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Planète - Quatorze pays s'engagent dans une vaste initiative pour protéger les océans



Planète - Quatorze pays s'engagent dans une vaste initiative pour protéger les océans


Les dirigeants de quatorze pays dont le Canada, la Norvège et le Portugal ont présenté un nouveau programme d'action pour protéger les océans. Parmi les objectifs fixés, ils se sont engagés à gérer durablement l’intégralité de leurs eaux nationales d’ici 2025.

Quelques semaines après la création de l'un des plus vastes sanctuaires marins au monde, c'est une autre bonne nouvelle pour les océans qui vient d'être annoncée. Les dirigeants de quatorze pays dont le Canada et la Norvège ont décidé de réaliser une avancée majeure vers la protection de ces écosystèmes précieux.

Réunis sous le Panel océanique, ils ont dévoilé un vaste programme d’action visant à préserver la santé des océans et encourager une exploitation durable de leurs ressources. Parmi les mesures présentées, les dirigeants se sont engagés à gérer durablement 100% de leurs eaux nationales d'ici 2025.

Si l'initiative est si importante, c'est que les quatorze pays - la Norvège, l'Australie, le Canada, le Chili, les Fidji, le Ghana, l’Indonésie, la Jamaïque, le Japon, le Kenya, le Mexique, la Namibie, le Portugal et les Palaos - occupent une place cruciale puisqu'ils rassemblent 40% des zones côtières mondiales.

Ces mêmes nations contrôlent également 30% des zones économiques exclusives de la planète. Soit une surface de 30 millions de kilomètres carrés équivalant à peu près la taille du continent africain. Elles gèrent en outre 20% des pêcheries mondiales et 20% de la flotte marchande.

- 74 actions prioritaires pour les océans

"Le bien-être de l’humanité est étroitement lié à la santé de l’océan. L’océan nous nourrit, stabilise le climat et conduit à une plus grande prospérité", a déclaré dans un communiqué Erna Solberg, Première ministre de Norvège et co-présidente du Panel.

C'est elle qui a pris l'initiative en 2018 de créer le Panel international de haut niveau sur la construction d'une économie maritime durable (ou Panel océanique) et d'y inviter plusieurs Etats côtiers. "Pendant trop longtemps, nous avons pensé qu’il existait un faux choix entre la protection et la production des océans. Plus maintenant", a-t-elle poursuivi.

Outre l'engagement pris pour leurs propres eaux, les différents Etats se sont engagés à contribuer à l'objectif mondial de protection de 30% de l'océan d'ici à 2030. Ils ont également dressé, à travers leur rapport, une liste de 74 actions prioritaires soutenues par des études scientifiques et réparties en cinq domaines tels que la richesse et l'équité océaniques.

Parmi les mesures proposées vis-à-vis des pêcheries, figurent ainsi l'élimination de la pêche illégale, non déclarée et non réglementée, l'interdiction des "subventions de pêche délétères", la minimisation des prises accessoires et les rejets ou encore la mise en oeuvre de plans scientifiques pour "reconstituer les stocks épuisés".

Le Panel propose aussi des actions en vue de réduire les émissions de gaz à effet de serre "conformément à l’objectif de l’Accord de Paris", améliorer l'état des écosystèmes tels que les mangroves, les marais salants et les récifs ou encore éliminer les rejets de déchets plastiques et de micro-plastiques provenant de sources marines.

- Utiliser l'océan sans l'épuiser

"Nous avons agi comme si nous devions choisir entre protéger les océans ou les exploiter. C'est un faux dilemme", a expliqué au National Geographic Jane Lubchenco, professeure à l'Oregon State University et co-présidente du comité international de plus de 70 experts qui a travaillé avec le Panel.

"Nous découvrons des façons plus intelligentes d'utiliser l'océan sans l'épuiser. Le secret réside dans la protection de la santé des écosystèmes océaniques", a-t-elle ajouté. "Ces engagements sont exactement ce dont nous avons besoin pour commencer à équilibrer nos relations avec l’océan, grâce à une protection efficace, une production durable, et une prospérité équitable".

L'une des études mises en avant par le Panel suggère que chaque dollar investi dans des solutions océaniques durables pourrait générer au moins cinq dollars de bénéfices, notamment des bénéfices sociaux, sanitaires, économiques et environnementaux. Une gestion durable des océans pourrait également créer 12 millions de nouveaux emplois.

Selon le rapport publié, ce programme pourrait aider à produire jusqu’à 6 fois plus de nourriture à partir de l’océan, générer 40 fois plus d’énergie renouvelable et contribuer à un cinquième des réductions d’émissions de gaz à effet de serre nécessaires pour maintenir le réchauffement climatique à moins de 1,5 °C.

Si certains pessimistes ont émis des doutes quant à la réalisation de ces actions d'ici 2030 ou la notion de "gestion durable", les efforts menés par les dirigeants de ces quatorze nations sont d'une ampleur inédite, a affirmé Jane Lubchenco, jugeant qu'ils pourraient aider à restaurer la santé des océans mondiaux.

- D'autres pays appelés à rejoindre l'initiative

Pour mettre en oeuvre ce projet, les initiateurs ont voulu réunir des Etats à la culture et l'histoire fortement imprégnées par l'océan. Et plusieurs pays dont la France, la Chine, la Russie ou encore les Etats-Unis n'ont volontairement pas été invités à participer, malgré leurs territoires maritimes étendus.

"Les négociations avec cette catégorie de pays ne sont pas faciles", a confié au National Geographic Vidar Helgesen, ancien ministre du Climat et de l'Environnement norvégien qui a participé à la création du projet. "Nous avons décidé de créer un groupe où la haute politique ne se mettrait pas en travers et où nous nous concentrerions sur la tâche".

Le Panel ayant dévoilé son rapport, les participants appellent désormais d'autres pays à rejoindre l'initiative à travers le monde. "Nous demandons à d’autres dirigeants étrangers et partenaires de nous aider à concrétiser nos objectifs", a commenté Justin Trudeau, Premier ministre du Canada.

"Ensemble, nous pouvons rétablir la santé de nos océans de manière durable, bâtir des économies bleues plus fortes et plus résilientes et créer un avenir plus sain, plus propre et plus prospère pour les générations d’aujourd’hui et de demain", a-t-il justifié. Le prochain plan sera dévoilé en 2024, selon Erna Solberg.




Par Emeline Férard


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