Algérie

Planète : Le massacre continue au site archéologique de Tiklat (El Kseur)


C'est dans une totale indifférence des pouvoirs publics que les pelleteuses de l'ETRHB, entreprise en charge du projet de transfert des eaux de Tichy Haf, continuent de détruire une grande partie du patrimoine archéologique de Tiklat, site pourtant officiellement déclaré patrimoine historique national et censé être classé. Jeudi 8 octobre, s'étant déplacés sur les lieux du projet, nous avons constaté tout le long de la tranchée, devant recevoir la conduite principale, que d'importants vestiges ont été mis au jour et détruits sur une longueur de plusieurs centaines de mètres. Située dans la basse vallée de la Soummam, Tiklat est une ville antique fondée par l'empereur romain Octave Auguste avant l'ère chrétienne. Ses vestiges, qui comprennent des citernes romaines, des thermes, des nécropoles, des remparts, des céramiques, des mosaïques, des stèles funéraires, s'étendent sur plus de 25 hectares. Ce site fait actuellement l'objet d'une étude pour sa protection et sa mise en valeur. Cependant, il n'a jamais fait l'objet d'études approfondies. En janvier de l'année passée, l'ETRHB avait déjà été sommée d'arrêter les travaux d'excavation après avoir piétiné sur le périmètre de protection du site et détruit du mobilier archéologique. Le tracé de la conduite a donc été revu et corrigé, mais il n'a été dévié que de quelques dizaines de mètres des remparts de la ville antique. Ce jeudi après-midi, le hasard a fait que nous nous sommes déplacés à proximité du chantier du projet de transfert des eaux de Tichy Haf pour prendre quelques photos des remparts de la ville. Là, nous avons constaté que des dizaines de structures ont été mises au jour et détruites par les excavatrices. Des restes de céramiques brisées et de mobiliers archéologiques jonchent le sol quand ils ne sont pas enfouis sous les monticules de terre que déposent les pelleteuses le long de la conduite. Le plus aberrant est que ces travaux d'excavation sur un site archéologique de cette importance se déroulent sans la présence d'archéologues pour les superviser.
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