Partie de pêche au plastique dans la Mare Nostrum: la goélette océanographique Tara, après un audacieux tour de l’Arctique en 2013, met le cap sur la Méditerranée pour y traquer la matière synthétique non biodégradable rejetée par l’homme.
Cette nouvelle expédition que vont entreprendre les marins et scientifiques du deux mâts va les conduire d’avril à décembre, en 17 étapes et 10 pays, d’ouest en est et du nord au sud du bassin méditerranéen.
Une zone d’étude particulièrement riche: la Méditerranée abrite 8% de la biologie marine de la planète. Par ailleurs, si elle ne constitue que 1% de la surface totale des mers et océans du globe, la Mare Nostrum (notre mer) des Romains, quasi fermée, concentre près du quart du trafic maritime mondial.
De Barcelone à Beyrouth, de Gênes à Sidi Bou Saïd ou Tanger, Tara va parcourir 16. 000 km à la recherche de ces micro-fragments de plastique dont le nombre, selon l’Union européenne, est estimé à 250 milliards.
«Ce plastique flottant charrié par les grands fleuves qui se jettent en Méditerranée est devenu une composante de son écosystème qui influence la chimie de la mer», explique à l’AFP le docteur Gaby Gorsky, responsable scientifique de la mission et directeur de l’Observatoire océanographique de Villefranche-sur-mer.
«Lors d’une cinquantaine de stations de prélèvement au moyen de filets spéciaux, notamment à proximité des grandes agglomérations et des embouchures des grands fleuves, nous allons récolter des échantillons de ces micro-particules (entre 1/3 de millimètre et 5 cm) qui colonisent la communauté microbienne et entrent désormais dans la chaîne alimentaire marine — donc dans notre assiette — avec des conséquences mal connues», ajoute-t-il.
Cette mission «dans la continuité du temps et de l’espace parcouru devra permettre, en mettant à contribution les techniques pointues d’imagerie et la chimie des micro-organismes, d’obtenir une vue synoptique (d’ensemble) de la composition des écosystèmes méditerranéens en contact avec ces fragments de plastique flottant», conclut-il.
Tara accueille en permanence à bord deux scientifiques en charge des protocoles de mise en œuvre des prélèvements. Mais ce sont en tout, sur mer et à terre, une soixantaine de chercheurs de plusieurs laboratoires et institutions scientifiques françaises et internationales (CNRS, Ifremer, université du Michigan...) qui seront mobilisés pendant cette mission, puis par les analyses des échantillons récoltés.
Une exposition itinérante consacrée à l’océan et au climat sera également organisée dans les principales escales.
Pour Etienne Bourgois, propriétaire de la goélette et patron de Tara Expéditions, «cette nouvelle mission a également pour objectif de promouvoir le développement des ‘‘Aires marines protégées’’ (AMP) dans les différents pays abordés».
«La pollution en Méditerranée a considérablement augmenté au gré du développement démographique. De 1970 à 2000, la rive nord du bassin a compté 10 millions d’habitants supplémentaires, et ce nombre est à multiplier par 3 concernant les côtes est et sud», souligne-t-il.
Des chiffres énormes face auxquels l’écosystème souffre chaque jour un peu plus.
«L’eau met un siècle pour se renouveler et les mesures de protection de la Grande bleue doivent être rapidement multipliées», martèle le marin.
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Posté Le : 17/03/2014
Posté par : akarENVIRONNEMENT
Photographié par : Photo et texte: non précisé
Source : El Watan.com du dimanche 16 mars 2014