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Planète (France/Europe) - Renouée du Japon: faut-il avoir peur de cette plante invasive ?



Planète (France/Europe) - Renouée du Japon: faut-il avoir peur de cette plante invasive ?


Cette espèce prolifère partout en France et perturbe les écosystèmes, alors qu’on lui attribuait jadis de nombreuses vertus. L’éradiquer relève de l’impossible.

C'est une grande plante, une longue tige bordée de deux rangées de feuilles triangulaires, avec des clochettes blanches à la floraison. La renouée du Japon, qui pousse le long des routes et des rivières, est en apparence bien inoffensive. Elle est même très élégante. C'est pourtant un fléau végétal, dont il est presque impossible de se débarrasser, tant la plante pousse avec une facilité déconcertante.

Secret de sa résistance: la renouée s'épanouit dans tous les types d'environnement, y compris ceux transformés par l'activité humaine. «C'est une plante très tolérante aux contraintes, ce qui en fait une espèce pionnière, qui s'installe là où les autres ne peuvent pas survivre», détaille Florence Piola, écologue à l'université Lyon-1. Sa capacité d'adaptation est renforcée par une physiologie lui permettant d'optimiser sa production et son utilisation de nutriments. Dit autrement, elle pousse même sur les sols pauvres.

Une fois installée, la renouée possède de nombreux atouts pour s'imposer face à des espèces concurrentes. Non seulement sa floraison est précoce, faisant d'elle une des premières espèces à émerger au printemps, mais sa vitesse de croissance très rapide – jusqu'à quinze centimètres par jour – et son feuillage dense lui permettent aussi de capter davantage de lumière que ses voisines.

- Massifs trop nombreux

Impossible donc de se débarrasser totalement de cette espèce, qui fait s'arracher les cheveux des services voiries de nombreuses communes. Juliette Arrighi, du service espace naturel et biodiversité du département de la Savoie, se bat contre cette prolifération. «Les massifs sont trop nombreux. Le seul moment où l'on peut appliquer des techniques d'éradication à grande échelle, c'est lors de lourds travaux», explique-t-elle.

Le département s'appuie sur le relais des communes auxquelles il accorde des subventions pour des projets de restauration et de conservation du milieu naturel. «Cela permet de mettre en œuvre des techniques efficaces mais coûteuses, comme le concassage des rhizomes [une tige souterraine qui nourrit la plante, NDLR] ou l'assainissement du sol», détaille la responsable.

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Échappée des jardins des grandes propriétés, plantée de manière empirique, la renouée s'est développée dans tous les types d'environnement, y compris à des endroits où elle pose des risques de sécurité: «Sur les bords des routes, cette plante pose des problèmes de visibilité, cela crée un risque accidentogène», conclut Juliette Arrighi. La collectivité territoriale forme, depuis 2008, ses agents à entretenir les bords de route sans disséminer les graines de ces plantes.

- Valoriser ses déchets

Les renouées asiatiques sont au nombre de trois espèces. Originaires de l'Extrême-Orient russe et du nord du Japon, les deux espèces naturelles sont arrivées en Europe à la faveur des échanges commerciaux: «Au XIXe siècle, les plantes venues de l'étranger excitaient l'imagination et la renouée plaisait esthétiquement. Un Hollandais a ramené cette fleur du Japon, où elle servait de plante médicinale, avant qu'un horticulteur lorrain ne l'introduise en France», raconte Mélanie Thiébaut, de l'université Lyon-1, qui a retracé l'histoire de cette plante.

Lorsque sa cousine sibérienne, la renouée de Sakhaline, a été ramenée en Europe occidentale à son tour, les deux espèces ont été hybridées, permettant l'émergence d'une nouvelle variété. Les trois renouées ont alors prospéré, et ce d'autant plus que, dans le cas de la renouée de Sakhaline, de nombreuses vertus lui ont été attribuées jusque dans les années 1970 en France: «Nourrir le bétail, stabiliser les talus, faire du miel… Cette plante a tout simplement été vue par certains comme la découverte du siècle», explique encore Mélanie Thiébaut.

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Répandue dans de nombreux pays du monde, la renouée est une espèce avec laquelle il nous faut vivre, et qu'il faudrait chercher à mieux connaître, selon Florence Piola: «Nos recherches tentent de comprendre le rôle fonctionnel de cette plante dans son écosystème, qu'il soit positif ou négatif.»

Un souhait partagé par le département de la Savoie, qui travaille avec l'université Savoie-Mont-Blanc sur la valorisation des déchets de renouées, pour permettre la réduction des coûts liés à l'arrachage de ces plantes. La suite d'une longue histoire commune entre la renouée et l'espèce humaine






Photo: La renouée du Japon prolifère partout. © Leemage via AFP

Pour accéder et lire les articles cités en annexe:

Par Guillaume Mercier




. Vidéo: La Renouée du Japon, cette plante envahissante et inquiétante, regardez hallucinant.

https://www.youtube.com/watch?v=IHL6sDwIvqI

. Vidéo: Cas de l'Ailante ou Faux vernis du Japon à Constantine et sa région

https://www.youtube.com/watch?v=1TCkzTukUww

https://www.vitaminedz.com/fr/Algerie/ailante-ou-faux-vernis-du-japon-299898-Articles-0-0-1.html


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