Planète - Réchauffement climatique: il va faire trop chaud pour travailler

Les heures de travail perdues à cause des vagues de chaleur et de l’humidité augmentent dans le monde. Une étude les chiffre à 677 milliards par an, sur la dernière décennie. En hausse de 9 % par rapport aux années 1980.

Des canicules affectent actuellement l’Hémisphère sud. Les thermomètres s’affolent en Australie, avec un record historique à 50,7 °C ce jeudi 13 janvier 2022 et en Argentine: 41,1 °C mardi, dans la capitale Buenos Aires. Il fait un temps à ne pas mettre un maçon dehors, ni un éleveur de bétail.

Il fait tout simplement trop chaud pour travailler en extérieur. Cela ne va pas s’arranger avec le réchauffement climatique global et son corollaire: une multiplication des épisodes de chaleur extrême aggravée par l’humidité. La productivité mondiale en souffre et plus sévèrement lors de cette dernière décennie, selon une équipe internationale de chercheurs.

- L’équivalent de 148 millions de temps plein perdus

Dans leur étude publiée jeudi 13 janvier, dans la revue scientifique Environmental Research Letter, ils estiment que l’exposition à une chaleur humide élevée est associée à environ 677 milliards d’heures de travail perdues par an ​sur la période 2001-2020, résume l’Américain Luke Parsons, de l’université de Durham (Caroline du Nord). C’est l’équivalent de 148 millions d’emplois à temps plein en moins. Et 9 % de plus qu’il y a quarante ans.

Les chercheurs recommandent de prendre leurs chiffres avec le recul nécessaire: il s’agit d’une évaluation. Elle repose sur un croisement savant de données sur les températures supportables pour l’organisme humain et celles agrégées par la Plateforme internationale des conséquences du changement climatique sur la santé publique, hébergée par sur le site de la célèbre revue médicale The Lancet. Mais cette évaluation montre de façon certaine une augmentation inquiétante de la perte de main-d’œuvre et de productivité dans le monde.

- La Californie est passée à l’agriculture de nuit

Ces pertes sont particulièrement importantes dans les tropiques asiatiques, en Inde surtout. Elle y sont estimées à 149 milliards de dollars par an, soit 7 % du Produit intérieur brut indien. Suivent le Vietnam ou le Bangladesh avec 5 %. C’est environ 1,3 % pour la Chine et 0,1 % pour la France.

La plupart des professions s’adaptent déjà, en déplaçant les heures de travail, avec des chantiers de nuit dans la construction, plus fréquents en France, depuis la canicule de 2003. En Californie, il fait si chaud en été que les récoltes de fruits sont devenues impossibles en journée. L’État a dû légiférer en 2020 sur le travail de nuit dans l’agriculture, après une multiplication des accidents dans le noir…



Photo: Avec le réchauffement climatique, il va faire de plus en plus chaud. Le travail en extérieur (ici un chantier sous canicule à Rennes, en Bretagne) est déjà impossible une partie de l’été dans de nombreux pays. OUEST FRANCE/ARCHIVES

Ouest-France / Christelle GUIBERT.