Planète - Nouveau rapport de l'IPBES: les 10 espèces exotiques envahissantes les plus répandues dans le monde *

Dans son nouveau rapport publié ce lundi 4 septembre, le groupe d'experts international sur la biodiversité (IPBES) dresse l'état des lieux des espèces exotiques envahissantes sur la planète, et propose des solutions face à cette grave menace pour la biodiversité. Les espèces invasives sont en effet impliquées dans 60 % des extinctions de plantes et d'animaux au niveau mondial.

86 experts de 49 pays, quatre ans et demi de travail et 13.000 références analysées: l'IPBES, ce groupe d'experts international parfois surnommé le "GIEC de la biodiversité", a publié son nouveau rapport consacré aux espèces invasives ou, en bon français, aux espèces exotiques envahissantes.

Les experts ont recensé pas moins de 37.000 espèces exotiques, c'est-à-dire d'espèces introduites par une activité humaine dans des régions et des biomes du monde entier, volontairement ou non. Parmi celles-ci, environ 3.500 sont des espèces exotiques envahissantes (EEE) – puisque, rappelons-le, toutes les espèces exotiques ne deviennent pas envahissantes: certaines s'intègrent dans leur milieu d'adoption sans nuire à l'écosystème.

Quant aux autres, leur arrivée s'avère à la fois synonyme de compétition féroce avec les espèces locales et/ou de transformation de l'habitat. Ce qui se traduit par des dégâts sur la palette immense des services rendus aux humains par la nature, comme la purification de l'eau, les ressources culturelles ainsi que matérielles pour se chauffer, se vêtir et bien sûr, se nourrir…

- Quelles sont les espèces invasives les plus répandues dans le monde?

EN IMAGES LES 10 ESPÈCES INVASIVES LES PLUS DANGEREUSES EN FRANCE: VOIR LE DIAPORAMA (A voir sur le site, ci-dessous mentionné)

Un frelon asiatique
Des tortues de Floride
Un raton laveur...

Ainsi, les espèces exotiques envahissantes ont un rôle majeur dans 60 % des extinctions de plantes et d'animaux sur la planète, révèle le rapport, et les coûts annuels dépassent les 423 milliards de dollars. Mais de quelles espèces parle-t-on, au juste? L'IPBES a dressé, dans un communiqué de presse, la liste des 10 espèces exotiques envahissantes les plus répandues dans le monde:

. La jacinthe d'eau Pontederia crassipes: présente dans 74 régions ;

. Le lantanier Lantana camara, un arbuste: 69 régions ;

. Le rat noir Rattus rattus: 60 régions ;

. Le faux mimosa Leucaena leucocephala: 55 régions ;

. La souris grise Mus musculus: 49 régions ;

. Le rat surmulot Rattus norvegicus: 48 régions ;

. Le ricin commun Ricinus communis: 47 régions ;

. L'AILANTE GLANDULEUX Ailanthus altissima, un arbre: 46 régions ; (en Algérie/Cas de Cne et sa région)

. LE ROBINIER FAUX-ACACIA Robinia pseudoacacia: 45 régions ; (en Algérie/Cas de Cne/Djenane Dardar Qacentina: un sujet difficile à éliminer avec des rejets sans cesse qui sortent du sol...)

. L'herbe du Laos Chromolaena odorata: 43 régions.

"Ce tableau ne concerne que la répartition des espèces exotiques envahissantes [nombre de régions où une espèce a été enregistrée et classée comme envahissante sur la base du GRIIS (Pagad et al., 2022)] et non leur impact", précise le communiqué.

L'espèce exotique envahissante terrestre la plus répandue dans le monde n'est autre que la jacinthe d'eau (Pontederia crassipes), dont la propagation dans le lac Victoria, en Afrique de l'est, a conduit à l'épuisement des tilapias (poissons) avec un impact considérable sur la pêche. Cette plante constitue un exemple frappant de la façon dont les espèces invasives nuisent aux moyens de subsistance.

- "La prévention est absolument la meilleure option"

Comme dans ses précédents rapports, l'IPBES dresse non seulement l'état des lieux du problème mais aussi celui des solutions. En l'occurrence, il s'agit de la prévention – en agissant en amont de l'arrivée des espèces exotiques là où elles sont susceptibles de provoquer des dégâts – mais aussi de l'éradication, du confinement et du contrôle des espèces invasives.

"La prévention est absolument la meilleure option, la plus rentable mais l’éradication, le confinement et le contrôle sont également efficaces dans des contextes spécifiques", synthétise dans le communiqué le Pr Anibal Pauchard (Chili), co-président de l'évaluation avec les professeur(e)s Helen Roy (Royaume-Uni) et Peter Stoett (Canada).

"La restauration des écosystèmes peut également améliorer les résultats des mesures de gestion et accroître la résistance des écosystèmes aux futures espèces exotiques envahissantes. En effet, la gestion des espèces exotiques envahissantes peut contribuer à atténuer les effets négatifs d’autres facteurs de changement", ajoute-t-il.

Des progrès restent néanmoins à faire au niveau politique pour mettre en œuvre ces stratégies: 83 % des pays restent à ce jour sans législation ou réglementation nationale spécifique sur les espèces exotiques envahissantes, pointent les experts.


* Des informations concernant l'Algérie (Afrique) et spécialement pour la ville de Constantine et sa région ont été ajoutées sur cet article par Abdelouahab Karaali, forestier en retraite ainsi que le remplacement de la photo de l'article pour mieux sensibiliser mes concitoyens de mon pays sur les espèces invasives présentes dans cette région africaine





Photo: L'AILANTE GLANDULEUX Ailanthus altissima, un arbre, dans la ville du Rocher et sa région (Constantine/Algérie/Afrique) - Janvier 2009/Abdelouahab Karaali (Forestier)

Pour voir le diaporama ci-dessus: https://www.geo.fr/environnement/nouveau-rapport-ipbes-les-10-especes-exotiques-envahissantes-les-plus-repandues-dans-le-monde-216459#photo-20

NASTASIA MICHAELS