Algérie

Planète - Ordures ménagères et industrielles, eaux usées, émissions atmosphériques...: Les potentiels énergétiques cachés dans les déchets





Si les pouvoirs publics ont toutes les peines du monde à débarrasser ces tonnes d’ordures ménagères qui jonchent tous les coins et recoins des villes et villages d’Algérie, sous d’autres cieux, notamment dans des pays développés comme l’Allemagne, l’heure n’est plus à l’élimination de manière fiable des déchets ou de purifier l’eau polluée, mais plutôt à la récupération des potentiels énergétiques qu’ils contiennent!

En effet, le secteur des déchets est l’un des secteurs-clés des éco-technologies où de grandes entreprises se disputent un marché estimé à près de 10 millions de tonnes/jour. Des études récentes font état de quelque 700 millions de tonnes dans le recyclage dont 400 millions de tonnes uniquement pour les ferrailles. L’incinération avec récupération d’énergie traiterait 200 millions de tonnes et les utilisations biologiques comme le compost, un autre million de tonnes.

Le potentiel existe bel et bien et c’est ce qui a été mis en évidence lors de la rencontre IFAT Media Dialog 2014 tenue à Munich le 7 janvier dernier. Un panel d’experts qui a fait l’état des lieux des opportunités de ce marché, et ce, en prévision du salon des technologies environnementales IFA qui se tiendra du 5 au 9 mai 2014 au Parc des expositions dans la capitale de la Bavière en Allemagne. Tour à tour, les panélistes Wolf-Dietrich Müller, représentant de Messe München GmbH, organisatrice de l’événement, Martin Faulstich, directeur général de l’Institut GmbH, VojtÄ›ch Doležal, directeur général de SEWACO, Michael Ludden, directeur général, Sutco recyclage Technik et Hans G. Huber, président du Conseil de Surveillance de Huber SE, ont présenté de nouvelles solutions technologiques dans le traitement et la valorisation des déchets ainsi que les marchés potentiels qu’ils estiment être en grande partie dans les pays émergents. Il est vrai que les panélistes ont plus axé leurs interventions sur le marché européen, mais aussi chinois et indien. Le marché africain, véritable gisement en la matière, n’a pas eu l’attention à la mesure de son potentiel. Il est vrai que dans ce continent, l’heure n’est pas aux éco-technologies mais au recyclage de politiciens véreux générant une pollution politique et environnementale à ciel ouvert.

L’Europe et l’Asie de l’Est: Gros demandeurs de solutions d’éco-technologies

D’après une étude récente de l’Institut d’études de marché Frost & Sullivan, le marché européen des centrales d’incinération des ordures ménagères a réalisé en 2012 un chiffre d’affaires de 4,22 milliards de dollars US. D’ici 2016, ce volume doit passer à 4,94 milliards.

Pour ce qui est de la construction de nouvelles usines d’incinération des déchets, ce sont la Grande-Bretagne et la Pologne qui sont considérées comme les marchés les plus attrayants et les plus actifs des prochaines années. En dehors de l’Europe, c’est surtout la Chine qui mise de plus en plus sur l’incinération des déchets. La société de conseil Ecoprog, spécialisée dans les thématiques énergétiques et environnementales, prévoit que dans les cinq prochaines années la Chine mettra chaque année environ 125 usines en service, avec une capacité annuelle de 40 millions de tonnes.

Outre l’incinération, la gazéification est un autre moyen d’extraire la teneur énergétique des déchets. Ici, c’est le traitement du méthane en vue d’obtenir une qualité équivalente à celle du gaz naturel qui ouvre de nouvelles perspectives. Ceci permet par exemple d’injecter le gaz fabriqué dans des unités de production de biogaz à partir de déchets organiques dans le réseau de distribution de gaz naturel, ce qui crée de nouvelles options logistiques et commerciales. Aux Etats-Unis, des entreprises transforment de plus en plus de gaz de décharge en carburant destiné à leurs propres camions de collecte des déchets roulant au gaz naturel.

Les déchets solides ne sont pas les seuls à receler des sources d’énergie cachées. C’est ainsi, par exemple, que l’an dernier plus de 1.200 gigawattsheures ont été produits à partir de gaz d’épuration. Ceci correspond à la consommation d’électricité d’environ 360.000 foyers. Et il en est de même pour les eaux usées.

Selon les panélistes, sous nos pieds coule en permanence un flux chaud: des eaux usées d’origine domestique, commerciale et industrielle s’écoulent dans les canalisations à des températures comprises entre 12 et 20 degrés. Si on les fait passer dans un échangeur thermique spécial, on peut récupérer ce potentiel thermique et l’utiliser au moyen de pompes à chaleur pour chauffer ou refroidir des bâtiments. D’après le groupement d’entreprises, de prestataires de services et d’instituts de recherche réunis au sein de la «Themenallianz Abwasserwärmenutzung», on pourrait théoriquement chauffer environ 6% de toutes les constructions en Allemagne avec la chaleur produite à partir des eaux usées.

Traitement des eaux usées: un marché de près de 2 milliards de dollars

Le marché mondial des systèmes de désinfection de l’eau et des eaux usées doit atteindre en 2019 un chiffre d’affaires total de près de trois milliards de dollars US, selon les prévisions émises par le cabinet de conseil aux entreprises Frost & Sullivan.

Pour 2012, les panélistes analystes annoncent un volume de près de deux milliards de dollars US. Pour les années à venir, ils tablent sur un taux de croissance annuel au-dessus de 6%. Parmi les facteurs qui expliquent cette hausse figurent la tendance à une urbanisation et une industrialisation mondiales, qui exigent une exploitation, un traitement et une réutilisation encore plus intensives de cette ressource rare qu’est l’eau.

Les industries qui nécessitent beaucoup d’eau comme la production d’énergie, l’industrie agro-alimentaire, la fabrication de boissons ou la pharmacie joueront un rôle moteur sur le marché de la désinfection de l’eau et des eaux usées. Des réglementations plus strictes comme par exemple la directive européenne sur l’eau potable, la directive européenne sur le traitement des eaux urbaines résiduaires ou le Clean Water Act aux Etats-Unis jouent également un rôle moteur. Actuellement, un peu plus de 60% du chiffre d’affaires mondial réalisé par les systèmes de désinfection de l’eau et des eaux usées sont le fait des communes tandis qu’un peu moins de 40% relèvent des applications industrielles.

Un autre segment attendu pour les années à venir est celui des canalisations. En effet, celles qui ne sont pas étanches présentent des risques en tous genres. C’est ainsi que les fuites d’eaux usées peuvent polluer le sol et la nappe phréatique. De plus, l’eau étrangère pénétrant dans une canalisation peut augmenter les frais de fonctionnement des stations d’épuration. Il peut également s’ensuivre une érosion des sols. Les affaissements qui en résultent dans le pire des cas peuvent en outre endommager les infrastructures et les bâtiments qui se trouvent au dessus.

Le marché propose un grand nombre de solutions d’assainissement de qualité élevée et économiquement rentables. Les toutes dernières technologies de ce secteur seront présentées par les exposants du salon IFAT. D’après les indications fournies par l’Office fédéral de la statistique, le réseau de canalisations totalise actuellement en Allemagne une longueur de près de 562.000 km. L’Association allemande pour l’écologie des eaux, eaux usées et déchets (DWA) est d’avis qu’environ 20% de tous les tuyaux d’évacuation des eaux usées sont défectueux en Allemagne. Otto Schaaf, président de la DWA et directeur du service des égouts de Cologne, sait que «pour beaucoup de ces dommages, les procédés de réparation et de rénovation sont devenus de véritables alternatives au renouvellement du réseau, tant sur le plan qualitatif qu’économique, à condition bien sûr que la conception et la réalisation soient adéquates.»

Nettoyage de rue et service hivernal

Dans le secteur du service hivernal et du nettoyage de rue, il faut pouvoir garantir une propreté, une sécurité et une efficacité élevées, sans pour autant perdre de vue le facteur rentabilité. Les fournisseurs d’appareils, de systèmes et de services proposent des solutions innovantes pour atteindre ces objectifs.C’est le cas par exemple lors des opérations de salage des routes, pratique connue dans des pays froids comme ceux de l’Europe de l’Est et en Amérique du Nord.

D’après l’Union des entreprises communales (VKU), l’épandage de saumure représente la solution la plus efficace en prévention de la formation de glace. Elle permet d’éviter l’éparpillement et le déplacement des grains de sel par les véhicules ou le vent et produit un effet de condensation de qualité équivalente avec moins de sel. Les dispositifs ThermoMAT, dont l’utilisation se standardise de plus en plus sur les véhicules d’épandage, apportent une contribution supplémentaire à l’efficacité accrue des services hivernaux. D’autre part, et afin de réduire au minimum les émissions de gaz d’échappement et les nuisances sonores, les communes et les sociétés de nettoyage des villes ont de plus en plus souvent recours à des véhicules et des machines au GPL, électriques ou hybrides.

Enfin, et pour ce qui a trait à la protection de l’air, les solutions ne sont pas en reste de la gamme de produits et solutions proposées par les entreprises en la matière. Et ce, à juste titre: chaque année, plus de deux millions de personnes meurent des conséquences de la pollution de l’air. Et il faut s’attendre à ce que les défis que la mauvaise qualité de l’air entraîne pour la santé de l’homme continuent à s’accroître et dont les conséquences dépasseront les problèmes considérés jusque-là comme particulièrement brûlants, comme la pollution de l’eau et le traitement des déchets.

La demande ira à l’avenir non seulement à des changements structurels, par exemple dans les transports ou l’approvisionnement énergétique, mais aussi à des technologies performantes de protection de l’air. Rien que pour les entreprises allemandes, le chiffre d’affaires réalisé avec des techniques de protection de l’air destinées aux processus industriels atteint plus de deux milliards d’euros par an.



A propos de l'IFAT

IFAT, le plus important Salon au monde dédié aux innovations et aux prestations de services du domaine de la gestion de l’eau, des eaux usées, des déchets et des matières premières secondaires, se tient du 5 au 9 mai 2014 à Munich. A la dernière édition de la manifestation se rendirent près de 3.000 exposants de 54 nationalités et 124.200 visiteurs originaires de 182 pays.

Avec environ 40 salons des biens d’investissement, des biens de consommation et des nouvelles technologies ne serait-ce qu’à Munich, Messe München International est une des principales sociétés organisatrices de salons au plan mondial.

Mahmoud Mamart


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