Selon une nouvelle étude, la Nouvelle-Guinée abrite plus de 13.500 espèces de plantes, dont les deux-tiers sont endémiques. Ceci ferait d'elle l'île à la plus grande diversité végétale au monde devant Madagascar et Bornéo.
Avec une superficie de quelque 770.000 kilomètres carrés, la Nouvelle-Guinée constitue la plus grande île tropicale au monde. Mais là n'est pas son seul record puisqu'elle abrite aussi une biodiversité végétale d'une richesse exceptionnelle. C'est ce que révèle une nouvelle étude publiée dans la revue Nature par une équipe internationale de botanistes.
Située en plein Pacifique, au nord de l'Australie et à l'est de la Malaisie, la Nouvelle-Guinée présente une mosaïque complexe d'écosystèmes. On y trouve aussi bien des mangroves que des forêts de plaine ou des prairies alpines perchées à plus de 3.500 mètres d'altitude. Du fait de cette diversité, les scientifiques savent depuis longtemps que l'île abrite un très grand nombre d'espèces végétales.
Depuis le XVIIIe siècle, des expéditions sont régulièrement menées pour identifier et documenter les milliers de plantes qui peuplent le territoire. Toutefois jusqu'ici, personne ne semblait s'être appliqué à évaluer de façon précise le "catalogue" végétal de la Nouvelle-Guinée. Les précédentes estimations suggéraient l'existence d'entre 9.000 et 25.000 espèces.
"Comparé à d'autres régions comme l'Amazonie, pour laquelle des listes de plantes ont récemment été publiées, la Nouvelle-Guinée demeurait "la dernière inconnue'', explique dans un communiqué, Rodrigo Cámara-Leret de l'université de Zurich en Suisse. Pour réduire l'incertitude, ce chercheur et plus de 90 autres botanistes issus de 19 pays ont décidé de mener une vaste étude.
- Plus de 700.000 spécimens passés au crible
En compilant différentes sources, ils ont rassemblé les données portant sur plus de 700.000 spécimens prélevés sur l'île depuis les années 1750. L'ensemble incluait plus de 20.000 espèces végétales dont les chercheurs ont minutieusement vérifié l'identité. Enfin, ils ont comparé la liste obtenue à une autre issue de la base de données "Plants of the World Online" pour la Nouvelle-Guinée.
D'après leur étude, les botanistes ont mis en évidence un total de 13.634 espèces végétales divisées en 1.742 genres et 264 familles. Un record qui suggère que la Nouvelle-Guinée est l'île présentant la plus grande diversité végétale au monde, dépassant de 19% les 11.488 espèces dénombrées à Madagascar et de 22% les 11.165 espèces recensées à Bornéo.
Autre comparaison: l'île tropicale recèlerait trois fois plus d'espèces spermatophytes (les plantes à graines) que Java qui en compte 4.598, et 1,4 fois plus d'espèces de plantes vasculaires que les Philippines qui en dénombre 9.432. "La Nouvelle-Guinée est extraordinaire: c'est une île paradisiaque qui regorge de vie", s'est réjoui Rodrigo Cámara-Leret, principal auteur du rapport.
Une vie en partie unique. Sur les quelque 13.000 espèces répertoriées, 68% sont en effet considérées comme endémiques et n'existent donc nulle part ailleurs. La Nouvelle-Guinée est la seule île de cette région du Pacifique à compter plus de végétaux endémiques que non-endémiques. "Une telle richesse d'espèces endémiques est sans égal en Asie tropicale", a confirmé le botaniste.
Et l'inventaire est loin d'être complet. Depuis 1970, un peu plus de 2.800 nouvelles espèces ont été documentées sur l'île. D'après l'équipe internationale, 3.000 à 4.000 autres pourraient l'être au cours des cinquante prochaines années. A condition que les efforts se multiplient et que davantage d'explorations soient menées avant que les plantes ne disparaissent.
- Des écosystèmes menacés
Comme d'autres îles à la biodiversité très riche, la Nouvelle-Guinée fait face à un déclin de ses habitats naturels. Depuis 2002, l'île a perdu 1,15 million d'hectares de forêt primaire et près de 2 millions d'hectares de couverture forestière, selon des données du World Ressources Institute relayées par Mongabay. En cause notamment: l'exploitation forestière et la conversion des forêts en plantations.
Ce déclin est d'autant plus inquiétant que le fort taux d'endémisme rend les espèces très vulnérables. La disparition des écosystèmes pourrait ainsi conduire à l'extinction irréversible de certaines d'entre elles. D'après l'étude, 53% des végétaux endémiques ont été rencontrées uniquement en Papouasie-Nouvelle-Guinée et 24% uniquement en Nouvelle-Guinée indonésienne.
"Cela signifie que l'Indonésie et la Papouasie-Nouvelle-guinée, les deux Etats entre lesquels l'île est divisée, ont une responsabilité unique pour la survie de cette biodiversité irremplaçable", a souligné Rodrigo Cámara-Leret. Avec leur étude, les scientifiques espèrent ainsi encourager les gouvernements à favoriser les explorations botaniques et les efforts de conservation.
"Il est évident, face à la crise de la biodiversité actuelle, que cette étude représente une avancée dans notre compréhension de la flore de Nouvelle-Guinée et fournit une plateforme vitale pour accélérer la recherche scientifiques et la conservation", a conclu Peter Wilkie, spécialiste du Royal Botanic Garden Edinburgh et co-auteur des travaux.
Photo: Parmi les 13.634 espèces, se trouvent plusieurs orchidées dont celle-ci appelée Dendrobium subclausum. © Andre Schuiteman
Par Emeline Férard
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Posté Le : 09/08/2020
Posté par : akarENVIRONNEMENT
Ecrit par : Par Emeline Férard - Publié le 07/08/2020
Source : https://www.geo.fr/