Explication: Dans un appel publié lundi 6 septembre, 233 revues médicales de la planète réclament de la part des gouvernements des «plans crédibles» et des «changements fondamentaux» des sociétés, économies et modes de vie pour limiter à 1,5 °C le réchauffement et éviter des «dommages catastrophiques pour la santé, impossibles à inverser».
Le pire n’est pas encore une certitude. Les rédacteurs en chef de 233 revues médicales de la planète demandent aux dirigeants d’agir pour faire de 2021 «l’année où le monde changera enfin de cap», pour limiter à 1,5 °C le réchauffement climatique et enrayer l’effondrement de la biodiversité. Au risque, sinon, d’entrer dans une spirale de «dommages catastrophiques pour la santé, impossibles à inverser» et «d’atteindre des points de basculement dans les systèmes naturels qui pourraient enfermer le monde dans un état d’instabilité aiguë».
«La plus grande menace pour la santé publique mondiale est l’incapacité persistante des dirigeants mondiaux à maintenir l’augmentation de la température mondiale en dessous de 1,5 °C et à restaurer la nature», dénoncent-ils.
- «Faire beaucoup plus, beaucoup plus vite»
Scientifiques et médecins exhortent les dirigeants à ne pas rater le coche lors des trois rendez-vous de cet automne: l’assemblée générale de l’ONU mi-septembre, la première partie en visioconférence du sommet sur la biodiversité en octobre, et la conférence sur les changements climatiques en novembre à Glasgow, en Écosse. Et ils demandent aux nations riches, celles qui sont à l’origine de la crise environnementale de «manière disproportionnée», de «faire beaucoup plus, beaucoup plus vite» et «d’aider les pays à faible et moyen revenu».
Les promesses ne suffisent plus, s’impatientent-ils. Il faut dorénavant des «plans crédibles» pour réduire drastiquement les émissions de CO2 et stopper la destruction du monde naturel. «Les gouvernants doivent apporter des changements fondamentaux à l’organisation de nos sociétés et de nos économies, ainsi qu’à notre mode de vie», réclament-ils.
- «Il n’existe aucun vaccin contre la crise du climat»
Depuis deux décennies, le réchauffement a déjà des effets délétères très mesurables sur la santé, et ceux-ci affectent «de manière disproportionnée» les plus vulnérables, enfants, vieillards, minorités et communautés les plus pauvres. Il aggrave aussi l’état des écosystèmes déjà dégradés, affecte le rendement des cultures et compromet la ressource en eau et en alimentation. «Les risques du changement climatique pourraient éclipser ceux de n’importe quelle maladie. La pandémie de Covid-19 prendra fin, mais il n’existe aucun vaccin contre la crise du climat», a commenté le patron de l’Organisation mondiale de la santé, Tedros Adhanom Ghebreyesus.
De nombreux gouvernements ont su mobiliser des financements sans précédents face à la pandémie de coronavirus. Celle-ci ne doit pas être un prétexte pour retarder les décisions. Au contraire, la crise environnementale exige une réponse d’urgence, plaident-ils. Les investissements considérables requis auront aussi d’énormes retombées positives, ajoutent-ils.
Or pour l’heure, la pandémie a continué à creuser les inégalités de revenus et de richesse dans le monde. Le Covid a cristallisé la nécessité de s’attaquer à la «combinaison toxique de mauvaises politiques sociales, d’une économie injuste et de mauvaises politiques [qui] sont responsables d’une grande partie des inégalités en matière de santé», pointaient Lauren Paremoer de l’université du Cap, en Afrique du Sud, et plusieurs autres signataires dans le British medical journal en janvier dernier, appelant à un monde post-Covid plus juste et plus durable.
Photo: Lors des inondations en Inde, événement climatique extrême, le 31 juillet 2016. ANUPAM NATH/AP
Marie Verdier
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Posté Le : 07/09/2021
Posté par : akarENVIRONNEMENT
Ecrit par : Marie Verdier, le 06/09/2021
Source : https://www.la-croix.com/