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Planète - La Californie, moteur du combat écologique aux Etats-Unis



Planète - La Californie, moteur du combat écologique aux Etats-Unis




Tim Krantz se souvient de l'époque où l'air était irrespirable à Los Angeles. Le ciel de la cité californienne aux six millions de voitures était teinté de jaune orangé, l'air piquait les yeux et irritait les bronches... un tableau qui n'a plus rien à voir avec la ville d'aujourd'hui.

«Dans les années 70, on ne voyait pas les montagnes pendant des mois d'affilée», ajoute ce professeur d'écologie à l'université de Redlands.

L'urgence sanitaire était telle que les autorités ont eu toute latitude pour concevoir des politiques environnementales ambitieuses.

Aujourd'hui, le ciel est si clair à Los Angeles que l'on peut contempler depuis n'importe quel point de vue les majestueuses montagnes San Gabriel, et l'océan Pacifique scintille au loin depuis les collines d'Hollywood, alors même que la population de la ville et le nombre d'automobiles ne cessent d'augmenter.

Cette réussite «est un exemple pour le monde», estime Stephanie Pincetl, qui enseigne les sciences de l'environnement à l'Université UCLA.

A partir du Clean air act (1970), première législation fédérale anti-pollution, la Californie a toujours poussé plus loin les normes d'émissions de CO2 et particules toxiques pour les voitures et l'essence, imitée par la suite par le reste de l'Amérique.

Pendant que l'Etat fédéral restait paralysé par les blocages du Congrès et les querelles partisanes, l'Etat du sud-ouest américain «a pris les devants, d'abord avec le gouverneur Arnold Schwarzenegger puis avec (son successeur) Jerry Brown», remarque Tim Krantz.

Arnie Schwarzenegger a sponsorisé une importante législation en 2006 destinée à ramener les émissions de CO2 en 2020 au niveau de 1990.

Jerry Brown, qui présentera l'expérience de la Californie à la conférence COP21 de Paris, vient de ratifier un texte qui place la barre plus haut: à partir de 2030, la moitié de l'électricité de l'Etat devra venir d'énergies renouvelables.

De quoi doper le développement d'infrastructures «vertes». Aux champs d'éoliennes de Palm Springs devraient ainsi s'ajouter bientôt des fermes géothermiques dans le désert. Sans oublier de nouvelles normes exigeantes pour l'isolation des bâtiments et des efforts pour limiter la pollution du port de Los Angeles, le plus gros de la côte Ouest.

Un programme de plafonnement et d'échange d'émissions de carbone, datant de 2012, a aussi permis de faire baisser significativement l'électricité à base de charbon.

Et depuis le début des années 2000, le «Golden State» met en place des incitations financières pour stimuler les ventes de voitures «vertes», tout en forçant les parkings à leur réserver des places de rechargement. Résultat, la Californie compte la moitié des véhicules électriques ou hybrides du pays.

- San Francisco en étendard -

Les autorités se gardent toutefois de crier victoire.

Los Angeles reste la métropole américaine où la qualité de l'air est la pire, avec un parc automobile qui croît sans cesse.

Et la Californie affronte la quatrième année d'une sécheresse historique, ce qui a forcé le gouverneur à fixer des mesures contraignantes pour économiser 25% d'eau.

Les Californiens ont joué le jeu, laissant leur pelouse jaunir au soleil... quitte parfois à les repeindre en vert ou à les remplacer par des cactus, agaves et autres plantes du désert.

Pour Debbie Raphael, une responsable environnementale de San Francisco, la sécheresse «représente une merveilleuse opportunité pour mettre en place les changements nécessaires», notamment dans le domaine du traitement des eaux usées, de la récupération de la pluie, des droits sur les rivières et nappes phréatiques...

Si l'Etat le plus peuplé d'Amérique est en avance sur le reste du pays, San Francisco est son étendard. Cette ville à l'esprit pionnier, qui affiche déjà un taux de recyclage de 77% - contre 65% à Los Angeles -, vise le zéro déchets d'ici 2020 grâce à un vaste programme de compost auquel tous les restaurants participent, ou en bannissant petites bouteilles et emballages en plastique.

Pour convaincre les entreprises de se plier à ces contraintes, les autorités leur parlent débouchés: les normes strictes environnementales apportent «à la Californie une avance technologique qu'elle peut vendre au reste du monde», dans l'automobile, la construction, l'énergie, remarque M. Krantz.

Mais l'argument économique est parfois à double tranchant. Le recyclage, attractif quand le prix du plastique, du métal ou du papier s'envole, l'est nettement moins quand leurs cours s'effondrent...

Reste aussi l'une des tâches les plus difficiles: convaincre les Californiens de ne pas mettre la climatisation à fond. «Les bâtiments de l'université de Redlands sont du dernier cri mais en été, en plein désert, on se croirait dans un frigo», plaisante M. Krantz.


Photo: Un arbre de Josué mort, alorq que la sécheresse continue d'affecter le parc national de Joshua, en Californie, le 22 novembre 2015 - MARK RALSTON AFP

© 2015 AFP



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