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Planète - L'Allemagne se dote à son tour d'un indicateur de bien-être


Planète - L'Allemagne se dote à son tour d'un indicateur de bien-être




Berlin, correspondant. Trois ans et demi après la France, l'Allemagne dispose, à son tour, d'un rapport sur le bien-être au-delà du produit intérieur brut (PIB). Mais là où Nicolas Sarkozy avait demandé à de prestigieux experts (Joseph Stiglitz, Amartya Sen, Jean-Paul Fitoussi...) de plancher sur la question, l'Allemagne avait, en novembre 2010, confié ce soin à une commission du Bundestag.

Durant près de deux ans et demi, 17 députés et autant d'experts se sont régulièrement réunis au sein de la commission d'enquête "Croissance, bien-être, qualité de vie". Ils ont publié, lundi 15 avril, le résultat de leur travail. Celui-ci est certes impressionnant – le rapport contient plus de mille pages et définit bien un indicateur intégrant des critères sociaux et écologiques –, mais le contenu n'est pas révolutionnaire.

"LA CROISSANCE N'EST PAS UN BUT EN SOI"

Très vite, la majorité et l'opposition se sont divisées sur le thème essentiel du rapport à la croissance. Pour les conservateurs (CDU-CSU) et les libéraux, "la croissance n'est pas un but en soi mais un moyen dont l'importance est grande pour atteindre d'autres objectifs". Le président du Parti libéral-démocrate (FDP), Philipp Rösler, par ailleurs vice-chancelier et ministre de l'économie, répète même régulièrement que "le FDP est le parti de la croissance". Pour la gauche en revanche, "la croissance économique n'est pas une condition suffisante pour assurer le bien-être et la qualité de vie".

De même, les députés de la majorité estiment que "l'économie sociale de marché" qui caractérise l'économie allemande est un modèle qui a fait ses preuves et était capable d'évoluer en fonction des besoins ; l'opposition jugeant au contraire qu'il fallait réfléchir à une "transformation sociale-écologique". Bref, changer le logiciel sur lequel repose le "made in Germany" depuis les années 1950.

Malgré tout, les députés se sont mis d'accord pour établir un indicateur global qui, à côté de la croissance, intègre des facteurs sociaux et écologiques. Celui-ci comprend dix critères : trois économiques (le PIB, le montant de la dette et la répartition des revenus), trois écologiques (la préservation en Allemagne de la biodiversité, les émissions d'azote, les émissions de gaz à effet de serre) et quatre critères sociaux (l'emploi, la santé, l'éducation et la liberté).

DÉFINIR UNE "CONSOMMATION DURABLE"

Un ensemble trop complexe et disparate pour être vraiment convaincant, jugent les écologistes, qui avaient proposé de retenir seulement quatre critères: l'utilisation de ressources naturelles, la répartition des revenus, le PIB par habitant et la satisfaction des conditions de vie. Quoi qu'il en soit, la commission espère qu'à l'avenir, les différents experts qui travaillent sur des hypothèses de croissance pour le gouvernement intégreront ces différentes données.

Par ailleurs, la commission a tenté de proposer des mesures concrètes pour certains secteurs d'activité. Elle s'est notamment penchée sur la régulation des marchés financiers et la 'chimie durable', et a essayé de définir ce qu'était une "consommation durable". Les députés espèrent maintenant que la société civile va s'emparer de ses travaux. D'ores et déjà, la confédération syndicale DGB a organisé plusieurs colloques sur le sujet et a sensibilisé ses militants sur le fait qu'il ne servait à rien de miser, à l'avenir, sur des taux de croissance comparables à ceux des Trente Glorieuses.

Lire aussi : " Comment va la vie ?", l'autre indicateur de la richesse de l'OCDE

* Photo: Séance du Bundestag, le 21 février 2013, à Berlin

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