Algérie

Planète - Journée internationale de l’eau: Une ressource au cœur des stratégies des puissances


Planète - Journée internationale de l’eau: Une ressource au cœur des stratégies des puissances


C’est aujourd’hui 22 mars que la communauté internationale célèbre, sous l’égide de l’ONU, la Journée internationale de l’eau. Vitale,cette ressource est au cœur de stratégies de puissances, avec des enjeux politiques, économiques, sociaux et de sécurité nationale.

L’histoire nous a appris que les conflits autour de l’eau remontent à plus de 2.500 ans avant Jésus-Christ opposant les citées mésopotamiennes de Lagash et d’Umma.

Les guerres de l’eau dont parlent aujourd’hui la plupart les experts ne sont donc pas nouvelles et les enjeux autour de cette précieuse ressource sont principalement rattachés à sa géopolitique. Cet or bleu, qualifié pourtant d’intarissable, se raréfie, hélas! Il faut dire que l’une des grandes contradictions de la nature humaine est qu’elle n’apprécie la valeur des choses que quand elles deviennent rares. Ainsi, nous n’apprécions l’eau qu’une fois le puits tari. Or, les puits ne tarissent plus seulement dans les zones de sécheresse, mais également dans les régions qui jusqu’ici ne connaissaient pas ce genre de problème.

- La crise de l’eau en Algérie

«Les ressources en eau en Algérie atteindrons leurs limites à l’horizon 2020-2025. Si des mesures ne son pas prises dans l’immédiat, l’Algérie verra ses sources en eau se tarir, notamment dans les Hauts- Plateaux et les Steppes», prédisent les experts qui affirment que l'Algérie est un pays semi-aride et que ses ressources en eau sont faibles, irrégulières et localisées dans la bande côtière, avec une consommation en eau potable et industrielle de l'ordre de 5 milliards de m3/an.

Cette substance est menacée dans sa qualité et dans sa quantité. Malgré la construction de nouveaux barrages et le recours au dessalement, notre pays enregistrera tout de même un déficit de 1 milliard de m3 d'ici l'an 2025.

Il y a tellement d’urgences que l’on peut facilement oublier de planifier et de se projeter. Or, quand on ne gère que les urgences, on ne peut prétendre avoir une stratégie. Même si plusieurs politiques ont été annoncées auparavant, il faut à un certain moment revenir aux faits. Et les faits, ce sont des enjeux, à leur tête les changements climatiques et l’évolution démographique, qu’il faut considérer avec beaucoup de sérieux. En fait, le problème de l’eau en Algérie trouve son origine à la fois dans le manque d’eau, les changements climatiques, la démographie, le gaspillage, le prix de l’eau, la gouvernance, les fuites, la mauvaise répartition naturelle des eaux, la formation, la recherche, la sensibilisation, l’économie, les textes réglementaires, les financements ...

Les politiques précédentes ont-elles suffisamment intégré ces réalités?

La réponse coule… de source! On croyait révolu ce spectacle d’hommes et d’enfants remplissant des jerricans d’eau au hammam d’à côté. On espérait que cette période où les familles algériennes veillaient très tard pour attendre désespérément cette goutte d’eau qui fait chanter nos robinets soit bien finie. Pourtant, ces images choquantes d’enfants portant des seaux d’eau plus lourds que leur poids sont revenues sur le devant de la scène. Les perturbations dans l’alimentation en eau potable, enregistrées ces derniers temps dans plusieurs régions du pays, ne prédisent rien de bon.

- Nécessité de placer l’eau comme priorité nationale

Vitale, l’eau l’est aussi pour d’autres raisons : elle est l’un des premiers constituants du corps humain, elle se rattache à l’exercice d’un droit universel (le droit à la vie et donc à l’égalité d’accès à certaines ressources essentielles), elle commande le succès de toutes les activités économiques (industrielle, agricole, loisirs, etc.). En cela, elle est un bien social et économique. La confrontation entre ressources et besoins est un indicatif révélateur et très significatif qui nous oriente quant à l’avenir de la politique de l’eau que nous menons afin d’atténuer l’effet du déficit.

Il est clair que l’Algérie du Nord enregistre, d’un côté, un manque énorme en ressources, au moment même où les besoins augmentent, et, d’un autre côté, le volume d’eau mobilisable est en diminution. Ceci est dû aux différents problèmes naturels ou humains qui touchent les sites susceptibles de capter les eaux. D’autre part, on enregistre un énorme gaspillage de l'eau, car seulement 42% du volume d'eau potable produit actuellement est facturé, le reste (58%) est réparti en 30% sous forme de pertes dans les réseaux d'alimentation et le vol à travers des branchements illicites. Le coût de production d'un mètre cube d'eau est estimé entre 60 et 80 DA, alors que l’État le cède au consommateur à 18 DA seulement. L’État subit des pertes énormes.

Concernant l'assainissement, le mètre cube d'eau épurée coûte 80 DA, le transfert d'un m3 d'In Salah à Tamanrasset 70 DA et celui produit par le dessalement d'eau de mer 80 DA. Ces coûts devraient augmenter avec l'augmentation du prix de l'énergie de 20% et celui du gasoil de 40%.

Les experts ont averti quant à la nécessité de «placer l'eau comme priorité nationale», étant donné les potentialités hydriques limitées du pays. Aujourd'hui, nous avons 17 milliards de m3, encore faut-il que le dérèglement climatique ne vienne pas dérégler le cycle de l'eau. Dans un siècle, nous aurons 17 milliards de m3, alors que les besoins en eau potable, en irrigation et en industrie vont augmenter.

À terme, la seule solution de substitution à cette raréfaction de la ressource est le dessalement d'eau de mer. Les efforts consentis par l'État durant ces 15 dernières années pour mettre le pays à l'abri du stress hydrique sont là, mais apparemment insuffisants.

Dans le seul secteur agricole, le programme quinquennal de réalisation d'un million d'hectares irrigués aurait besoin de 11 à 12,7 milliards m3 en année humide (pluvieuse), alors qu'en année sèche, un appoint de 3,3 milliards m3 serait nécessaire.




Photo: Les efforts consentis par l'État durant ces 15 dernières années pour mettre le pays à l'abri du stress hydrique sont là, mais apparemment insuffisants.

Farida Larbi
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