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Planète - Rapport du Giec: Une responsabilité «sans équivoque» de l’homme dans le changement climatique



Planète - Rapport du Giec: Une responsabilité «sans équivoque» de l’homme dans le changement climatique


RAPPORT: Le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat publie ce lundi la première des trois parties de son rapport d’évaluation. Ce premier volet fait la mise à jour de l’état de nos connaissances sur le climat. Les conclusions sont hélas sans appel

. Voilà sept ans que le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (Giec) n’avait pas fait son travail de mise à jour des connaissances scientifiques sur le changement climatique.

. C’est chose faite ce lundi avec la publication d’un rapport de plusieurs milliers de pages. Au total, 234 auteurs de 66 pays ont participé à l’élaboration de ce nouveau rapport. Ils ont synthétisé plus de 14.000 études scientifiques et répondu à 78.000 commentaires de leurs pairs et des gouvernements.

. Il ne s'agit que du premier des trois volets du rapport d’évaluation que s’apprête à publier le Giec. Le rapport final, reprenant les trois parties, est lui attendu à l’automne 2022.

«Ce rapport fournit le condensé le plus complet de la compréhension de l’état actuel du climat, y compris son évolution, le rôle de l’influence de l’homme, l’état des connaissances sur les futurs possibles du climat», indique en préambule le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat.

Voilà sept années que le Giec, placé sous mandat de l’ONU, n’avait pas fait ce travail de mise à jour des connaissances scientifiques sur les systèmes climatiques et le changement climatique. C’est chose faite ce lundi avec la publication d’un rapport de plusieurs milliers de pages, ramené à 42 pour son «résumé pour décideurs». Cette synthèse, que le Giec réalise pour chacune de ses publications à l’intention des dirigeants politiques, a été discutée, ligne par ligne, par les 195 Etats membres des Conférences des parties (COP) sur les changements climatiques ces quinze derniers jours, avant d’être approuvé vendredi dernier. De quoi donner une forte légitimité à ce rapport à moins de cent jours de la COP26 de Glasgow, en Ecosse, qui s’annonce cruciale.

- Le socle du reste du rapport d’évaluation ?

Au total, 234 auteurs de 66 pays ont participé à l’élaboration de ce nouveau rapport. Ils ont synthétisé plus de 14.000 études scientifiques et répondu à 78.000 commentaires de leurs pairs et des gouvernements. Un travail au long cours donc et qui ne constitue que le premier des trois volets du rapport d’évaluation que s’apprête à publier le Giec. Son sixième depuis sa création, en 1988. Les deux autres volets? Ils suivront en février et en mars prochain, l’un sur les impacts et les adaptations au changement climatique, l’autre axé sur les solutions à apporter. Le rapport final, reprenant les trois parties, est lui attendu à l’automne 2022.

Ce premier rapport, publié ce lundi, lance donc le mouvement, en faisant cette grande mise à jour des connaissances scientifiques sur l’évolution du climat. Le socle du reste de l’évaluation? «Nous avons désormais une image beaucoup plus claire du climat passé, présent et futur, explique la climatologue française Valérie Masson-Delmotte, coprésidente du groupe 1 du Giec. C'est essentiel pour comprendre où nous allons, ce qui peut être fait et comment nous pouvons nous préparer »

- «Des concentrations de CO2 à un niveau inégalé depuis 2 millions d'années»

Et ce premier volet presse la communauté internationale d’agir contre le changement climatique, tant les constats sont alarmants et sont dressés par les auteurs avec un fort degré de confiance. «L’ampleur des changements récents observée sur le système climatique est sans précédent depuis des siècles voire, parfois, des millénaires», pointe ainsi le Giec.

C’est le cas notamment des concentrations de gaz à effet de serre dans l’atmosphère. «En 2019, les concentrations atmosphériques de CO2, principal gaz à effet de serre ont atteint 410 parties par million (ppm), un niveau inégalé depuis au moins deux millions d’années», indique le Giec. Même constat pour les concentrations de méthane et de protoxyde d’azote. «En 2019, elles étaient plus élevées qu’à tout autre moment depuis au moins 800.000 ans», indique le Giec.

Les conséquences se font sentir. Le Giec en établit la liste, en commençant par la température de surface globale. Celle-ci «a augmenté plus rapidement depuis 1970 qu’au cours de toute autre période de 50 ans sur les 2.000 dernières années». «Chacune des quatre dernières décennies a été successivement la plus chaude enregistrée depuis 1850 », ajoute le rapport.

Les changements ne s’observent pas seulement au niveau des températures. Sur la décennie 2011-2020, la superficie moyenne annuelle de la banquise arctique a atteint son plus bas niveau depuis au moins 1850. A la fin de l’été dernier, elle n’avait jamais été aussi basse à cette période de l’année au cours des 1.000 dernières années au moins, précise le Giec. L’élévation moyenne du niveau de la mer n’est pas plus rassurante. «Elle a augmenté plus rapidement depuis 1900 qu’au cours de tout siècle précédent au moins au cours des trois derniers millénaires, poursuit le Giec.

- Une responsabilité «sans équivoque» de l’homme

Ce rapport ne dresse pas seulement ces constats. Il s’est aussi penché sur les causes de ce changement climatique. La progression de la science climatique sur les sept dernières années permet là encore au Giec de prendre moins de pincettes. Pour rappel, dans son cinquième et dernier rapport d’évaluation, en 2014, le Giec parlait d’une influence «claire» des activités humaines sur le changement climatique. «Les augmentations observées des concentrations de gaz à effet de serre depuis environ 1750 sont, sans équivoque, causées par les activités humaines», écrit-il désormais. Le rapport estime que les émissions de gaz à effet de serre provenant des activités humaines sont responsables d’environ 1,1°C de réchauffement depuis 1850-1900.

L’augmentation des précipitations moyennes mondiales au-dessus des terres depuis 1950, la salinité des océans, le recul global des glaciers depuis les années 1990, la diminution de la superficie de la banquise arctique, la diminution de la couverture neigeuse dans l’hémisphère nord depuis 1950, le réchauffement de la couche supérieure des océans (entre 0 et 700 mètres)… Pour toutes ces évolutions, là encore, le Giec estime très probable que l’homme, par ses activités, en soit la principale cause.

- Le seuil du 1.5°C atteint plus tôt que prévu

Dans ce rapport, les auteurs du Giec dressent aussi cinq scénarios d’émissions de gaz à effet de serre pour le futur, qui varient en fonction des niveaux d’émissions de gaz à effet de serre pris en compte. Mais quelle que soit la direction prise, la température globale continuera d’augmenter jusqu’au moins la moitié du siècle, anticipe le Giec. Le seuil de 1,5°C de réchauffement par rapport à l'ère industrielle sera atteint avant 2040, soit plus tôt que les estimations des experts dans le précédent rapport. Et le seuil des 2 °C aurait lieu au milieu du siècle dans les trois scénarios les plus émetteurs, ce qui signerait l’échec de l'Accord de Paris sur le climat et son objectif de limiter le réchauffement «bien en deçà' de 2°C, si possible 1,5°C».

Un tel réchauffement planétaire global aura des conséquences dans toutes les régions, prévient le Giec. Notamment sur la hausse des événements extrêmes. Soit des canicules plus fréquentes, mais aussi des saisons chaudes plus longues et des saisons froides plus courtes. «A 2°C de réchauffement climatique, les chaleurs extrêmes atteindraient plus souvent le seuil de tolérance critique pour l’agriculture et la santé», indique le rapport. Et ce changement climatique n’est pas qu’une question de température, insiste le rapport. Il aura aussi pour effet d’augmenter les précipitations -associées à des inondations- dans certains régions, de même que d’augmenter les épisodes de sécheresse intense dans d’autres. Autre crainte du Giec: «les zones côtières connaîtront une élévation continue du niveau de la mer tout au long du 21e siècle, ce qui contribuera à inondations côtières plus fréquentes et plus graves».



Photo: Une banquise qui fond. Illustration. — Taken

Fabrice Pouliquen


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