INTERVIEW • Dans un ouvrage qui vient de paraître aux éditions Marabout, le présentateur de «Silence, ça pousse!» sur France 5 dévoile ses conseils pour adapter son jardin au changement climatique
- L'essentiel
. Présentateur de «Silence, ça pousse!» sur France 5, Stéphane Marie s’inquiète des conséquences du réchauffement climatique.
. Il vient de publier un livre aux éditions Marabout dans lequel il délivre ses conseils pour adapter son jardin au changement climatique afin de le rendre plus résilient.
. Il est question d’ombrage, de paillage, de récupération d’eau mais aussi de variétés de plantes à privilégier ou au contraire à bannir.
Cela fait trente ans qu’il passe sa vie au jardin. Et plus de vingt-cinq ans qu’il délivre ses conseils aux nombreux fidèles de l’émission Silence, ça pousse! sur France 5. Main verte du service public, le volubile et jovial Stéphane Marie n’a pas son pareil pour nous parler de la beauté des plantes dont la compagnie lui procure «beaucoup de satisfaction.» «J’aime les regarder pousser, les toucher, elles me racontent plein de choses», indique-t-il.
Mais à l’heure du changement climatique qui dérègle les saisons, les temps sont durs pour les jardiniers qui ont perdu leurs repères et qui doivent désormais composer avec des aléas climatiques de plus en plus fréquents et intenses. D’où la nécessité d’adapter son jardin pour le rendre plus résilient, comme l’explique Stéphane Marie, qui vient de sortir un ouvrage sur le sujet aux éditions Marabout.
- Vous évoquez le réchauffement climatique dans votre livre. Êtes-vous un éco-anxieux?
Oui bien sûr. Je vois ce qui se passe autour de moi avec ces tempêtes qui ont fait beaucoup de dégâts autour de chez moi dans le Cotentin ces derniers mois. On assiste à des choses complètement incroyables que l’on n’avait jamais connues. Avant, on passait rarement les 25 °C en Normandie où le climat est tempéré et doux. Mais à l’été 2022, on a dépassé les 40 °C. Je me souviens que le week-end du 14 juillet, il faisait 27 °C à 5 heures du matin, les animaux étaient fous et ne savaient plus où trouver à boire. Donc non, tout cela ne me rassure pas. Et quand je regarde la campagne autour de moi, ça me rend dingue de voir qu’on n’arrête pas de couper des arbres. Alors qu’il n’y a pas d’autre choix que d’en planter le plus possible.
- Et pour les plantes, comment bien les choisir désormais?
Il faut déjà harmoniser le choix des plantes et des arbustes avec la qualité de son sol. C’est un fondement du jardinage de bien connaître son sol pour savoir s’il est acide, neutre ou calcaire. A partir de là, on peut apporter du contraste et mélanger les variétés avec par exemple des plantes locales ou sauvages et les laisser pousser, évoluer et s’égrener pour enrichir le milieu. Mais par contre, on oublie les plantes exotiques et invasives ou celles qui demandent trop de soins ou d’arrosage. Et on plante surtout au bon moment. Car on nous vend désormais des choses toutes prêtes. Mais un jardin ça ne se consomme pas, ce n’est pas du prêt à planter. Il faut de toute façon toujours se poser des questions avant de planter, savoir ce que l’on veut et pourquoi on le veut. Mais c’est vrai qu’avec le réchauffement climatique, il y a désormais des questions supplémentaires qui doivent être prises en compte. Et cela nécessite donc de réorienter ce qui nous fait plaisir en s’offrant des choses plus sensées et raisonnées.
- Vous parlez de l’importance du sol. Comment l’améliorer justement?
On commence déjà par virer tous les insecticides et les engrais chimiques pour permettre aux vers de terre de retrouver un peu de place là-dedans. Et je conseille de pailler de sorte que la terre ne soit jamais nue car sinon elle va cuire au soleil et être lavée par la pluie. Alors qu’une terre couverte par de la paille est labourée par les vers de terre qui vont l’enrichir. Par contre, je déconseille les galets et les pierres qui ont tendance à tasser les sols.
«Le jardin, c’est une école de la responsabilisation. Il faut sans cesse devoir s’adapter tout en respectant la nature» par Stéphane Marie
- Et face au manque d’eau, comment faire pour arroser son jardin?
La base, c’est déjà de récupérer l’eau de pluie en installant des cuves ou un bassin d’eau dans son jardin. Quand on connaît la rareté de la ressource, il faut tout faire pour essayer de la préserver en faisant des réserves. Et l’utiliser seulement quand c’est nécessaire et avec parcimonie. Le fait d’ombrager permet aussi de moins consommer d’eau. En plantant des arbres notamment même s’il faut bien réfléchir à la dimension de l’endroit où on les plante.
- Vous appelez donc à une forme de responsabilisation des jardiniers?
Non car les vrais jardiniers le sont déjà. Je ne parle pas de ceux qui voient juste leur jardin comme de la décoration, un aménagement qui leur permet d’être dehors devant un peu de verdure mais sans rien avoir à faire. Car le jardin, c’est une école de la responsabilisation. Il faut sans cesse devoir s’adapter tout en respectant la nature. Mais le jardinier est astucieux. Il est tout le temps en train de chercher des solutions. Ce n’est peut-être pas lui qui sauvera le monde. Mais peut-être que si au final!
- Et pour ceux qui vivent en appartement. Quels conseils pour leur jardinière sur le balcon?
Tout dépend déjà de l’exposition. Si on est plein sud, qu’il fait très chaud et que l’immeuble en face est blanc et renvoie toute la lumière, il vaut mieux planter des succulentes. Si on est à mi-ombre, il faut surtout veiller à ce que les pots ne chauffent pas trop. Car quand la terre est plus chaude que l’atmosphère, ce n’est pas bon du tout et les plantes meurent.
Photo: Stéphane Marie anime depuis plus de 25 ans l'émission «Silence, ça pousse !» sur France 5. - J. Knaub / FTV / 20 Minutes
Propos recueillis par Jérôme Gicquel
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Posté Le : 17/03/2024
Posté par : akarENVIRONNEMENT
Ecrit par : Propos recueillis par Jérôme Gicquel - Publié le 16/03/2024
Source : 20minutes.fr