VENDREDI, VIE SAUVAGE La réintroduction du caprin dans les Pyrénées devait avoir lieu au printemps, mais les autorités espagnoles traînent des pieds et le projet pourrait attendre l'automne.
Par AFP
Le bouquetin attendra avant de faire sa réapparition dans les Pyrénées, sans qu’on sache avec certitude si sa réintroduction est seulement retardée de quelques mois ou remise en cause par le partenaire espagnol, ont indiqué les porteurs du projet côté français.
Les Français espéraient pouvoir lâcher en avril vingt bouquetins mâles et femelles de l’espèce Capra pyrenaica dans les Hautes-Pyrénées et autant en Ariège. Les bouquetins auraient été achetés en Espagne voisine où ils prolifèrent, sauf dans les Pyrénées. Seulement, la réintroduction n’aura pas lieu au printemps faute d’accord politique à Madrid, ont dit à l’AFP le ministère de l’Ecologie et le parc national des Pyrénées qui reportent à présent leurs espoirs sur l’automne.
Le bouquetin a fait partie du paysage pyrénéen pendant des dizaines de milliers d’années. Surchassé pour finir en viande ou en trophée, ce parent trapu de la chèvre a disparu du versant français du massif en 1910 et du massif tout court en 2000. L’Etat français a entrepris il y a des années de restaurer la population des bouquetins. Des lâchers d’une espèce distincte (Capra ibex) ont eu lieu dans les Alpes. Mais les Espagnols n’ont accepté que récemment de coopérer et de laisser prélever chez eux des spécimens de Capra pyrenaica (ou bouquetin ibérique) dont le mâle pèse jusqu’à 90 kilos et se distingue par d’imposantes cornes torsadées en lyre.
Les techniciens français et espagnols ont travaillé pendant des mois à un accord qui n’attend plus que l’approbation du ministère espagnol de l’Agriculture. A terme, 160 bouquetins pourraient être lâchés dans les Hautes-Pyrénées, en Ariège et dans les Pyrénées-Atlantiques au cours des prochaines années. Mais, «pour l’instant, le ministre espagnol n’a pas confirmé son accord de principe (...) à défaut d’accord officiel, on ne peut pas procéder à cette opération aussi tôt que prévu», dit Jacques Wintergerst, de la direction de l’eau et de la biodiversité au ministère de l’Ecologie.
Lenteurs bureaucratiques ou objections de fond? Les Français l’ignorent. Du coup «on ne sait pas si c’est simplement retardé ou remis en cause», dit-il. Les Espagnols, chez qui la partie de chasse au bouquetin est un commerce lucratif, auraient longtemps vu d’un mauvais œil s’ouvrir un domaine concurrent de l’autre côté de la frontière. Mais le bouquetin est aujourd’hui une espèce protégée en France.
Le directeur du parc des Pyrénées, Gilles Perron, veut voir dans le silence espagnol une acceptation encore tacite plutôt qu’un revirement inexprimé. Pour ce printemps, il est trop tard, convient-il avec Jacques Wintergerst. Mais l’automne «me semble jouable», déclare-il, quand bien même cette saison est moins favorable «parce qu’au printemps on introduit des femelles pleines qui vont faire leurs petits sur le territoire (et qu’on) a dès la première année une population dynamique».
«On est persuadé que ça se fera», assure-t-il. Tout ou presque est prêt côté français. Avant ce qu’ils veulent considérer comme un contretemps, les Français étaient assez confiants pour lancer fin 2012 une consultation auprès de la population sur la réintroduction. Le retour du bouquetin, à la différence de l’ours qui divise profondément les Pyrénéens depuis qu’il a été réintroduit, «fait l’unanimité», dit Gilles Perron.
* Photo: Des bouquetins d'Espagne dans les montagnes d'Andalousie. (Photo cc BY SA gacabo via Flickr)
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Posté Le : 01/04/2013
Posté par : akarENVIRONNEMENT
Photographié par : Photo: cc BY SA ganaco via Flickr ; texte: AFP du vend 29 mars 2013
Source : liberation.fr/sciences