L’est du continent est frappé par des pluies torrentielles. Deux cent mille personnes ont été déplacées et 20 victimes sont à déplorer, au moins, à la suite d’importantes inondations. Des pluies dues au phénomène climatique «La Niña», dans un contexte de changement climatique
Il s’agirait, selon les météorologues australiens, de la plus grande catastrophe climatique depuis 2011. Pour la deuxième fois en une dizaine d’années, et depuis plus d’une semaine, la côte est australienne a de nouveau subi des pluies diluviennes.
«Les inondations historiques qui se sont produites au Queensland en décembre 2010 et en janvier 2011 avaient à l’époque été considérées comme «un événement qui ne se produit qu’une seule fois par siècle», note le site Futura. Or ces inondations, de nouveau historiques, de 2022 prouvent qu’un tel événement peut se reproduire.»
Plus de 200 000 personnes ont dû évacuer leur domicile dans l’État de Nouvelle-Galles du Sud et du Queensland, afin d’échapper à la montée rapide des eaux. Vingt et une personnes, au moins, sont décédées. L’état d’urgence nationale a été déclaré le mercredi 9 mars.
. A Maryborough, ville du sud-est du Queensland, des barrières tentent de retenir les eaux, le 1er mars, alors que la Georges River a quitté son lit à la suite des pluies torrentielles. © keystone-sda.ch (A voir sur site)
«Dans l’État de Nouvelle-Galles du Sud, les intempéries ont d’abord touché la région frontalière du Queensland et, en particulier, la ville de Lismore, où les habitants, surpris par la rapidité de la montée des eaux, n’ont parfois eu d’autres choix que d’éventrer leurs toitures pour s’extraire de maisons inondées jusqu’au second étage et d’attendre là que les secours puissent enfin intervenir», décrit la correspondante en Australie du Monde. A l’extérieur des maisons inondées, les résidents ont entassé des piles d’objets et de meubles gorgés d’eau. Certains pagaient à travers les inondations ou des canots pneumatiques, tandis que d’autres pataugent dans des eaux qui leur arrivent presque à la taille, relaie de son côté une journaliste du New York Times.
. Lismore, le 9 mars. Quatre personnes ont péri dans cette région à la suite des inondations et de nombreuses habitations ont été détruites. © JASON O?BRIEN / keystone-sda.ch (A voir sur site)
«L’Australie devient un pays où il est de plus en plus difficile de vivre à cause des catastrophes naturelles», a déclaré le premier ministre, Scott Morrison, après une visite à Lismore. «C’est une situation grave, a par ailleurs déploré la première ministre de l’Etat, Annastacia Palaszczuk, citée dans les colonnes du Monde. Ce sont des temps sans précédent. J’ai vécu à Brisbane (la capitale du Queensland) pratiquement toute ma vie et je n’ai jamais vu des tempêtes et des inondations comme celles-ci.»
. Le mercredi 2 mars, dans la ville de Ballina, au nord de la Nouvelle-Galles du Sud. © JASON O'!BRIEN via www.imago-images.de / imago images/AAP (A voir sur site)
- 80% des précipitations annuelles en trois jours
Si de fortes pluies étaient attendues sur la zone, les météorologues australiens ont, semble-t-il, été surpris par la durée du phénomène. «Les pluies diluviennes ont stagné plus longtemps que prévu sur le Queensland, conduisant à cette situation dramatique. Sur les zones les plus touchées, on a enregistré entre 200 et près de 400 mm en l’espace de 24 heures. En trois jours, la ville de Brisbane a reçu 80% de ses précipitations annuelles», explique encore le site Futura. Dans certaines villes, la quantité d’eau reçue en une journée dépasse même le cumul moyen sur une année, conséquence du phénomène La Niña, qui se prolonge pour la deuxième année consécutive.
. La ville de Lismore, au nord de la Nouvelle-Galles du Sud, a été sévèrement touchée. Le 28 février 2022. © JASON O'!BRIEN via www.imago-images.de / imago images/AAP (A voir sur site)
La Niña est un phénomène climatique qui a pour origine une anomalie de la température des eaux équatoriales de surface de l’océan Pacifique. Contrairement à El Niño, La Niña est caractérisée par une température anormalement basse des eaux. Les épisodes de La Niña surviennent tous les quatre à cinq ans et durent en général un à deux ans. Une des premières conséquences est notamment des précipitations plus importantes que la normale sur la partie occidentale du Pacifique équatorial, l’Asie du Sud et du Sud-Est, le nord et le nord-est de l’Australie, le sud de l’Afrique, le nord de l’Amérique du Sud, ou encore le nord-ouest du continent américain.
. Dans la région proche de Maryborough, ville située à environ 250 kilomètres au nord de Brisbane. © keystone-sda.ch (A voir sur site)
Si La Niña a généralement pour effet de refroidir la température à l’échelle mondiale, ce refroidissement est plus que compensé par la chaleur piégée dans notre atmosphère par les gaz à effet de serre. «Les phénomènes El Niño et La Niña sont des facteurs naturels déterminants du système climatique de la Terre. Mais tous les phénomènes climatiques d’origine naturelle s’inscrivent désormais dans un contexte de changement climatique d’origine anthropique qui accentue les conditions météorologiques extrêmes et affecte le cycle de l’eau», affirmait le secrétaire général de l’Organisation météorologique mondiale, Petteri Taalas, dans un communiqué paru fin 2020.
- Reconnaissance du changement climatique
Face au premier ministre, Scott Morrison, manifestants du climat et habitants de Lismore n’ont pas hésité à dénoncer l’inaction du gouvernement fédéral, tant vis-à-vis des inondations que du changement climatique en général, ce que beaucoup décrivent comme une longue histoire de minimisation de la menace du réchauffement climatique.
L’Australie a en effet été l’un des derniers pays riches à fixer un objectif de zéro émission de carbone pour 2050 (le charbon est le deuxième produit d’exportation du pays après le minerai de fer). Et ce, bien qu’elle ait, à plusieurs reprises, été touchée par des événements climatiques extrêmes, à l’image des méga-incendies ayant ravagé le pays en octobre 2019 et en février 2020, et qui auraient, entre autres conséquences, exposé les Australiens a de fortes doses de particules fines, selon une modélisation publiée le 10 janvier sur le site de l’Union américaine de géophysique.
. En quittant son lit, la Georges River a inondé les quartiers d’East Hills, une localité australienne de la banlieue sud de Sydney. © IMAGO/BIANCA DE MARCHI / IMAGO/AAP (A voir sur site)
Jusqu’ici peu enclin à écouter les scientifiques, mais voyant également les élections fédérales se rapprocher, Scott Morrison a reconnu, dans un discours prononcé mercredi, que le changement climatique avait joué un rôle dans les inondations, ajoutant que «nous av[i]ons affaire à un climat différent de celui que nous connaissions avant».
Photo: Les eaux submergent les rues et les maison de Maryborough, ville du sud est du Queensland. Le 28 février. — © keystone-sda.ch
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Sylvie Logean -
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Posté Le : 21/03/2022
Posté par : akarENVIRONNEMENT
Ecrit par : Sylvie Logean - Publié vendredi 11 mars 2022
Source : https://www.letemps.ch