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Planète (Palestine/Moyen Orient/Asie) - Gaza: au milieu de la catastrophe, faire revenir la vie



Planète (Palestine/Moyen Orient/Asie) - Gaza: au milieu de la catastrophe, faire revenir la vie

Après l’entrée en vigueur du cessez-le-feu entre Israël et le Hamas, les Gazaouis se tournent vers l’avenir. Maisons, champs, infrastructures: tout est à reconstruire. Et les défis sont de taille.

Beyrouth (Liban), correspondance

471 jours d’horreur, de destruction et d’anéantissement ont enfin pris fin à Gaza. Le cessez-le-feu, négocié par les États-Unis entre le Hamas et Israël et entré en vigueur dans la matinée du 19 janvier, a été accueilli par des scènes de liesse dans toute la bande de Gaza. Brandissant fièrement des drapeaux palestiniens, les survivants ont marqué avec joie leur entêtement à vivre malgré ce que des experts des Nations unies qualifient de génocide. Immédiatement, des milliers de rescapés se sont en mis en chemin vers leur maison, ou ce qu’il en reste, traversant des paysages de désolation.

«Nous sommes pleins d’espoir et heureux du cessez-le-feu, ainsi que de pouvoir retourner dans nos maisons, se réjouit Samar Abo Saffia, agricultrice et activiste environnementale gazaouie de 29 ans, dans un message vocal envoyé à Reporterre. Ma maison à Gaza a complètement brûlé, mais elle est encore debout. En revanche, il n’y a aucun signe de vie dans le quartier.» Originaire du centre-ville de Gaza, elle a trouvé refuge à Deir el-Balah, dans le centre de l’enclave, et a perdu son frère Amjad, tué par les forces israéliennes il y a deux mois alors qu’il partait chercher de la farine dans une «zone humanitaire».

. Des déplacés palestiniens retournent au camp de réfugiés de Jabalia, dans le nord de la bande de Gaza, le 19 janvier 2025, peu avant la mise en œuvre du cessez-le-feu. © Omar Al-Qattaa / AFP (Voir photo sur site ci-dessous)

Le cessez-le-feu intervient alors que la situation à Gaza est catastrophique. Selon le ministère de la Santé de Gaza, plus de 46.700 personnes ont été tuées et plus de 110.000 blessées en quinze mois de guerre. Le nombre de morts pourrait monter à plus de 186 000 en incluant les maladies et la faim (soit presque 10 % de la population), selon le journal médical The Lancet.

Presque 2 millions de personnes ont été déplacées, soit 9 Gazaouis sur 10. De plus, 70 % du bâti, dont 92 % des maisons et 88 % des écoles, a été détruit. Ce champ de ruines, de plus de 40.000 tonnes de décombres, nécessiterait quatorze années de déblayage, selon l’ONU.

- Redonner vie à Gaza

La reconstruction de Gaza sera donc le travail d’une génération entière, traumatisée et affaiblie. Elle coûtera plus de 40 milliards de dollars (39 milliards d’euros), selon l’ONU. La première étape a commencé avec l’échange d’otages et de prisonniers palestiniens et israéliens le 19 janvier, et l’arrivée de 630 camions humanitaires, bloqués depuis des mois. «Nous voyons déjà arriver des denrées alimentaires. Nous avons reçu des provisions de poulet et de viande, ainsi que des fruits et légumes au marché, après quatre mois de siège complet», dit Samar Abo Saffia.

Doucement, l’enclave pourra retrouver les richesses qui faisaient son renom: sa joie, son front de mer, ses agrumes et ses fraises réputées dans tout le monde arabe. «Les agriculteurs de Gaza sont ravis de pouvoir retourner sur leurs terres et de commencer à planter et à cultiver leurs récoltes», ajoute la jeune femme. Pour elle, retrouver la souveraineté alimentaire est essentiel à la reconstruction de l’enclave, dont l’agriculture est à genoux. 68 % des champs, soit plus de 10.000 hectares de terres arables, ont été détruits par les Israéliens et 95 % du cheptel tué. Des associations environnementales dénoncent un «écocide» israélien.

. Lire aussi: En Cisjordanie occupée, la vie des agriculteurs assiégés (A lire sur site ci-dessous)

Afin de relancer l’agriculture gazaouie, la jeune activiste et agricultrice a passé les mois de guerre à effectuer des recherches sur les destructions environnementales ainsi qu’à cultiver des champs à Deir el-Balah et à Khan Younes, au milieu des décombres. Elle souhaite maintenant relancer un projet de culture sur les toitures de Gaza.

«J’avais beaucoup travaillé sur ce projet avant la guerre, mais tout est à l’arrêt, témoigne-t-elle. J’aimerais le reprendre afin de transformer les toitures en potagers, avec des plantes et des animaux. Ce serait idéal pour redonner vie à la bande de Gaza et la rendre plus verte.» Faute de financements, elle a lancé une collecte de fonds en ligne.

- Des nuages sombres à l’horizon

Les obstacles qui se dressent devant Gaza sont immenses. Le cessez-le-feu doit durer 42 jours et se dérouler en plusieurs étapes, incluant des échanges d’otages et le retrait des forces israéliennes. Chacune sera fragile et pourra dérailler à tout moment. «Pour être tout à fait honnête, même si les gens [à Gaza] sont heureux, ils ont encore peur, parce que les choses ne sont pas très claires. Ils se posent beaucoup de questions», dit ainsi Mahmoud Alsaqqa, manager de programmes chez Oxfam à Gaza, et lui-même déplacé de guerre.

Et d’ajouter: «Nous sommes confrontés à de nombreux défis, qu’il s’agisse de l’eau potable, de l’approvisionnement en nourriture, des besoins de base ou de la sécurité, mais le plus important, c’est l’infrastructure. Les organisations internationales se demandent comment gérer une situation aussi énorme.» Outre les défis techniques et humanitaires, l’occupation militaire de la Palestine historique depuis 1947 assombrit l’horizon. «Les gens souffrent depuis des années, cela n’a pas commencé avec le 7 octobre [2023]», explique-t-il.

La bande de Gaza est maintenant coupée en deux par des bases israéliennes dans le «couloir de Netzarim», ses frontières sont ultra-militarisées et toujours sous contrôle israélien. Avec l’ère Trump qui s’est ouverte le 20 janvier, le futur de l’enclave reste suspendu à la volonté de ses ennemis.





Photo: Des déplacés passent devant des décombres à Jabalia, dans la bande de Gaza, le 20 janvier 2025, an lendemain du cessez-le-feu entre Israël et le Hamas. - © Omar Al-Qattaa / AFP

Pour accéder et lire l'article dans son intégralité avec l'article en annexe: https://reporterre.net/Gaza-au-milieu-de-la-catastrophe-faire-revenir-la-vie

Par Martin Lefèvre




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