Au terme d’un débat unique en Europe, les éleveurs de poissons français ne nourriront pas leurs poissons avec des farines animales malgré le feu vert de la Commission européenne, pour rassurer des consommateurs échaudés par le récent scandale alimentaire de la viande de cheval.
«Nos consommateurs français n’en veulent pas, nous sommes donc contre leur réintroduction», indique Stéphane Dargelas, directeur marketing et commercial du groupe Aqualande, leader européen dans l’élevage et la transformation de la truite.
«Cette décision de Bruxelles fait du tort à notre profession», déplore-t-il, car elle risque de créer la confusion dans l’esprit de certains consommateurs et de les détourner des rayons.
«La France est le seul pays européen où l’annonce de la réintroduction de farines animales dans l’élevage aquacole a suscité une telle campagne médiatique», reconnaît Arnault Chaperon, aquaculteur depuis 1977.
Pour le Comité interprofessionnel des produits d’acquaculture (Cipa), opposé aux farines, la solution passe par la mise en place d’un étiquetage rapide et systématique des produits aquacoles certifiés par une charte de qualité qu’il vient de mettre en place.
Le gouvernement français, qui a déploré le feu vert bruxellois, souhaite aussi la mise en place d’un label précisant l’absence de farine animale.
«On n’a rien à cacher et on est fier de notre métier», assure Marc Lamothe, son président, félicitant par exemple du fait que «nos truites, bars, dorades, turbots et esturgeons se retrouvent sur les étals du poissonnier moins de 72 heures après avoir été pêchés, car nous ne travaillons que sur commande».
La «Charte qualité-Aquaculture de nos régions» est supposée garantir les bonnes pratiques de la filière. Assortie d’un cahier des charges rigoureux, elle garantit donc qu’aucune protéine animale transformée (PAT) n’est introduite dans l’alimentation des poissons d’élevage.
Les PAT sont constituées par les déchets d’abattoirs, essentiellement de porc et de volaille, mais hors ruminants, obtenus à partir du concassage de ces matières, de leur cuisson, de leur broyage et tamisage.
Bruxelles a autorisé la réintroduction des farines de porc et de volaille en Europe à partir du mois de juin pour l’alimentation des poissons d’élevage. L’utilisation des farines animales pour les ruminants avait été interdite en 1997 et elle avait été étendue aux poissons en 2001.
«Je n’ai jamais utilisé de farine animale pour nourrir mes truites et mes esturgeons», indique Arnault Chaperon, mais exclusivement «de la farine, de l’huile de poisson et des produits végétaux issu du lin ou du soja».
Engagé sur la préservation de l’environnement, le Cipa espère produire à l’horizon 2020, 1 kilo de truite pour 1 kg de poisson sauvage consommé, contre 2,4 kilos actuellement.
Cette démarche qualitative a emporté l’adhésion de plusieurs enseignes. Elle a recueilli par ailleurs le soutien de l’ONG environnementale World Wildlife Fund et celui d’associations de consommateurs, précise le Cipa.
L’aquaculture française produit environ 50.000 tonnes de poissons par an (salmonidés, poissons d’étangs, poissons marins).
Marie-Christine de l'AFP
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Posté Le : 25/03/2013
Posté par : akarENVIRONNEMENT
Photographié par : Photo et texte: Marie-Christine de l'AFP du dim 17 mars 2013
Source : latribune-online.com