Par CHRISTIAN LOSSON Envoyé spécial à Tunis
«Comment l’agriculture peut-elle aider à la lutte contre le climat?»
«Pourquoi la souveraineté alimentaire est la solution pour nourrir la planète?»
Jamais, Via Campesina («la voie paysanne» en espagnol), réseau de 200 millions de paysans de 70 pays, n’a autant donné de la voix. Josie Riffaud, sa déléguée européenne, est venue à Tunis avec 50 délégués, remontés comme jamais.
«70% des habitants de la planète sont agriculteurs, et les multinationales accaparent leurs ressources: terre, semences, eau, marchés», dit-elle.
L’agro-business est à l’offensive, mais les petites mains alters se liguent de plus en plus pour résister. Avec, sur fond de scandales alimentaires, le sentiment de ne pas être assez entendu…
«On peut vivre sans marché, mais pas sans nourriture», lance la Mexicaine Silvia Ribeiro, qui dénonce la mainmise d’un cartel d’entreprises sur les semences.
«5% des graines étaient brevetées il y a trente ans, 85% aujourd’hui», ajoute-t-elle.
Pourtant, les cultures OGM patinent.
«Les gens n’en veulent pas, ils utilisent trop de fertilisants», souffle un délégué canadien, qui note que la revue Nature Biotechnology «vient de rappeler que le maïs transgénique a, le plus souvent, une productivité inférieure au maïs classique».
Les délégués de Via Campesina se succèdent dans un amphi bondé. Sur fond de réquisitoire sur l’industrie de la viande.
«Première cause de déforestation dans le monde», dit une militante; «Veut-on bouffer du poulet à 90% industriel», lâche un autre.
A la recherche, aussi, de campagnes plus offensives.
«Les solutions pour nourrir le monde, ce sont les paysans qui les ont, pas les grandes firmes, estime une Indienne, avocate de l’agro-écologie. Chez nous, 1 kilo d’engrais produisait 70 kilos de nourriture en 1960, mais seulement 5 aujourd’hui.»
«La nourriture industrielle ne nourrit pas les peuples, elle les affame», reprend Josie Riffaud.
Un Américain prend la parole.
«Il faut qu’on travaille encore plus sur la force de nos ennemis, qu’on démonte leur captation.»
Puis c’est au tour de Tom Kucharz, d’Ecologistas en Acción: «Les alternatives, on les connaît. La connaissance et le droit. On sait qu’on peut nourrir la planète avec l’agro-écologie. Il faut multiplier les convergences avec les écologistes. Et passer vraiment à l’action…»
La radicalisation des mouvements paysans n’en est qu’à ses débuts.
-
Votre commentaire
Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Posté Le : 01/04/2013
Posté par : akarENVIRONNEMENT
Photographié par : Photo: intal.be ; texte: Christian Losson du jeudi 28 mars 2013
Source : liberation.fr