Depuis 50 ans, la population mondiale a quasiment doublé. La communauté scientifique estime que 85% des animaux ont disparu du milieu naturel. On assiste à un massacre sans précédent.
Qui n’a pas vu au moins une seule fois ces images d’animaux affreusement mutilés pour leur défense, leurs cornes, leur ailerons, leurs fourrures, leur plumes?
Ils se comptent en millions d’individus. Rien que pour les requins, il y en aurait pour plusieurs dizaines de millions par année, qui sont pêchés, mutilés et rejetés à la mer pour leurs ailerons, must de la gastronomie asiatique auxquels on attribue des vertus aphrodisiaques. Des croyances qui sont à l’origine du massacre de 800 rhinocéros en Afrique du Sud depuis le début de l’année dans le célèbre Parc national de Kruger.
Les éléphants, les plus grands animaux terrestres, ne sont pas en reste. Déjà malmenés par la réduction et la fragmentation de leur habitat, ils restent la cible de braconniers lourdement armés qui ne craignent pas de s’attaquer aux militaires et rangers qui les pourchassent. 300 individus ont été abattus cette année dans le Parc national de Bouba N’Djida au Cameroun. Et ce n’est pas le propre des pays asiatiques et africains. Les baleines, les plus grands mammifères marins, sont pourchassées dans tous les océans sous toutes les latitudes pour leur chair. Les images du massacre annuel des dauphins Calderon aux îles Féroé (Danemark) ont fait le tour du monde.
Grindadrap
Chaque année, 1.500 individus sont rabattus vers la côte pour être achevés à coups de couteau par des jeunes qui prouvent ainsi leur virilité. Une tradition vieille de 1.000 ans appelée Grindadrap. Les exemples de ce genre sont légion et n’épargnent aucun continent en réduisant les effectifs de populations entières d’animaux parmi lesquelles les plus emblématiques, comme les tigres pour leur fourrure et leurs crocs, les gorilles des montagnes, les orangs-outans et tous les grands singes, les kangourous, les tortues marines, etc.
Pour l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), dans le monde, aujourd’hui, 15.600 espèces sont menacées. Certaines dépendent de la conservation, d’autres sont vulnérables, en danger ou en voie d’extinction.
De nombreuses espèces ont déjà disparu. Plus de 50 se sont éteintes au cours des cent dernières années. Et d’autres disparaîtront encore ces prochaines années. Parmi les raisons de ces extinctions et disparitions: la chasse. Elle a accompagnél’homme depuis son apparition sur terre, pour le nourrir et c’est encore le cas dans certaines régions où cette pratique a toujours cours avec ce qui est appelé la viande de brousse. Les chimpanzés sont particulièrement recherchés dans les forêts de la frange tropicale de l’Afrique. Puis, la chasse est devenue un loisir et un sport. On ne chassait plus pour se nourrir, mais pour se divertir et entretenir l’instinct de prédateur resté profondément enfoui dans la nature humaine. Les effets ont été ravageurs sur les populations de fauves pour les trophées et celles qui sont devenues commerciales essentiellement pour l’industrie, celle du luxe en particulier.
Menaces
La disparition de populations entières par le fait de la chasse a entraîné, timidement dans la première moitié du XXe siècle, plus énergiquement ensuite, l’apparition de mouvements citoyens qui ont amené leur Etat à interdire et à défaut restreindre sévèrement l’exercice de la chasse. Aujourd’hui, la chasse aux grands fauves, aux grands singes et aux grands mammifères marins et terrestres est quasiment interdite. Ne subsiste que le braconnage qui est passé aux mains de bandes organisées et armées ou dotées de puissants moyens comme des navires en mer. On connaît encore le cas des certains privilégiés, on cite le roi des Espagnols Juan Carlos qui, moyennant de gros contrats, continue de chasser avec la bénédiction des autorités nationales.
Le monde d’aujourd’hui tel qu’il se profile à l’horizon avec la pollution, le réchauffement climatique, la disparition des grands espaces naturels, leurs lieux de vie qui constituent leurs habitats, et le commerce international, les animaux sont devenus les premières victimes de la mondialisation. Leur survie nuit à l’intérêt de la majorité de la population mondiale, provoquant, à l’avenir, la disparition d’un animal sur quatre. En effet, les animaux ont de moins en moins leur place sur la planète. Qu’il s’agisse de leur habitat naturel, du trafic illégal, du réchauffement climatique ou des conflits nés entre humains et animaux, les nombreuses menaces menant à leur disparition progressive pourraient s’avérer inéluctables.
Depuis 50 ans, la population mondiale a quasiment doublé. A l’UICN, on estime que 85% des animaux ont disparu du milieu naturel. Les besoins alimentaires croissants, 94 millions d’hectares de forêts ont été coupés pendant les années 1990. La forêt amazonienne, l’exemple le plus emblématique, disparaît continuellement pour laisser un espace aux exploitations agricoles et aux routes nationales. Les animaux luttant pour leur survie dans un espace vital de plus en plus réduit provoquent un conflit funeste avec les hommes. Dans les pays en voie de développement, les agriculteurs doivent affronter des prédateurs à la recherche de nourriture. Les stocks, plantations et élevages sont la cible des animaux sauvages.
WWF
En Namibie, les babouins s’en prennent aux arbres et les rhinocéros du Népal détruisent tout sur leur passage. Les orangs-outangs d’Indonésie investissent les plantations d’huile de palme. En Europe, ours et loups réintroduits au terme de longues études et négociations préparatoires sont le cauchemar des éleveurs. Le léopard chassé des terres cultivables et devant l’augmentation du nombre d’animaux d’élevage se retrouve obligé de tuer le bétail. Mais c’est incontestablement le commerce animalier qui génère annuellement 160 milliards de dollars, et ceci sans compter l’énorme part du trafic illégal. Servant aussi bien à se nourrir, se vêtir ou se protéger, on sait, par le World Wildlife Fund (WWF), que 100 millions de tonnes de poissons sont vendues chaque année légalement, ainsi que 1,5 million d’oiseaux domestiques. Malgré tous les efforts, de nombreux trafics perdurent et mais certains sont même en progression constante.
Mais comment, par ailleurs, faire la part de la demande de certains peuples qui sont sujet à des croyances et des consommations ancestrales et de l’autre à des hommes qui n’ont d’autres moyens de survie que de fournir une demande sans cesse renouvelée. Malgré les efforts de la communauté internationale, des gouvernements et de la société civile, le trafic illégal d’espèces sauvages s’est développé au cours de ces dernières années, note ainsi le rapport. Ainsi, en Afrique du Sud, où vivent 80% des populations de rhinocéros, le WWF estime que le braconnage de ces derniers a augmenté de 3.000% entre 2007 et 2011. 745 individus ont été tués pour leurs cornes en 2012, dont 668 en Afrique du Sud, pour être ensuite vendus en Asie.
En Algérie on chasse en toute impunité
En Algérie, la presse rapporte souvent les faits de braconniers, c’est le mot qui convient, car ils tuent des espèces protégées par la loi algérienne et les conventions internationales, venus en invités pour des partie de chasse qui se révèlent ravageuses, selon les témoignages de personnalités locales qui commencent à élever la voix.
Des émirs du Golfe ont trouvé auprès des autorités du pays toutes les facilités pour pourchasser les gazelles et les outardes. En contrepartie, ils financent, pour réparer les dégâts qu’ils commettent dans les populations d’oiseaux, avec des élevages qui sont loin de conserver dans leur intégrité, surtout génétique, les populations sauvages autochtones. Ils promettent aussi des financements dans d’autres secteurs de l’économie nationale. Un autre aspect de la mondialisation qui ne nous épargne pas.
Ils ne sont pas les seuls à décimer les animaux en Algérie. D’autres hommes armés, notables, fonctionnaires, élus, responsables locaux, magistrats, qui n’ont rien à craindre en enfreignant les lois, s’autorisent à pourchasser les gazelles jusqu’au fin fond du Sahara ou dans les massifs forestiers du nord-est à la poursuite du cerf de Barbarie.
* Photo: Melissa Brachman, présentatrice américaine, férue de chasse, provoque la colère des internautes à cause de cette photo.
Slim Sadki
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Posté Le : 13/12/2013
Posté par : akarENVIRONNEMENT
Photographié par : Photo: © D. R. ; texte: Slim Sadki
Source : El Watan.com du 6 décembre 2013