Quelques heures après l'attaque meurtrière contre les locaux du périodique satirique Charlie Hebdo', une campagne de représailles élaborée et planifiée, a été enregistrée dans différents endroits de France, ciblant principalement les mosquées et salles de prière.
Mercredi soir, à Port-La Nouvelle, dans l'Aude, deux coups de feu ont été tirés vers 20h, sur une salle de prière.
«Un individu a tiré, à deux reprises, sur la porte brisant une vitre avec un pistolet à grenaille», a indiqué le procureur de la République de Narbonne.
La salle, habituellement, fréquentée par trente à cinquante fidèles était vide, alors qu'aucune interpellation n'a suivi l'incident.
Dans la même soirée, et dans le Vaucluse, une famille musulmane a été la cible de tirs qui a visé leur voiture.
Dans la nuit de mercredi à jeudi, une mosquée de la ville du Mans, située dans le quartier des Sablons, a été la cible, vers 00h30, d'un jet de trois grenades d'exercice, dites grenades à plâtre. Une vitre a été perforée par une balle, qui a fini sa trajectoire dans une cloison, indique un quotidien régional. Trois autres grenades intactes ont été retrouvées.
La même nuit, un tag «Morts aux Arabes» a été inscrit sur le portail de la mosquée de Poitiers. Un homme a été interpellé. Le recteur de la mosquée a déposé plainte.
Jeudi, la série de représailles contre les musulmans de France a franchi un nouveau stade avec le plasticage d'un restaurant kebab' près de la mosquée à Villefranche.
Selon Le Progrès', une explosion d'origine criminelle s'est produite vers 6 h Villefranche-sur-Saône (Rhône) devant un snack kebab, L'impérial', jouxtant la mosquée de la ville, sans faire de victime. L'enquête a été confiée à la police judiciaire. L'attentat est directement lié à l'attaque contre Charlie Hebdo', selon le député maire UMP de Villefranche-sur-Saône, Bernard Perrut, cité par l'AFP.
Jeudi toujours, une mosquée du Tarn est visée par des tirs, vers 23h.
A Bischwiller (Bas-Rhin), un tag «Ich bin Charlie» («Je suis Charlie», en allemand) a été découvert, jeudi matin, sur le mur extérieur d'une nouvelle mosquée, dont la construction s'achève. Dans la soirée, des caméras de surveillance ont été installées aux abords de l'édifice.
Les exactions continuent contre la Communauté musulmane et dans la nuit de jeudi à vendredi, plusieurs mosquées ont été dégradées.
Vendredi matin, les fidèles de la mosquée de Bayonne ont découvert des tags sur le portail de leur lieu de culte. Sur une poubelle et un mur voisin, les mots «assassins» et «sales arabes» ont été inscrits.
En Corse, une tête de porc et des viscères ont été découverts, vendredi matin, accrochés à la porte d'une salle de prière, à Corte.
Dans le Pas-de-Calais, deux mosquées en chantier ont été détériorées.
Des croix gammées ont été dessinées à Liévin où une tête de cochon a été trouvée.
A Béthune, le tag «dehors les arabes», était visible sur une palissade du lieu de culte en construction.
A Rennes, les inscriptions «Er maez» - «dehors» en breton - et «arabes», ont été taguées à la bombe, dans la nuit de jeudi à vendredi, sur la façade d'un Centre culturel et cultuel islamique, en construction.
Ces attaques sont menées, parallèlement, à une campagne de haine contre les Arabes et les musulmans, sur les réseaux sociaux.
Ailleurs, en Europe, on n'a pas attendu le prétexte de la tuerie de mercredi pour laisser libre cours au sentiment d'islamophobie qui commence à faire tache d'huile.
LA FRANCE A PEUR
En Suède, et en l'espace de seulement huit jours, trois mosquées ont été attaquées.
Dans la nuit de mercredi à jeudi, une bombe incendiaire a été jetée contre une mosquée de la ville d'Uppsala, au nord de Stockholm sans mettre le feu au lieu de culte.
Une photo, publiée sur Facebook par l'Association islamique de Suède, montre la porte principale du bâtiment sur laquelle il est inscrit: «Cassez-vous, sales musulmans».
En 2014, une douzaine d'attaques, visant des mosquées, ont été enregistrées, selon un décompte réalisé par le magazine antiraciste Expo'. Un chiffre en-deçà de la réalité puisque nombreuses autres attaques n'auraient pas été déclarées aux autorités.
En Allemagne, et depuis près de deux mois, des milliers de personnes se rassemblent, chaque lundi, dans les rues de Dresde pour stigmatiser «la menace de l'islamisation» du pays. Le phénomène, baptisé «Pegida», d'après l'acronyme allemand pour «patriotes européens contre l'islamisation de l'Occident» a pris d'autres proportions ces derniers temps.
Par ailleurs, Harith al-Nadhari, un responsable religieux de l'organisation Aqpa, Al-Qaïda, dans la péninsule arabique, a menacé dans une vidéo, diffusée vendredi soir, la France de nouvelles attaques sans pour autant revendiquer celles qui ont eu lieu ces derniers jours.
Il a déclaré, également, dans l'enregistrement que les attaquants faisaient partie des «fidèles soldats de Dieu» qui ont enseigné aux Français les limites de la liberté d'expression.
Le président de la République française évoquait la question, dans son allocution de vendredi soir après la mort des frères Kouachi et Amedy Coulibaly, cette menace.
«La France n'a pas terminé avec les menaces dont elle est la cible, alors je veux vous appeler à la vigilance, à l'unité et à la mobilisation», a dit François Hollande.
Peu après, le Premier ministre, Manuel Valls, annonçait la création de 500 postes supplémentaires, dans le renseignement intérieur, expliquant qu'il y aurait «un avant et un après ce qui s'est passé».
Il a ajouté que «nous pouvons encore subir ces attaques, nous faisons face à un défi terroriste sans précédent».
L'Elysée, tout comme Matignon, ont appelé au refus de tout amalgame alors que des mosquées étaient toujours la cible de quelques fanatiques bien organisés.
La France a peur et prend sérieusement en considération ces menaces intérieures et le plan Vigipirate' a été maintenu à son niveau actuel et devra être «conforté au cours des prochaines semaines», à en croire le ministre de l'Intérieur, Bernard Cazeneuve, alors que le plan Vigipirate' est actuellement à son niveau le plus élevé en Ile-de-France.
Une attention particulière est portée, pour assurer, davantage, les institutions et les lieux de culte.
Sur le terrain des opérations, Hayat Boumeddiene, 26 ans, la compagne d'Amedy Coulibaly, suspectée d'avoir participé aux fusillades de Montrouge et de Vincennes, reste, activement, recherchée par les services de sécurité.
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Posté Le : 11/01/2015
Posté par : akarENVIRONNEMENT
Ecrit par : Moncef Wafi
Source : Le Quotidien d'Oran du lundi 11 janvier 2015