Planète - L'année la plus chaude jamais mesurée sera très probablement l'une des cinq prochaines, avertit l'OMM

L'Organisation météorologique mondiale publie ce mercredi 17 mai un rapport avertissant qu'il y a 98 % de probabilité qu'au moins l'une des cinq prochaines années soit la plus chaude jamais enregistrée, en raison de la combinaison d'El Niño et du changement climatique. Réactions d'experts.

La dernière mise à jour annuelle à décennale du climat mondial est glaçante. Non seulement le rapport estime à 98 % de probabilité qu'au moins l'une des cinq prochaines années soit la plus chaude jamais enregistrée, mais il indique également qu'il y a 66 % de risques que la température annuelle à la surface du globe dépasse temporairement de 1,5 °C les niveaux préindustriels.

Faut-il en déduire que nous dépasserons de façon permanente la limite de 1,5 °C de réchauffement global spécifiée dans l'Accord de Paris? Pas forcément, mais l'Organisation météorologique mondiale (OMM) continue de tirer la sonnette d'alarme sur le fait que ce seuil se trouvera dépassé de façon temporaire et de plus en plus fréquemment.

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Les plus optimistes d'entre nous se posent peut-être la question: quid des 2 % de chances de ne pas avoir à connaître l'année la plus chaude d'ici-là? "Pour que l'une des cinq prochaines années ne soit pas un record, il faudrait soit qu'il n'y ait pas d'événement El Niño au cours des cinq prochaines années, soit qu'il y ait une éruption volcanique massive dans les tropiques, à l'instar du Krakatoa en 1883. Deux scénarios extrêmement improbables", a réagi la Dr Kimberley Reid, climatologue à l'université de Monash en Australie, interrogée par le Centre australien des médias scientifiques (Aus SMC).

- L'année la plus chaude, une année de drames sanitaires et écologiques?

Or, ce futur record de température se traduira, concrètement, par des conséquences dramatiques. Notamment sur les écosystèmes naturels. "Ce que je crains le plus, c'est que nous perdions notre sensibilité face à des records constamment dépassés et que nous oubliions ce que ces chiffres signifient réellement. Un réchauffement de 1,5 degré signifie que la Grande Barrière de Corail ne survivra probablement pas à ce siècle. C'est tragique", a souligné la climatologue.

Son compatriote le Dr Hamish Clarke, de l'université de Melbourne, craint quant à lui la multiplication des mégafeux semblables aux incendies de forêts connus par le pays pendant l'été austral 2019-2020 – si mortel pour la faune sauvage qu'il fut surnommé "Black Summer", l'été noir.

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L'année la plus chaude devrait également correspondre à des impacts en matière de santé humaine. "Les prévisions concernant (ce futur record) laissent présager de nouveaux problèmes pour la santé des populations du monde entier. Nous savons que le changement climatique a un impact négatif sur la santé de diverses manières, notamment par les effets physiques directs des vagues de chaleur, tels que les coups de chaleur, et par les effets indirects de la hausse des températures, tels que la contribution à l'insécurité alimentaire et hydrique", prévoit pour sa part le Dr Belle Workman, de l'université de Melbourne, également contactée par l'agence australienne.

La chercheuse évoque en particulier l'exposition à la chaleur des travailleurs, en particulier dans les secteurs de l'agriculture et de la construction. Autres victimes potentielles: les enfants, les femmes, les personnes âgées et celles souffrant de problèmes de santé préexistants, ainsi que les habitants des zones urbaines — ces dernières risquant davantage de connaître des vagues de chaleur mortelles en raison des effets d'îlots de chaleur. "Nous devons continuer à mettre en œuvre des mesures d'adaptation, telles que des systèmes d'alerte précoce à la chaleur, qui peuvent contribuer à protéger les personnes contre les maladies associées", préconise le Dr Workman.

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- L'urgence de renforcer l'action pour le climat

Le rapport de l'Organisation météorologique mondiale se fonde sur des données couvrant l'ensemble du globe et combinant des mesures réalisées en surface et des mesures satellitaires. Soumises à un contrôle de qualité strict par les agences météorologiques et par des scientifiques du monde entier, ces données ont alimenté des modèles climatiques utilisés par 11 institutions différentes, afin de produire des prévisions pour la période 2023-2027. "Cela confère un degré élevé de confiance aux projections, car elles sont reproduites par différents groupes de recherche", explique à Aus SMC la Pr Janette Lindesay de l'Université nationale australienne (ANU).

Peut-être n'y a-t-il donc plus d'espoir d'éviter une année de drames parmi celles à venir. De là à cesser d'agir? Ce n'est pas l'avis des spécialistes. "Pour respecter l'accord de Paris et maintenir le réchauffement climatique bien en deçà de 2 °C, l'humanité doit réduire rapidement ses émissions de gaz à effet de serre, exhorte Andrew King, du Centre d'excellence sur les extrêmes climatiques du Conseil australien de la recherche (ARC), cité par Aus SMC. Nous ne cesserons de réchauffer la planète que lorsque nous aurons atteint un niveau d'émissions nettes nulles au niveau mondial."




Photo: Le futur record de température globale se traduira, concrètement, par des conséquences dramatiques. © MARK GARLICK/SCIENCE PHOTO LIBRARY via Getty_Images

Pour accéder et lire les aérticles cités en annexe: https://www.geo.fr/environnement/lannee-la-plus-chaude-jamais-mesuree-sera-tres-probablement-lune-des-cinq-prochaines-avertit-lomm-214706

NASTASIA MICHAELS