Nairobi (AFP)
Ils ne pèsent que quelques grammes mais ravagent tout sur leur passage: redoutés depuis des siècles, les criquets pèlerins sont à l'origine d'une nouvelle et spectaculaire propagation dans la Corne de l'Afrique.
Les criquets pèlerins sont une espèce de sauterelle originellement solitaire et inoffensive qu'on trouve dans les régions désertiques ou semi-désertiques, sur une bande s'étendant de la Mauritanie jusqu'à l'Inde.
Leur reproduction s'accélère sous l'effet de pluies abondantes. C'est quand leur nombre devient important que leur comportement se modifie: ils se regroupent en essaims voraces pouvant se déplacer, au gré des vents dominants, sur de grandes distances, dévorant la végétation sur leur passage.
La FAO qualifie le criquet pèlerin de "ravageur migrateur le plus destructeur au monde". Sa menace est connue et redoutée depuis des siècles, c'est une des dix plaies d'Egypte évoquées par la Bible. La FAO a caractérisé le phénomène actuel de "recrudescence", correspondant à un impact à l'échelle d'une région. La qualification d'"invasion" intervient lorsque jusqu'à 60 pays sont atteints.
Au XXe siècle, la FAO a recensé six "invasions", dont la dernière remonte à 1987-1989. La plus récente "recrudescence" datait de 2003-2005.
En 2018, une saison intense de cyclones dans la péninsule arabique a permis la prolifération de criquets pèlerins, dont les essaims ont gagné le Yémen, l'Arabie Saoudite et l'Iran.
Ils sont arrivés dans la Corne de l'Afrique mi-2019, y trouvant un terrain propice alors que la région connaissait une des années les plus humides depuis des décennies, marquée notamment par huit cyclones au large de l'Afrique de l'Est.
- Les criquets peuvent parcourir jusqu'à 150 kilomètres en une journée
Un criquet pèse environ deux grammes et mange quotidiennement l'équivalent de son poids. Regroupés en essaim, ils peuvent parcourir jusqu'à 150 kilomètres en une journée. Selon la FAO, un essaim d'un km2 peut contenir jusqu'à 80 millions d'adultes, qui consomment en une journée la même quantité de nourriture que 35.000 personnes.
En 2020, l'un d'entre eux a même été estimé au Kenya à 2.400 km², soit presque l'équivalent d'une ville comme Moscou, pouvant contenir jusqu'à 200 milliards de criquets. Neuf pays de la région ont été touchés en 2020: l'Ethiopie, la Somalie, le Kenya, l'Erythrée, Djibouti, le Soudan, le Soudan du Sud, l'Ouganda et la Tanzanie.
Après une accalmie de quelques mois, de nouveaux essaims - n'atteignant pas plus de quelques km2 - sont apparus en décembre en Somalie et Ethiopie, avant de gagner le Kenya. D'autres ont été localisés à Djibouti, en Erythrée, en Tanzanie et au Soudan.
Selon la FAO, les criquets pèlerins ont affecté l'alimentation de quelque 2,5 millions de personnes en 2020 et devraient en toucher 3,5 millions en 2021, dans l'ensemble de la région. "Nous avons évité une catastrophe majeure l'an dernier. Nous avons arrêté les criquets au Kenya, ils n'ont pas pu migrer vers le Sahel", souligne toutefois Cyril Ferrand, expert auprès de la FAO basé à Nairobi.
- Des pesticides pour les arrêter
Le moyen le plus efficace pour enrayer une invasion est l'épandage de divers pesticides, pulvérisés à petites doses, tant par les airs que depuis le sol. Ces opérations sont généralement menées en soirée, quand les criquets se reposent et ne sont plus mobiles. Les produits agissent au bout de plusieurs heures, parfois plusieurs jours. Leur toxicité s'efface au bout d'une journée, mais cause toutefois la mort d'abeilles, papillons et autres insectes, selon la FAO. Les opérations d'épandage sont ciblées et des évaluations a posteriori sont menées, assure l'organisation.
Photo: Le criquet mange l'équivalent de son poids en une journée © AFP/Yasuyoshi CHIBA
Par GEO avec AFP
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Posté Le : 20/02/2021
Posté par : akarENVIRONNEMENT
Ecrit par : Par GEO avec AFP - Publié le 16/02/2021
Source : https://www.geo.fr/