Algérie - Ecologie

Planète - Journée de la Terre: En post-Covid, ce que la Terre… subira



Planète - Journée de la Terre: En post-Covid, ce que la Terre… subira


La Journée de La Terre a été célébrée hier dans le monde avec un goût de confinement lié au Covid-19. Cela a pris une forme particulière au mode virtuel. Une question s’impose aujourd’hui, même si on n’évoque pas encore un déconfinement dans le monde. Quelles leçons peut-on tirer de cette crise sanitaire pour mieux protéger notre planète? La planète a-t-elle bénéficié de ce confinement?

La guerre menée contre le Covid a un impact sur la terre. Il y a d’abord les impacts positifs dus à la récession économique, explique Mourad Ahmim, enseignant-chercheur à la faculté des sciences de la nature et de la vie de l’université Abderrahmane Mira de Béjaïa.

Avec cette récession, il explique qu’il y a aujourd’hui dans le monde «moins de pollution vu que les pays industrialisés ont vu leur production baisser par manque d’écoulement de marchandises». Les chiffres en témoignent: dans la zone Euro, avec un indice 50 signalant une stabilité de l’économie, l’industrie manufacturière serait tombée à 44,5 en mars, les services seraient en chute libre à 26,4, avec un effondrement à 17,4 en Italie.

Pour l’industrie manufacturière, les chiffres sont au plus bas: pour les services, des niveaux aussi bas n’avaient jamais été enregistrés. «C’est le cas de l’aviation sachant que 35.000 avions parcourent le ciel par jour alors que maintenant ils sont à l’arrêt», explique le même spécialiste.

La bonne nouvelle pour la terre pour ce 2020 est que les niveaux de monoxyde de carbone ont baissé de 30-45% dans l’atmosphère en Chine en février et début mars comparé à la même période en 2019. Mourad Ahmim évoque aussi le «volet biodiversité ou certaines espèces animales qu’on n’a pas vu commencent à faire des apparitions». Mais cela ne doit pas être considéré quand même comme très positif, car, dit-il encore, «nous avons besoin de manger, besoin de médicaments, de voyager…». Il y a donc nécessité de travail et de service.

- Les déchets ?

Puis il existe cet aspect négatif évoqué par le même spécialiste: les déchets et leur traitement. Selon sa logique la sur-utilisation de produits désinfectants et de matériel médical comme les masques, les gants, les tenues jetables en millions de quantité est considérée comme un déchet dangereux. Il se pose en effet la question comment cela sera-t-il géré? «Les pays industrialisés ont éventuellement les moyens mais pour les autres c’est problématique», s’exclame-t-il. Comment se présente la terre en post Covid-19? Revoir notre partage avec la biodiversité.

Pour mieux comprendre et appréhender le devenir de la terre après le Covid-19, il faut, selon Mourad Ahmim, savoir d’abord que chaque individu de chaque espèce y compris l’homme est ensemble d’êtres vivants très composites qui sont appelés macrobiote. Un détail scientifique; selon les spécialistes, l’homme a plus de bactéries que de cellules humaines, dans toutes les cellules, il y a des mitochondries qui sont des anciennes bactéries symbiotiques dont l’homme ne peut pas se passer et le génome humain à 5 à 7% sont liés à des virus d’animaux que nous avons croisés. «On a besoin de cette biodiversité totale y compris les microorganismes comme les virus; malheureusement, l’homme a fait évoluer les relations négativement pour ses besoins par rapport au reste de la biodiversité donc il y a un mauvais partage», précise Ahmim.

Le Covid 19 a révélé qu’il y a eu des actions maladroites que l’espèce humaine a eu à faire, insiste Ahmim, «car on pense que le coronavirus qui est passé à l’état de pandémie par l’action de l’homme est rentré en contact direct avec les animaux en les mangeant et en les vendant dans les marchés et c’est aussi dû au confinement de différentes espèces qui se transmettent entre elles les différents virus d’où l’émergence de maladies émergentes signalées par l’ OMS».

- Gaz

C’est vrai que les émissions de gaz à effet de serre ont fortement baissé et cela se sent dans les villes. Mais cela change-t-il quelque chose au réchauffement climatique en cours? Non, s’accordent à dire certains spécialistes. Car, ce qui compte, c’est la quantité de gaz présente dans l’atmosphère et que l’on n’en ait rajouté qu’une quantité très faible au cours des dernières semaines ne change rien. Il faudrait en effet que l’on reste à un niveau d’émission bas pendant une longue période pour voir la présence de gaz à effet de serre dans l’atmosphère ralentir sa progression, puis commencer à décroître. Et c’est là qu’un autre aspect vient s’ajouter: vouloir rattraper le gain perdu.

C’est-à-dire revenir à la situation qui prévalait avant le «choc». Ca ne serait pas étonnant que les autorités politiques dans le monde vont tenter de faire redémarrer la machine et la faire tourner comme avant. Autrement dit, retrouver un rythme élevé de consommation de charbon en Chine par exemple. Et c’est là aussi toute la problématique. C’est normal qu’il y aurait urgence de «retrouver un niveau d’activité élevé», sachant que de toutes façons les points de PIB perdus en mars et avril et peut-être encore après ne seront pas tous regagnés.

Evidemment, ces problèmes financiers vont fournir un bon prétexte pour ne rien faire au climat! «Pour des lendemains meilleurs après cette pandémie, l’homme doit réfléchir à être moins égoïste de par ses relations avec la biodiversité en maîtrisant mieux ses pratiques comme la démographie humaine et la vitesse des transports pour avoir une meilleure garantie sanitaire et une meilleure sécurité sur la planète», conclut Mourad Ahmim. Une riche biodiversité peut être vue comme une garantie pour de meilleures capacités à s’adapter et à évoluer face aux changements à venir.

- C’est quoi la journée de la terre ?

La Journée de la Terre consiste à apprécier le caractère unique de notre planète Terre avec son incroyable biodiversité. Cette journée est coordonné par le «Earth Day Network».

Selon l’ONU c’est plus précisément de sensibiliser les gens aux défis auxquels fait face notre planète, à partir de l’idée que la Terre et ses écosystèmes sont ceux qui nous nourrissent et soutiennent nos pas tout au long de la vie. L’humain tente alors à travers les campagnes de sensibilisation de comprendre la biodiversité et savoir comment protéger sa nature, les plantes, les animaux et l’environnement. Mieux encore, on apprend des gestes verts.

Exemple: acheter des produits plus écologiques, réduire ses déchets, opter pour le recyclage et à la réutilisation, ou encore à la promotion de la lutte contre le changement climatique. Earth Day Network, l’organisation à l’origine du mouvement, collabore avec plus de 22.000 partenaires à travers le monde. Aujourd’hui, plus d’un milliard de personnes participe chaque année aux activités de la Journée mondiale de la Terre pour en faire l’un des plus grands événements mondiaux.

- Coup d’œil historique

La Journée de la Terre est une fête célébrée aux Etats-Unis depuis 1970, toujours le 22 avril, en commémoration de la création du mouvement environnementaliste par un sénateur du Wisconsin, Gaylord Nelson. Ce dernier a organisé une grande manifestation pour l’environnement et pour réclamer sa prise en compte dans les politiques fédérales américaines. Ce défilé a conduit à l’adoption de plusieurs lois fondatrices comme celles sur la protection de l’air, de l’eau et des espèces menacées, ainsi qu’à la création de l’Agence de protection de l’environnement (EPA). Reprise par les Nations unies comme une date forte du calendrier, la Journée de la Terre est devenue un événement dans le monde dès 1990, dans environ 140 pays, en mobilisant 200 millions de personnes.


Nassima Oulebsir
noulebsir@elwatan.com


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