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Planète - Munich: Pas de ville durable sans lien social



Planète - Munich: Pas de ville durable sans lien social




REPORTAGE - La ville de Munich est l'invitée d'honneur de la Biennale de l'habitat durable qui se tient en juin à Grenoble. «20 Minutes» est allé voir ce que les Bavarois ont à nous apprendre...

De notre envoyée spéciale à Munich

Ils ont tous le mot à la bouche: social. Qu’ils soient architectes, jardiniers associatifs, conseillers en rénovation thermique, tous nous parlent de mixité, de lien, de partage. Pour les Munichois, une ville «durable» est avant tout une ville vivable et vivante, où les habitants sont au premier rang dans la prise de décisions.

«Les enjeux écologiques ne sont pas prioritaires»

«Le principal objectif d’un éco-quartier devrait être le lien social».

Ce n’est pas un baba-cool ni un représentant des services sociaux de la ville qui l’affirme, mais Klaus Kellerer, qui a mené le projet de construction de la Messestadt, un nouveau quartier mêlant un immense hall d’expositions, des bureaux et des habitations. Là vivent 16.000 personnes dans 7.500 appartements construits depuis 1998. L’endroit a beau être agréable, il n’était pas certain que la mayonnaise allait prendre: «Nous avons respecté la règle de mixité sociale, à savoir 40% de logements sociaux, 40% d’appartements à louer pour des personnes à revenu moyen et 30% à vendre pour des gens plus aisés», explique Klaus Kellerer.

En traversant les allées de la Messestadt en fin de journée, on voit que les enfants jouent au foot tous ensemble, que des bandes de mamans baladent les poussettes en discutant et que les cours de gym pour mamies attirent du monde sur les pelouses. Aucune insécurité dans ce quartier où les allées bordant la forêt ne sont quasiment pas éclairées la nuit. Klaus Kellerer pourrait être satisfait du résultat, mais il regrette encore que certains ne se soient pas appropriés le quartier: «Grâce aux conseils de quartier, les habitants peuvent choisir par exemple le nom des rues, mais nous nous apercevons que ce sont les propriétaires qui se sentent le plus impliqués. Les autres restent encore un peu sur la touche.» Les points de rencontre manquent aussi, comme des cafés ou des épiceries qui se comptent sur les doigts d’une main et laissent la place au grand centre commercial accessible depuis le métro.

«Les enjeux écologiques ne sont pas prioritaires, pense Klaus Kellerer. Il faut surtout que les gens se sentent partie prenante de leur environnement.»

Isoler les maisons, mais pas ses habitants

Le social, Roland Gräbel a dû s’y mettre, bon gré mal gré. Le directeur du Bauzentrum, une agence de la ville chargée de conseiller et former particuliers et professionnels à la rénovation thermique et à la construction écologique, avoue avoir vu un jour arriver une grand-mère en larmes qui ne pouvait plus payer ses factures.

«L’énergie est vraiment devenu un problème social, explique-t-il. A chaque fois que les prix augmentent, nous voyons arriver un nouveau public.»

Pour Roland Gräbel, incollable en isolation thermique, en équilibre hydraulique et en maisons passives, le bâtiment «ce n’est pas que de l’énergie. Il faut prendre aussi en compte tous les aspects sociaux, comme l’accessibilité qui devient un vrai sujet à cause du vieillissement de la population. C’est pour cela que le concept global de rénovation est subventionné par la ville et l’Etat allemand.»

Bêchage entre voisins

Les Munichois semblent mettre un point d’honneur à conserver la convivialité qui pouvait exister avant l’afflux massif de travailleurs à la recherche d’un emploi. L’anonymat et la froideur des grandes villes, pas question. Christine Leyermann, qui s’occupe du jardinage urbain pour l’importante association environnementale munichoise GreenCity, a sa méthode: le bêchage entre voisins.

«C’est une manière de retrouver l’environnement en ville mais surtout cela permet aux gens de se connaître en arrosant et en entretenant les parcelles.»

Dans les onze jardinets où l’association est intervenue, ce sont des «parrains verts», à savoir des résidents d’une même rue, qui se sont associés pour planter des arbustes et des fleurs là où auparavant il n’y avait que de la terre à l’abandon.

«J’en connais qui ont même fait des plannings dans l’immeuble pour savoir qui doit arroser, qui doit tailler, etc», raconte Sébastien Godon, responsable des «Grünpaten» chez GreenCity.

«Il y a 860 jardins communautaires à Munich, chiffre Christine, qui fonctionnent sans faire de pub, plantent leurs légumes et font des fêtes en été!».

A Munich, la convivialité passe quand même toujours par une chope de bière.

* Photo: Dans le quartier de Messestadt Riem, à Munich, les mamans promènent les poussettes au bord du lac, le 6 mai 2013. A.CHAUVET / 20 MINUTES

Toutes les infos sur la Biennale de l'habitat durable

Audrey Chauvet



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