivre dans des zones arides en 2100.

Si l’enchaînement des trois COP a donné de la visibilité à celle sur la désertification et fait monter la pression sur les négociateurs en raison d’une plus grande couverture médiatique, cela n’a pas permis d’obtenir des succès ni pour le climat ni pour la biodiversité. «C’est dommage, ces trois COP à la suite auraient pu créer une belle dynamique», déplore Marie Cosquer, analyste plaidoyer systèmes alimentaires et crise climatique chez Action contre la faim.

«Aucun sommet ne réunit les trois enjeux»

Hormis le hasard du calendrier cette année, climat, biodiversité et dégradation des sols sont traités séparément dans les négociations diplomatiques internationales. «Au-delà des grands discours, aucun sommet ne réunit les trois enjeux, et à chaque COP, ce sont des experts et négociateurs différents qui se rassemblent», dit Marie Cosquer. Et durant les COP sur le climat, lorsque les États présentent leur feuille de route pour réduire leurs émissions de CO2, «beaucoup n’y intègrent pas les questions de biodiversité».

Or les trois sont intrinsèquement liés. «On ne pourra pas rester sous les 1,5 °C de réchauffement si l’on n’enraye pas le déclin de la biodiversité et qu’on ne lutte pas contre la dégradation des sols», rappelle-t-elle. Restaurer un sol permet de reconstituer la biodiversité souterraine, améliorant ainsi le stockage du carbone et limitant les conséquences des gaz à effets de serre.

De plus, développer la synergie entre climat, biodiversité et désertification réduirait le risque de prendre des mesures favorables pour l’un, mais néfastes pour l’autre. Par exemple, les forêts artificielles composées d’une seule variété sur des territoires inadaptés peuvent nuire à la biodiversité et au climat. «Elles stockent moins de carbone que les forêts naturelles et diverses, sont moins résistantes aux risques naturels, aux maladies, et mettent en péril la biodiversité… Dans certains cas, il s’agit même de projets qui mènent à l’accaparement de terres normalement contrôlées par des paysans, ou de peuples autochtones.»

- Vers plus de synergie

Les choses vont toutefois dans le bon sens. «Lorsque j’ai participé à la COP15 pour le climat à Copenhague, en 2009, les gens me prenaient pour un ovni lorsque je disais que je travaillais sur la désertification. Ce n’est plus le cas. Depuis trois ans, la question des terres est évoquée pendant la COP climat», raconte Patrice Burger.

Un premier pas vers plus de synergie a été franchi lors de la COP16, en Colombie: «Les négociateurs ont créé un groupe de travail chargé d’approfondir la cohérence politique entre les trois COP, on attend cela depuis longtemps», dit Marie Cosquer. Reste à savoir si la société civile sera vraiment incluse et comment le travail sera structuré. «Ce sont aux États et ONG de faire des propositions qui seront ensuite reprises par les secrétariats des trois COP», précise la chargée de plaidoyer. Ce nouveau groupe de travail devrait être effectif d’ici à la prochaine COP climat à Bélem, au Brésil, en 2025.

L’événement suscite beaucoup d’espoir de la part d’ONG, des peuples autochtones et syndicats brésiliens. Les dernières COP se sont en effet tenues dans des pays autoritaires, et si la COP16 biodiversité a ouvert un espace au public, celui-ci «n’a pas permis aux représentants de la société civile de se faire entendre. Ce ne sera pas le cas au Brésil, avec une COP alternative [la COP30 des peuples] en préparation», croit Marie Cosquer.

Puisque climat, biodiversité et dégradation des sols sont liés, pourquoi ne pas fusionner les trois COP? Une mauvaise idée, selon Philippe Grandcolas, écologue biologiste au CNRS présent à la COP15 biodiversité de Montréal, en 2022: «Chaque COP recouvre déjà une quantité gigantesque de sujets à aborder, une seule et même COP risquerait de faire passer trop de décisions importantes à la trappe.»





Photo: Les décideurs arrivent à la COP16 sur la désertification à Riyad, en Arabie saoudite, le 2 décembre 2024. - © AFP / Fayez Nureldine

Par Jeanne Cassard




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