L'ex-ministre écologiste Dominique Voynet a annoncé abruptement qu'elle ne briguait pas sa réélection de maire de Montreuil, geste qu'elle a transformé en croisade contre le clientélisme, ses adversaires l'accusant en retour d'avoir eu peur de perdre.
"J'ai pris la lourde décision de ne pas me représenter en mars", a affirmé Mme Voynet, 55 ans, dans une lettre transmise à l'AFP lundi soir, après l'avoir annoncé à son équipe municipale puis aux militants EELV.
En 2008, Mme Voynet, une des fondatrices historiques des Verts en 1984, avait arraché la ville de Seine-Saint-Denis que dirigeait depuis 24 ans l'ex-communiste Jean-Pierre Brard, malgré le soutien officiel apporté par le PS à ce dernier. Elle était ainsi devenue la seule écologiste à diriger une commune de plus de 100.000 habitants, Montreuil devenant un symbole pour son parti.
Médecin-anesthésiste de formation, elle n'avait obtenu un an auparavant, à la présidentielle, qu'un maigre 1,57%.
Mme Voynet a mis en cause un climat politique "violent", exacerbé dans cette banlieue populaire où la droite est inexistante.
"La politique, ce ne peut pas être une sorte de fight club où le seul objectif, c'est de traîner l'adversaire dans la poussière", a-t-elle argumenté, dénonçant ceux qui font campagne en promettant logements et jobs.
"A Montreuil, c'est délirant, tous les coups sont permis. Une partie du PS joue le jeu du pourrissement et de la violence politique", a affirmé à l'AFP Mickaël Marie, directeur de cabinet du numéro un d'EELV Pascal Durand, qui travailla avec elle pendant la campagne présidentielle, au Sénat et à Montreuil.
Peur de perdre ?
"Je sais qu'il n'aurait pas été facile d'être réélue dans une ville où la gauche est aussi divisée", reconnaît Mme Voynet.
"Dans une triangulaire, je ne la voyais pas perdante", défend un cadre EELV.
M. Brard, qui entend bien récupérer la ville, a vu dans son renoncement "une anticipation du résultat de l'élection".
Nouvelle donne
"Les Montreuillois l'ont prise en grippe", a-t-il dit, l'accusant de "manque de respect" et de "compétence", d'"avoir fait de Montreuil un paradis des promoteurs".
Le cinéma d'art et d'essai le Méliès, où ont été constatés des irrégularités de gestion, a été l'un des nombreux sujets d'âpre discorde entre la maire et ses adversaires.
"Tout le monde lui a savonné la planche: Brard, le PCF, Claude Bartolone (président de l'Assemblée nationale et député de Seine-Saint-Denis, qui reste le "patron" du département, ndlr), ou encore Razzy Hammadi", le député PS qui s'est positionné dès septembre pour être tête de liste, accuse un responsable EELV.
Ce départ ouvre les interrogations sur les futurs candidats à la mairie, avec une gauche morcelée. Jusqu'à maintenant, les écologistes faisaient de Montreuil un cas d'école: ils étaient prêts à accepter des listes d'union de la gauche au niveau national "partout où c'est possible", comme le prône la direction du PS, mais à condition que Mme Voynet soit tête de liste "avec le poing et la rose" derrière elle dès le premier tour.
Les négociations ne sont pas terminées. La famille socialiste, localement, n'est d'ailleurs pas unie.
"On est face à une nouvelle donne, il faut poursuivre les discussions", a dit à l'AFP Alain Fontanel, de la direction du PS.
Mme Voynet "avait une légitimité. EELV n'a pas de personnalité locale à la notoriété suffisamment affirmée pour revendiquer la tête de liste sans condition", commente un cadre du PS sous couvert d'anonymat, tandis qu'un responsable EELV reconnaît qu'imposer un candidat écologiste "n'a en effet plus de sens".
Le député Razzy Hammadi s'est borné mardi à saluer "les efforts mobilisés par son équipe et elle-même".
Pour l'UMP, l'héritage laissé par la maire sortante "risque de peser longtemps" sur les habitants. Elle mentionne d'"importantes augmentations d'impôts", "saleté des rues, éclairages indigents, squats, problèmes de circulation", "incivilité et insécurité"...
Née le 4 novembre 1958 à Montbéliard (Doubs) dans une famille d'enseignants, Mme Voynet est jugée cassante par des détracteurs, "courageuse" par des proches.
A la tête des Verts en 1993, elle a été ministre de l'Environnement sous Lionel Jospin (1997-2001).
* Photo: AFP/AFP/Archives - L'ex-ministre écologiste Dominique Voynet a annoncé abruptement qu'elle ne briguait pas sa réélection de maire de Montreuil, geste qu'elle a transformé en croisade contre le clientélisme, ses adversaires l'accusant en retour d'avoir eu peur de perdre
-
Votre commentaire
Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Posté Le : 26/11/2013
Posté par : akarENVIRONNEMENT
Photographié par : Photo: AFP/AFP/Archives ; texte: AFP du mardi 26 novembre 2013
Source : http://fr.news.yahoo.com/