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Planète - Le Brésil, premier producteur mondial, fait grimper les cours: Le jus d’orange flambe sur le marché mondial



Planète - Le Brésil, premier producteur mondial, fait grimper les cours:  Le jus d’orange flambe sur le marché mondial




Les amateurs de jus d’orange sont prévenus: le prix de leur boisson préférée pourrait grimper dans le courant de l’année. Les cours de l’orange, matière de base (53%) du concentrée utilisé dans la fabrication du jus, comme ceux de ce concentré, sont en effet sous tension sur les marchés internationaux. D’après l’interprofession française des jus de fruits (Unijus), les prix de l’orange devraient accuser une augmentation de 10 à 25%, après une tendance haussière qui s’est maintenue durant quatre ans et les a fait grimpé de 55%.Les professionnels de la filière pointent un doigt accusateur sur le Brésil qui détient un quasi-monopole sur l’orange et le jus d’orange. Cette situation de dominance lui permet de faire fluctuer à sa convenance les stocks et, par conséquent, agit sur les prix qu’il fait grimper, d’autant plus qu’il est aidé, cette année, par une météo défavorable.

Pour le président d’Unijus, Emmanuel Vasseneix, cette flambée s’explique en partie par la hausse de la demande avec l’arrivée sur le marché des consommateurs asiatiques qui ont pris goût pour les jus de fruits. Mais s’agissant de l’orange, c’est surtout «la mainmise du Brésil» qui en est la cause. «A lui seul, le Brésil contrôle 70% de la production d’oranges dans le monde, voire 85% avec les vergers qu’il a acquis en Floride», le deuxième producteur mondial, indique le président d’Unijus à l’AFP.

Météo, maladies et politique agricole brésilienne

De plus, le prix de l’orange brésilienne est hissé vers le haut en raison de l’augmentation du coût de la main-d’œuvre. «Les standards sociaux du Brésil sont désormais proches de ceux des pays occidentaux. Les salaires augmentent car il y a des risques de pénuries de salariés. Sur ce point, le secteur est en concurrence avec celui de la construction», indique Unijus au Figaro. Le président de l’Institut professionnel pour la qualité des jus de fruits (Qualijus), Emmanuel Manichon, cité par l’AFP, renchérit et affirme que le Brésil, où les agriculteurs bénéficient d’un revenu minimum garanti, «a cessé d’être un pays en développement». Le salaire moyen dans les vergers a plus que doublé en 10 ans. Simultanément la monnaie locale, le real, s’est apprécié par rapport au dollar, contribuant au renchérissement des prix.

«Le gouvernement mène une politique interventionniste. Il fixe un niveau de prix d’intervention. En dessous de ce prix, il rachète les stocks pour les consacrer à la consommation intérieure», explique le Secrétaire général d’Unijus, Thomas Gauthier. «Ceci lui permet de maintenir les prix artificiellement hauts». «Le Brésil maintient artificiellement le coût élevé des matières premières, autour de 2.400 à 2.500 dollars la tonne de jus concentré» (compter 1 litre de concentré pour obtenir 6 litres de jus), confirme M. Vasseneix. Quand les prix risquent de passer sous la barre des 2.100 dollars sur le marché mondial, l’Etat brésilien rachète les stocks qu’il écoule sur le marché intérieur en les réinjectant dans le programme scolaire nutritionnel. «Actuellement les stocks ont atteint des niveaux records de 1,1 million de tonnes», indique M. Gauthier.

Et avec la météo et les maladies ravageant des vergers entiers qui s’en sont mêlées, la situation s’est un peu plus aggravée. En effet, à la sécheresse s’est ajoutée le greening, une maladie qui flétrit les fruits et les rend invendables. Des orangeraies du Brésil sont affectées par cette bactérie. Idem pour la Floride. Le département américain de l’Agriculture pourrait revoir à la baisse sa prévision de production d’oranges pour le cinquième mois consécutif. La Floride a connue une forte sécheresse et ses oranges ont été affectées par le «greening».

Pomme, raisin et pamplemousse sur la même voie

Mais l’orange et le jus d’orange ne sont pas les seuls à être touchés par ces hausses des cours. La tension s’est étendue aux prix d’autres fruits destinés à être pressés qui ont suivi la tendance. Même avec des prix en hausse, «quand tout le monde est ric-rac, on s’arrache la matière première», commentera le SG d’Unijus qui informe que la pomme a enregistrée une hausse de 60%, alors que pour le pamplemousse, elle a atteint 115% et, selon les prévisions des professionnels du secteur, risque de grimper encore de 40%. «Pour 2013, les perspectives ne sont pas meilleures», insiste le président d’Unijus qui, sans préjuger de la météo, redoute jusqu’à 70% d’augmentation pour le raisin et 20 à 60% pour la pomme. Les deux fruits souffrent d’un problème d’approvisionnement.

«La Chine, une des principales sources d’approvisionnement mondial en pommes, a cessé de presser les siennes en 2012 pour les garder en fruits de bouche», indique M. Gauthier. «La Chine s’est rendue compte que le fruit de bouche avait plus de valeur que le fruit pressé. Du coup, il n’y a plus de disponibilités pour la transformation à des prix raisonnables.» L’Empire du milieu est le premier producteur mondial de ce fruit avec une production pour la saison 2012/2013 avec 38 millions de tonnes, selon le département américain de l’Agriculture, loin devant l’Europe (11,2 millions) et les États-Unis (4,2 millions). Selon la revue professionnelle spécialisée Food news, pour la récolte de 2010, la Chine a produit 33,2 millions de tonnes de pommes, contre 4,2 Mt aux Etats-Unis. La France est 7ème après la Turquie, la Pologne et l’Inde notamment. Mais le jus de raisin n’a pas la cote chez les consommateurs et ne constitue donc pas une priorité. De plus, suite à l’arrachage, encouragé par l’UE, des vignes en France, Italie et Espagne l’Europe, les capacités de production ont baissé en 2012.


Hassan Gherab

* Le marché du jus d’orange

Le jus d’orange est coté en bourse. C’est en fait le concentré de jus d’orange surgelé (le Frozen concentrated orange juice ou FCOJ) qui a son prix fixé sur le marché à terme de New York. Ainsi, depuis 1966, existent des contrats à terme sur le Fcoj. Le marché mondial du jus d’orange est dominé par deux grands producteurs: le Brésil et les Etats-Unis, qui produisent donc la majeure partie du jus du concentré surgelé. Mais si le Brésil exporte 99% de sa production, la quasi-totalité du jus d’orange américain est destinée au marché interne, les Américains étant également les plus gros consommateurs. La moitié du jus d’orange produit dans le monde est destiné au marché américain. Comme toutes les matières premières, le prix du Fcoj est affecté par la loi de l’offre et de la demande. Ainsi, tous les facteurs susceptibles de limiter l’offre, comme des conditions météorologiques défavorables ou des maladies affectant les orangeraies qui feraient baisser les rendements, auront une répercussion sur les cours cours des contrats à terme cotés sur le New York Board of Trade (Nybot). Quant à la filière du Fcoj, elle est dominée par quatre groupes détiennent 90% de la production d’oranges et de jus.



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