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Planète - France: L'écologie vue par les agriculteurs



Planète - France: L'écologie vue par les agriculteurs
AGRICULTURE - Peu enclins à voter écolo, les agriculteurs sont pourtant conscients qu'ils ont tout intérêt à préserver l'environnement...

La venue d’Eva Joly au Salon de l’agriculture jeudi ne suscite pas une grande agitation chez les agriculteurs présents à la Porte de Versailles. La candidate écologiste à la présidentielle, qui représenterait environ 3% des intentions de vote chez les agriculteurs, incarne pour la plupart d’entre eux une écologie politique et «extrémiste» dans laquelle ils ne se retrouvent pas. Eux préfèrent parler d’agriculture raisonnée, qui ne s’interdit pas le recours à tout produit chimique mais qui cherche à nuire le moins possible à l’environnement.

«Il y a des brebis galeuses comme dans tous les métiers»

«L’écologie, c’est la science des écosystèmes, pas de la politique». Pour Géraud Delorme, éleveur de vaches dans le Cantal, le respect de l’environnement est un pré-requis pour les agriculteurs: «Le sol et l’environnement, c’est la base de notre métier». Il n’utilise que très peu de produits chimiques, ses vaches broutant uniquement l’herbe et les fleurs des pâturages d’Auvergne, mais admet que «dans certaines régions, on peut se poser des questions sur les méthodes d’élevage». Pour lui, il faut trouver un «juste équilibre» entre impératifs économiques et écologiques.

«Bien sûr, il y a des brebis galeuses comme dans tous les métiers, mais la plupart des agriculteurs font attention: on ne va pas tuer le sol qui nous fait vivre», confirme Hervé Guichemerre, cultivateur de maïs en Chalosse, au sud des Landes. Des cultures souvent critiquées par les écologistes, car très gourmandes en eau et souvent destinées à l’alimentation du bétail ou à la production de biocarburants: «Pour moi, l’écologie c’est s’adapter à son milieu sans le bousculer et profiter des avantages que nous donne la nature: dans ma région, les conditions sont idéales pour cultiver le maïs.»

Les agriculteurs, écolos dans leurs pratiques mais pas dans les urnes

Hervé Guichemerre assure ne pas avoir recours à l’irrigation et pratiquer une rotation des cultures qui évite le développement d’insectes nuisibles. Mais de temps à autre, un traitement chimique peut être utile: «Quand une plante est malade, il faut la soigner.» «Le Grenelle de l’environnement ne va pas changer grand-chose par rapport à ce que font beaucoup d’agriculteurs», estime-t-il. Quant aux critères environnementaux qui pourraient conditionner l’attribution des aides de la Politique agricole commune (PAC) après 2013, «ça ne me fait pas peur et ça permettra d’être mieux vu des citadins qui ne comprennent pas qu’on ne fait pas n’importe quoi.»

«L’écologie, c’est naturel chez nous», renchérit René Colombani, producteur d’huile d’olive en Corse qui se dit écolo «sans voter écolo». Près de Calvi, les oliviers qui fournissent sa coopérative sont cultivés sans pesticides et à l’issue de la production d’huile les noyaux sont transformés en engrais. «On lutte même contre les chasseurs qui tirent les oiseaux au milieu des oliviers. Nous on a mis des effaroucheurs», poursuit l’oléiculteur.

«Une politique agricole ne peut pas se décider dans des bureaux»

«Comment voulez-vous gouverner un pays où il existe 246 variétés de fromage?». La phrase du Général de Gaulle revient en mémoire quand on écoute les agriculteurs. Pour Hervé Guichemerre, la diversité des pratiques agricoles selon les régions et les activités nécessiterait «des discussions plus locales, et de mieux écouter les professionnels»: «Une politique agricole ne peut pas se décider dans des bureaux parisiens ou bruxellois».

Alors, s’il croisait Eva Joly jeudi au salon, il aimerait lui rappeler «qu’il ne faut pas être absolutiste dans l’écologie et le bio. On peut réduire les produits phytosanitaires, mais il faut aussi produire de la nourriture et on ne peut pas laisser mourir nos plantes.» Un message qui, lui, semble partagé par de nombreux agriculteurs français.

Photo ci-dessus: Un éleveur de vaches Salers au salon de l'agriculture à Paris, en février 2011. - WITT/SIPA

Audrey Chauvet


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