Algérie

Planète (France/Europe) - Quatre bassines, dont celle de Sainte-Soline, déclarées illégales pour protéger un oiseau menacé d’extinction



Planète (France/Europe) - Quatre bassines, dont celle de Sainte-Soline, déclarées illégales pour protéger un oiseau menacé d’extinction


La cour administrative d’appel de Bordeaux suspend l’autorisation de Sainte-Soline et trois autres bassines, menaçant l’habitat d’un oiseau protégé : l’outarde canepetière.

Le ciel s’assombrit pour les irrigants du Marais poitevin. Quatre réserves de substitution – dont celle de Sainte-Soline – ont été jugées «illégales» ce jeudi par la cour administrative d’appel de Bordeaux.

La raison ?

L’autorisation environnementale initialement délivrée par les préfectures de la Charente-Maritime, de la Vienne et des Deux-Sèvres au porteur de projet – la Coop de l’eau 79 – ne comportait pas de dérogation «espèces protégées» ni de mesures de protection visant l’outarde canepetière.

Menacé d’extinction, cet oiseau adepte des plaines céréalières fait l’objet d’un ambitieux programme de protection. Moins de 900 individus sont comptabilisés dans le Centre-Ouest de la France où se concentre la dernière population migratrice de l’espèce en Europe. «Le projet est, compte tenu de ses caractéristiques, de nature à détruire tout ou partie de l’habitat de cette espèce et lui porte une atteinte caractérisée», estiment ainsi les juges en évoquant «l’importance capitale pour la survie de cette espèce de la population d’outardes canepetières installée dans le secteur».

- «Les agriculteurs ne seront pas privés d’eau cet été»

En conséquence, la cour d’appel a décidé de suspendre l’autorisation accordée pour ces quatre réserves «jusqu’à la délivrance éventuelle de cette dérogation». En clair: les irrigants de la Coop de l’eau 79 ne pourront ni bâtir les trois futures réserves de Saint-Sauvant (Charente-Maritime), Messé et Mougon (Deux-Sèvres), ni remplir davantage celle de Sainte-Soline jusqu’à nouvel ordre.

Alors que débutait le remplissage de cet ouvrage hautement symbolique, ce revers sonne comme une victoire pour les dix associations à l’origine de ce recours. «Depuis 2016, les associations alertent sur les atteintes directes et indirectes des réserves à l’encontre de plusieurs espèces protégées. Les mégabassines pérennisent un système d’agriculture intensive responsable du déclin de la biodiversité et mettent en danger les populations d’espèces menacées comme l’outarde canepetière», réagit Nature Environnement 17.

«Il fallait être prudent et se conformer à la loi», résume à l’intention de l’État et de la Coop de l’eau 79 Jean-Michel Passerault, l’administrateur du GODS 79, le Groupe ornithologique des Deux-Sèvres.


La Coop de l’eau 79 préfère, elle, voir le verre à moitié plein. Les 12 autres réserves se voient en effet validées par la cour d’appel de Bordeaux, «ce qui est déjà une victoire», insiste son président Thierry Boudaud. Selon lui, les dérogations adéquates seront obtenues au terme d’une «procédure [qui] devrait s’étaler sur une année environ et permettre d’obtenir automatiquement l’autorisation sans avoir à repasser devant le tribunal».

Quant à la réserve de Sainte-Soline, «un aménagement» permettra aux 12 exploitations raccordées d’utiliser l’eau stockée l’été prochain, assure Thierry Boudaud: «Les agriculteurs ne seront pas privés d’eau cet été». Les associations environnementales qui appellent «à l’abandon de ce projet obsolète» anticipent elles aussi ce scénario: «Si un projet est jugé illégal, il doit être annulé, pas régularisé», soulignent-elles.





Photo: L'outarde canepetière, oiseau protégé et menacé par l'implantation de bassines (Illustration). imageBROKER/McPHOTO / Mathias Schäf

Par Fabien Paillot




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