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Planète - La lutte mortelle des défenseurs de l’environnement dans le monde



Planète - La lutte mortelle des défenseurs de l’environnement dans le monde


L’ONG britannique Global Witness a publié mercredi 29 juillet son étude annuelle consacrée aux menaces pesant sur les défenseurs de l’environnement. Elle rapporte un nombre record de 212 activistes tués dans le monde en 2019, particulièrement en Colombie et aux Philippines.

«Au moment où nous avons le plus besoin de défenseurs de la planète (…), nous faisons face à un record du nombre de meurtres de défenseurs de l’environnement» dénonce l’ONG Global Witness, dans un rapport publié mercredi 29 juillet. Une conclusion alarmante en ressort: 212 défenseurs de l’environnement auraient été tués en 2019, une moyenne de quatre meurtres par semaine. Un chiffre record pour l’ONG britannique qui étudie les violations des droits des défenseurs de l’environnement depuis 2012.

En comparaison, en 2017 l’association rapportait le chiffre de 201 activistes environnementaux tués, puis 167 en 2018. À l’origine de ces assassinats, Global Witness dénonce des «pratiques commerciales irresponsables et des gouvernements qui les soutiennent», alors que les conséquences néfastes du dérèglement climatique se multiplient à travers le monde.

Les tensions sont particulièrement frappantes dans certains secteurs comme l’industrie minière, où 50 opposants ont été tués en 2019, mais aussi l’agrobusiness qui totalise 34 meurtres et l’exploitation forestière qui en compte 24.

- En Colombie, une situation critique

En première place des pays ayant connu le plus grand nombre de tueries figure la Colombie avec 64 meurtres de combattants pour l’environnement. Un chiffre en hausse de 150 % par rapport à 2018, dans ce pays sujet aux conséquences du dérèglement climatique. Depuis des années, la Colombie voit se développer les exploitations minières cherchant à tirer profit des ressources naturelles locales. leurs représentants exercent une forte pression sur les territoires et les populations qu’elles s’emploient à délocaliser.

À ces conflits s’ajoute un climat de violence qui perdure, malgré la signature des accords de paix entre les forces gouvernementales et les FARC en 2016. «Pendant le conflit, la guerilla avait un rôle de contrôle social que l’État n’a pas su remplacer», souligne Martin Willaume, chargé de partenariats Amérique Latine au CCFD-Terre Solidaire. «De nouvelles conflictualités ont émergé, poursuit-il, avec des milices privées qui défendent les intérêts des grands propriétaires terriens» aux dépens des communautés locales.

- «Manque de volonté politique»

De plus, les accords de paix prévoyaient de remplacer les cultures illicites par des productions légales de café ou cacao, par exemple. Mais ces substitutions demeurent non encadrées ou soutenues par le gouvernement. «Au lieu d’accompagner la transition, l’État a tendance à éradiquer les cultures», explique le spécialiste de l’Amérique latine, qui y voit une source de conflits avec les communautés paysannes locales.

Face à ces tensions, le gouvernement «manque de volonté politique», constate encore Martin Willaume, laissant les communautés seules et vulnérables dans leur lutte pour la protection de leur territoire et, plus largement, de l’environnement.

- Les Philippines, le pays le plus à risques en Asie

Derrière la Colombie dans le classement Global Witness, et juste devant le Brésil (24 assassinats), les Philippines ont compté 43 meurtres de défenseurs de l’environnement en 2019, contre 30 en 2018.

En cause, dans ce pays parmi les plus vulnérables au dérèglement climatique et très exposé aux catastrophes naturelles, la politique environnementale du président Rodrigo Duterte depuis son arrivée au pouvoir en 2016. Depuis lors, 119 protecteurs de l’environnement ont été tués, un bilan deux fois plus élevé qu’au cours des trois années précédentes. Aux Philippines, les défenseurs de l’environnement font face à une urgence avec la destruction des forêts par les groupes miniers ou forestier, rapporte Global Witness, qui dénonce une tendance à les faire passer pour des rebelles afin de les discréditer.

Parmi les défenseurs assassinés aux Philippines, un grand nombre de leaders autochtones. Une tendance qui se confirme à l’échelle mondiale: selon l’ONG, ils représentent 40 % des défenseurs de l’environnement assassinés.



Albane Thirouard


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