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Planète - L’économie dépend de la nature, qui est détruite par… l’économie



Planète - L’économie dépend de la nature, qui est détruite par… l’économie


Même si l’économie mondiale dépend directement de la santé de la nature, l’humanité continue de prendre des décisions qui saccagent l’environnement, ce qui a un coût de plus en plus élevé, constate un nouveau rapport publié ce mardi par la Plateforme intergouvernementale scientifique et politique sur la biodiversité et les services écosystémiques (IPBES).

Ce rapport d’évaluation, présenté sous le nom de «rapport Nexus», aborde de front les cinq crises environnementales en matière de biodiversité, d’eau, d’alimentation, de santé et de réchauffement climatique.

Le document, adopté lundi par les représentants des 147 gouvernements membres de l’IPBES, évalue ainsi que plus de la moitié du produit intérieur brut mondial dépend de la nature. Cela équivaut à une activité économique annuelle estimée à 58.000 milliards de dollars.

Même si la nature est donc essentielle à l’économie de la planète, «les prises de décision actuelles ont donné la priorité aux rendements financiers à court terme, tout en ignorant les coûts pour la nature, et n’ont pas réussi à obliger les acteurs à rendre compte des pressions économiques négatives exercées sur le monde naturel», déplore la coprésidente de l’évaluation pour ce rapport de l’IPBES, Pamela McElwee.

Ces «coûts non comptabilisés» de l’activité économique, donc les conséquences négatives de la production et de la consommation sur la biodiversité, l’eau, la santé et le climat, atteindraient 10.000 à 25.000 milliards de dollars par année, selon les constats du document.

Le rapport souligne notamment l’augmentation de la production alimentaire industrielle, puisque les pratiques «non durables» ont aggravé la destruction de la biodiversité, la surconsommation d’eau et les émissions de gaz à effet de serre qui amplifient la crise climatique.

Malgré les constats très clairs des scientifiques, les subventions publiques directes aux pratiques qui aggravent les différentes crises environnementales sont aujourd’hui estimées à plus de 1.700 milliards de dollars par année. Et cela incite les investisseurs privés à injecter eux-mêmes chaque année pas moins de 5.300 milliards de dollars dans «des activités économiques qui causent des dommages directs à la nature».

- «Urgence»

«La perte de biodiversité, la pénurie d’eau, la sécurité alimentaire, la santé humaine et le changement climatique ne sont pas des problèmes isolés. Ils sont indivisibles, liés entre eux et interdépendants. Comme ils sont intimement liés, lorsque l’un d’entre eux faiblit, les autres suivent. Bien que ces défis soient interconnectés, nos réponses sont bien trop souvent cloisonnées, réglant un problème tout en en créant un autre», résume Inger Andersen, directrice exécutive du Programme des Nations unies pour l’environnement.

Un point de vue que partage l’organisme Nature Québec. «Prioriser les solutions à une seule de ces crises risque d’aggraver les autres, comme dans le cas du projet de Northvolt au Québec, où le gouvernement a permis à l’entreprise de saccager des milieux naturels de grande valeur écologique dans l’espoir de contribuer à la transition énergétique», souligne sa directrice générale, Alice-Anne Simard.

«L’urgence et l’ampleur de ces crises appellent à une collaboration à tous les niveaux et à se doter d’une vision à long terme, qui dépasse la durée d’un mandat politique et les retombées économiques à court terme», ajoute-t-elle.

Le rapport Nexus insiste d’ailleurs sur l’urgence d’agir, mais aussi sur les coûts de l’inaction. Une action retardée sur le changement climatique ajoute «au moins 500 milliards de dollars par an» de coûts pour atteindre les objectifs politiques de lutte contre les dérèglements du climat et pour l’adaptation.

À l’heure actuelle, on estime par exemple que le réchauffement planétaire risque d’atteindre 1,5 °C, par rapport à l’ère préindustrielle, d’ici 2030 à 2035. Or, «l’exposition aux risques liés aux changements climatiques devrait doubler» quand le réchauffement planétaire passera de 1,5 °C à 2 °C et «doubler à nouveau» quand il passera de 2 °C à 3 °C. Ces risques peuvent concerner la santé humaine en raison, notamment, des événements climatiques extrêmes, ou encore l’accès aux ressources alimentaires ou en eau nécessaires à la vie de milliards d’êtres humains.

À l’inverse, rappelle l’IPBES, la restauration des milieux naturels contribue à l’adaptation aux changements climatiques, en plus de favoriser, par exemple, le stockage du carbone dans les forêts, les tourbières, les marais et les écosystèmes marins.




Photo: Alessandro Rampazzo Agence France-Presse Le rapport pointe notamment l’augmentation de la production alimentaire industrielle, puisque les pratiques «non durables» ont aggravé la destruction de la biodiversité, la surconsommation d’eau et les émissions de gaz à effet de serre qui amplifient la crise climatique.

Alexandre Shields




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