Algérie - Maladies et parasites agricoles

Planète - La réintroduction temporaire des néonicotinoïdes en France définitivement autorisée



Planète - La réintroduction temporaire des néonicotinoïdes en France définitivement autorisée


Le Parlement revient sur son vote de 2016 interdisant l’usage de cet insecticide tueur d’abeilles, afin de «sauver» les producteurs de betterave sucrière, mise en grande difficulté par l’arrivée de la jaunisse.

Le retour temporaire des néonicotinoïdes, insecticides tueurs d’abeilles, pour «sauver» la filière betterave est désormais acté. Après l’Assemblée nationale, le Sénat a voté, mercredi 4 novembre, le projet de loi par 183 voix contre 130, ce vote valant adoption définitive.

Le projet de loi autorise, à titre dérogatoire, les producteurs de betteraves à sucre à utiliser jusqu’au 1er juillet 2023 des semences traitées avec des pesticides de la famille des néonicotinoïdes, interdits depuis 2018. «Chargée du suivi et du contrôle de la recherche et de la mise en œuvre d’alternatives» aux néonicotinoïdes, un conseil de surveillance, notamment composée de huit parlementaires ainsi que de représentants de la filière et d’associations de protection de l’environnement, accordera les dérogations. La loi prévoit également que, sur les parcelles où ont été utilisés des néonicotinoïdes, il sera interdit d’implanter des cultures attirant les abeilles afin de ne pas les exposer.

Dans un communiqué, le président de la Confédération générale des planteurs de betteraves (CGB), Franck Sander, a salué «un vote crucial». Il a réclamé, par ailleurs, que l’adoption de ce texte s’accompagne d’un «mécanisme d’indemnisation financière à destination des betteraviers à la hauteur des lourdes pertes engendrées par la jaunisse».

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- La majorité divisée

Cette réintroduction temporaire des néonicotinoïdes a divisé la majorité présidentielle début octobre, en première lecture, avec un record de contestations chez les députés LRM depuis le début de quinquennat: 32 votes contre et 36 abstentions. Au sein du groupe majoritaire, 175 députés avaient soutenu le projet de loi.

Le ministre de l’agriculture, Julien Denormandie, a reconnu à plusieurs reprises qu’il s’agissait d’un texte «difficile», pour défendre la «souveraineté alimentaire» française face à une «situation exceptionnelle». Pour le rapporteur du texte à l’Assemblée, Grégory Besson-Moreau (LRM), cet article «apporte, dans le respect du droit européen, une réponse à la question essentielle des importations déloyales».

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La rapporteure du texte au Sénat, Sophie Primas (LR), a aussi considéré que ce texte répond à «une urgence». Pour l’année 2020, Mme Primas évoque des pertes de rendement, estimées «entre 13 et 20 %» sur le territoire national, avec dans certains départements, «des pertes moyennes sans doute au-delà de 40, voire 50 %». Les dérogations devraient, en effet, être effectives au plus tard en décembre, pour laisser le temps aux industriels de produire les semences nécessaires au semis de mars et protéger ainsi la betterave du puceron vert, qui lui transmet la jaunisse. Une maladie qui affaiblit la plante, conduisant à une perte importante de rendement.

Mais comme à l’Assemblée, le bloc de gauche a fait front commun pour relayer l’opposition des apiculteurs et organisations de défense de l’environnement. La gauche reproche notamment au gouvernement de «ne pas respecter» le Parlement en revenant sur le vote de 2016, qui avait interdit ce type de pesticides à partir de 2018. Le sénateur écologiste Joël Labbé a dit sa conviction que, «même dans une situation d’urgence, des alternatives étaient possibles», défendant un changement du «modèle agricole», basé sur «l’agriculture paysanne». «Ce projet de loi est une défaite magistrale, c’est une défaite sanitaire et environnementale», a fustigé Angèle Préville (PS). Au Palais-Bourbon, l’insoumise Mathilde Panot a promis un «signalement» devant la Cour de justice de la République pour «mise en danger délibérée de la vie d’autrui».



Photo: Un agriculteur récolte un champ de betteraves sucrières à Bourlon, le 3 novembre 2020. PASCAL ROSSIGNOL / REUTERS

Le Monde avec AFP


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