ENERGIE - Un prototype est installé à Porto, au large de la côte portugaise…
De notre envoyée spéciale à Porto
Les Japonais ont déjà compris leur intérêt: depuis novembre 2013, une éolienne flotte au large de Fukushima, symbole de la transition énergétique engagée après le tsunami du 11 mars 2011. En Europe, les éoliennes flottantes sont encore rares. Au large de Porto, l’énergéticien portugais EDPR a installé un prototype, baptisé Windfloat, qui préfigure ce à quoi pourraient ressembler les fermes offshore du futur.
«Conquérir de nouveaux espaces»
A 6km de la côte, au large d’Aguçadoura, flotte une turbine de 54 mètres de hauteur, posée sur trois colonnes remplies d’eau qui assurent la stabilité de l’ensemble grâce à un système de ballastage automatique. Le rotor, d’un rayon de 40m, produit 2 mégawatts (MW) d’électricité raccordés au réseau électrique local.
«Les ressources terrestres sont limitées, celles de l’éolien posé en mer aussi puisqu’on ne peut pas installer de turbines au-delà d'une profondeur de 40m. C’est pour cela qu’il faut aller plus loin, là où le potentiel de vent est le plus important», explique Carlos Martin, responsable du projet Windlfloat chez EDPR.
En France, les appels d’offres pour les fermes offshore ne concernent encore que des technologies «posées» avec des socles sur les fonds marins mais les problèmes de saturation de la côte, de compétition avec les zones de pêche et d’intégration dans le paysage pourraient pousser les éoliennes vers le large.
«On estime que le potentiel offshore en France est de 80 gigawatts (GW) jusqu'à une profondeur de 40m et de 122GW au-delà», chiffre Carlos Martin.
La France s’intéresse donc de plus en plus à la technologie flottante et les professionnels ont été consultés par le gouvernement pour établir une «feuille de route» de l’éolien flottant: «Le flottant ne remplacera pas le posé, note Frédéric Lanoë, directeur d’EDPR en France. Mais il nous permet de conquérir de nouveaux espaces.»
Un moindre impact pour l’environnement
Seulement ancrées au fond, les éoliennes flottantes peuvent ainsi être installées jusqu’à des profondeurs de 200 à 300 mètres en ayant un moindre impact sur l’environnement.
«Par rapport aux éoliennes posées, les flottantes permettent d’éviter de construire des fondations en béton qui nécessitent d’araser le fond marin sur plusieurs centaines de mètres carrés, explique Florence Simonet, responsable de l’offshore chez EDPR France. Cela évite aussi le problème du bruit qui dérange les mammifères marins durant l’installation des fondations.»
Si les éoliennes posées avaient redoré leur blason écolo en prouvant leur effet positif sur la biodiversité, notamment par «l’effet récif» des fondations sur lesquelles se développe toute une faune marine, les flottantes seraient beaucoup moins dérangeantes pour la nature.
«Cet effet récif peut être positif mais il est artificiel, que se passera-t-il à long terme ou lors du démantèlement?», rappelle Florence Simonet.
Seul inconvénient, les ancres des éoliennes flottantes augmentent le périmètre non navigable autour des fermes. Mais une bonne concertation avec les pêcheurs devrait permettre de ne pas empiéter sur leurs zones d’activité, assure-t-on chez EDPR.
EDPR n’est pas le seul énergéticien à s’intéresser au flottant: le groupe norvégien Statoilhydro teste actuellement son modèle d’éolienne au large de la Norvège et trois expériences sont menées en France.
Une première ferme précommerciale devrait être installée par EDPR au large de Porto d’ici à 2017. En attendant, le prototype Windfloat a déjà prouvé sa productivité et sa résistance aux tempêtes.
* Photo: L'éolienne flottante d'EDPR, "Windfloat", au large de Porto au Portugal, le 5 mars 2014. A.CHAUVET/20MINUTES
Audrey Chauvet
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Posté Le : 11/03/2014
Posté par : akarENVIRONNEMENT
Photographié par : Photo: A.CHAUVET/20MINUTES ; texte: Audrey Chauvet du mardi 11 mars 2014
Source : 20minutes.fr