CLIMAT: «Notre déclaration d’état d’urgence climatique est dans la continuité et la suite logique de l’action mise en œuvre par la ville depuis très longtemps», explique Célia Blauel, l’adjointe chargée de l’Environnement à la Mairie de Paris
. Mardi, à l’issue d’un vote en conseil de la Ville de Paris, la capitale s’est déclarée en «état d’urgence climatique».
. Les Parlements du Royaume-Uni et d’Irlande, et les villes de Sydney, Auckland, New York ou encore Milan l'ont fait avant Paris.
. Pour répondre au changement climatique, la mairie de Paris a annoncé la création d’une «Académie du climat» et d’un «Giec Paris».
A l’image des Parlements du Royaume-Uni et d’Irlande, de New York ou encore de Sydney, la Ville de Paris s'est déclarée, mardi, en «état d'urgence climatique». La capitale française, qui a déjà mis en place de nombreux projets écologiques, a annoncé qu’elle allait se doter d’une «Académie du climat» et d’un «Giec Paris».
Piétonnisation des voies sur berges, création de «forêts urbaines», multiplication des pistes cyclables, circulation différenciée lors des pics de pollution… Depuis plusieurs années, la mairie de Paris n’a cessé de multiplier les projets pour lutter contre le réchauffement climatique et les effets de la pollution. Mais concrètement, ça va changer quoi l'«état d’urgence climatique»? 20 Minutes fait le point sur cette mesure prise par la mairie de Paris un an avant les élections municipales, où les questions environnementales vont, à coup sûr, jouer un rôle déterminant.
- C’est quoi «l’état d’urgence climatique»?
Dans les faits, le vote de mardi en conseil de la Ville de Paris a permis d’adopter plusieurs mesures pour répondre au changement climatique, lutter contre le réchauffement et «tenir les objectifs de l'accord de Paris» adopté en décembre 2015. Décréter «l’état d’urgence climatique», ça permet «d’alerter l’opinion publique sur la question climatique et d’engager à l’action», plaide Célia Blauel, l’adjointe chargée de l’Environnement à la mairie de Paris.
Pour Marie Leroy, responsable du climat à l’ONG Care France, «c’est clairement un symbole fort. Ça répond à la mobilisation et à la demande citoyenne, car c’était une mesure vraiment plébiscitée». «Le fait de parler maintenant d’urgence climatique, et non plus de changement climatique, ça reflète l’ampleur réelle du problème», ajoute-t-elle.
Mais alors c’est quoi «l’état d’urgence climatique»? Pour l’adjointe à la mairie de Paris, ce dispositif se découpe en trois points: «Prendre conscience de l’état dans lequel on est et de la nécessité de changer totalement nos sociétés, établir un plan d’action pour tenir l’engagement de la neutralité carbone en 2050 et s’engager pour la démocratie participative pour que la société civile puisse, elle aussi, sur ces questions».
- Concrètement, que va mettre la Ville en place?
Pour répondre à l’urgence climatique, la mairie de Paris a décidé de créer une «Académie du climat». Son but? «Offrir aux jeunes et volontaires du climat, un lieu participatif et éducatif, gratuit», former et sensibiliser le public aux problématiques environnementales, ou encore permettre l'«élaboration de projets environnementaux», détaille l’adjointe chargée de l’Environnement à la mairie de Paris.
«C’est vraiment une volonté d’Anne Hidalgo qui trouvait dommage que, dans les cursus scolaires, il n’y ait pas d’enseignement sur la question climatique et ses impacts. C’est notre manière de combler ce gap et de proposer un enseignement gratuit aux 12-25 ans. Ce sera un lieu dédié avec des formations, des cours, des espaces ludiques, un espace ressource», précise Célia Blauel.
Et la mairie ne s’est pas arrêtée là. La création d’un «Giec Paris» réunissant des experts (climatologues, urbanistes, sociologues…) a aussi été annoncée. «L’idée, c’est d’avoir un pôle d’expertise à l’échelle parisienne pour pouvoir zoomer» sur les spécificités parisiennes, précise Célia Blauel, avant d’ajouter: «Cette instance va permettre de mieux connaître le dérèglement climatique à l’échelle locale et d’accompagner et d’éclairer les décisions politiques».
- Est-ce que cela va vraiment changer quelque chose?
Pour Marie Leroy, l’engagement de la mairie de Paris est «purement déclaratif». «On voudrait que la mairie de Paris mette en place de réelles mesures, qu’elle soit à la hauteur de l’enjeu, car ce n’est pas avec ces deux mesures qu’on va atteindre la neutralité carbone en 2050», explique-t-elle. Et de poursuivre: «L’urgence est évidente. Toute situation d’urgence requiert des mesures d’urgences». Et pour la responsable climat de l’ONG Care France, le timing de la municipalité n’est pas anodin. «Il n’y a pas vraiment de surprise, à un an des élections municipales, c’est clairement un argument de campagne», explique-t-elle.
Mais du côté de la mairie de Paris, on s’inscrit en faux: «Il suffit de se pencher sur l’histoire du climat à Paris pour comprendre que ce n’est pas une manœuvre électorale: on a un plan Climat qui a été salué à l’échelle internationale, on a un historique de dix ans d’implication et la maire de Paris est présidente du C40, qui est le plus grand réseau de villes au monde engagées sur la question du dérèglement climatique», plaide Célia Blauel. «Il suffit de creuser un peu pour se rendre compte que notre déclaration d’état d’urgence climatique est vraiment dans la continuité et la suite logique de l’action mise en œuvre par la ville depuis très longtemps», poursuit l’adjointe d’Anne Hidalgo.
- «L’état d’urgence climatique» a-t-il été mis en place dans d’autres villes?
Que ce soit en France ou à l’étranger, Anne Hidalgo n’est pas la première élue à déclarer «l’état d’urgence climatique». En France, la région Nouvelle-Aquitaine ou la ville de Mulhouse ont déjà passé le cap. A l’étranger, le Canada, le Royaume-Uni, l’Irlande, les villes australiennes d’Auckland et de Sydney ou encore New York.
«Les grandes villes ont un rôle fondamental dans la lutte contre le réchauffement climatique: elles couvrent 2 % de la surface du globe, mais elles consomment 78 % de l’énergie mondiale et produisent 60 % des émissions de dioxyde de carbone», alerte Marie Leroy. «Ce sont à elles de faire l’effort», ajoute-t-elle.
«L’idée, c’est vraiment de créer un effet boule de neige. Il faut qu’il y ait de plus en plus de villes qui déclarent l’état d’urgence climatique», explique Célia Blauel, avant de conclure: «Mais il ne suffit pas de déclarer l’état d’urgence, il faut qu’il y ait les trois volets: l’état d’urgence comme prise de conscience, l’état d’urgence comme déclencheur de réelles actions et l’état d’urgence comme avancée dans une démocratie participative sur les questions du climat».
Photo: Paris connaît le pic de pollution le plus long et le plus intense depuis ces dix dernières années. — M.ASTAR/SIPA
Manon Aublanc
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Posté Le : 11/07/2019
Posté par : akarENVIRONNEMENT
Ecrit par : Manon Aublanc Publié le 10/07/19
Source : 20minutes.fr