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Planète - L'UICN rajoute 31 espèces éteintes et 3.000 espèces menacées à sa liste rouge



Planète - L'UICN rajoute 31 espèces éteintes et 3.000 espèces menacées à sa liste rouge


Genève (AFP)

L’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) a publié une mise à jour de sa liste rouge. Elle compte désormais 35.765 espèces menacées d’extinction et 31 nouvelles espèces éteintes dont trois amphibiens décimés par un champignon mortel.

Une trentaine de nouvelles espèces éteintes et plus de 3.000 autres menacées d’extinction. La "liste rouge" de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) continue de s’allonger. L’organisation vient de dévoiler la dernière mise à jour de sa liste répertoriant les espèces en danger d’extinction à travers le monde.

L’inventaire répertorie désormais 128.918 espèces de plantes et d'animaux, soit plus de 8.000 de plus que la précédente mise à jour. Parmi elles, 35.765 sont considérées comme menacées d'extinction dont 14.718 vulnérables, 13.285 en danger et 7.762 en danger critique d’extinction. Plus préoccupant, la liste des espèces disparues s’est également allongée.

Sur cette dernière version, 31 noms sont en effet entrés dans la catégorie "Eteinte". "La liste croissante d’espèces disparues est un rappel brutal que les efforts de conservation doivent s’intensifier de toute urgence", souligne dans un communiqué Bruno Oberlé, le directeur général de l'UICN qui regroupe plus de 1.400 organisations et gouvernements.

- Les amphibiens victimes d’un champignon mortel

Trois espèces d'amphibiens d'Amérique centrale ont notamment rejoint les disparus. Parmi elles, l'Atelopus chiriquiensis, un petit crapaud aux couleurs chamarrées que l'on trouvait en altitude au Costa Rica et au Panama mais qui n'a pas été vu depuis 1996. L’animal est l’une des victimes de l’hécatombe qui décime les batraciens depuis quelques décennies.

Le responsable de l'hécatombe est identifié de longue date. Il s’agit d’un champignon qui attaque la peau des grenouilles, des crapauds et des salamandres et qui finit par tuer ses victimes en les empêchant de respirer. Le fléau s'appelle la chytridiomycose et il a gagné des dizaines de pays à travers le monde.

"C'est une espèce invasive qui frappe un grand nombre d'amphibiens dans différentes parties du monde: Europe, Amérique du sud, Asie, Afrique", égrène Craig Hilton-Taylor, en charge de l'établissement de la liste rouge au sein de l'organisation, pour l'AFP.

"Le changement climatique semble aider à l'expansion du champignon et créer les conditions pour que la maladie puisse prospérer, et ensuite cela annihile les populations de grenouilles", explique t-il, parlant d'une "énorme crise" qui frappe les amphibiens.

Selon une étude parue en 2019, le pathogène aurait, en 50 ans, fait décliner pas moins de 50 espèces d’amphibiens et causé la disparition de 90 d’entre elles.

- Des poissons menacées ou disparues aux Philippines

Parmi les autres espèces menacées de disparaître ou déjà éteintes, celles des 17 espèces de poissons qui peuplaient le lac Lanao aux Philippines. Les coupables: deux espèces de poissons prédateurs introduites par accident il y a un demi-siècle.

Aujourd'hui, 15 des poissons indigènes ont disparu et les deux restants sont gravement menacés, voire ont possiblement disparu. Qui plus est, la surpêche, la pollution et la déforestation ont "massivement changé" l'écosystème du lac, souligne M. Hilton-Taylor. "Le résultat, c'est que finalement cela a basculé", souligne-t-il.

En mer de Chine méridionale, le requin perdu (Carcharhinus obsoletus) a connu un sort tristement similaire. Bien qu’il n’ait été officiellement décrit que l’an dernier, il est déjà dans la catégorie "En danger critique". L’espèce a été observée pour la dernière fois en 1934, laissant suggérer qu’il est probablement déjà éteint.

En cause: son habitat qui a subi une pêche importante pendant plus d’un siècle et reste l’une des régions marines les plus surexploitées au monde. Un très grand nombre d'espèces endémiques "ont disparu du jour au lendemain", note M. Hilton-Taylor.

Parmi ces espèces menacées, on trouve désormais aussi le tucuxi ou dauphin de l'Orénoque (Sotalia fluviatilis). Ce mammifère, qui évolue dans l'Amazone, vient de passer de la catégorie "Données insuffisantes" à celle de "En danger". Il est victime des filets de pêche, dans lesquels ils se noient, des installations de barrage ou encore de la pollution.

Tous les dauphins d’eau douce du monde sont donc aujourd’hui menacés, y compris le baiji ou dauphin de Chine (Lipotes vexillifer) qui vit uniquement dans le fleuve Yang-Tsé-Kiang et dont on craint même qu'il soit éteint.

- Des notes positives

Pour Craig Hilton-Taylor il y a quand même une note positive. Les autorités du Pérou, d'Equateur, de la Colombie et du Brésil se sont en effet mobilisées de concert pour sauver le tucuxi. "C'est une très bonne nouvelle pour la conservation des espèces", juge t-il.

Dans la même veine optimiste, 26 espèces de la liste rouge reprennent du poil de la bête et parmi elles le bison d'Europe, qui vient de passer de la catégorie "quasiment menacée" à la catégorie "vulnérable". Le plus gros mammifère d'Europe n'a survécu qu'en captivité avant d'être réintroduit dans la nature dans les années 50.

Et aujourd'hui, les efforts intensifs ont permis de passer d'une population de 1.800 têtes en 2003 à 6.200 en 2019 avec 49 troupeaux en liberté sur le Vieux Continent. "C’est une bonne nouvelle et elle montre que les efforts de conservation peut changer le cours des choses", se réjouit M. Hilton-Taylor.




Photo: Trois espèces d'amphibiens d'Amérique centrale ont disparu et de nombreuses autres pourraient s'éteindre bientôt, victimes d'un champignon mortel dont l'expansion est favorisée par le changement climatique © AFP/Archives/Rodrigo BUENDIA

Voir l'article dans son intégralité avec plus de données: https://www.geo.fr/environnement/le-changement-climatique-favorise-lhecatombe-des-amphibiens-rapport-203112

Par GEO avec AFP


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