Les pêcheurs contraints de cesser leur activité durant un mois dans le golfe de Gascogne seront de nouveau indemnisés à plus de 80%. Agnès Pannier-Runacher évoque une enveloppe globale de «20 millions d’euros».
«Nous allons évidemment indemniser.» Jeudi 9 janvier, la ministre de la Transition écologique, de la Biodiversité, de la Forêt, de la Mer et de la Pêche, Agnès Pannier-Runacher, a confirmé sur la chaîne Public Sénat que certains pêcheurs du golfe de Gascogne recevront une compensation de l’ordre de 80% de leurs pertes. Et pour cause: pour protéger les dauphins, tous les navires de plus de 8 mètres vont être contraints de cesser leur activité durant un mois, du 22 janvier au 20 février. L’enveloppe globale de soutien, légèrement supérieure à celle de l’an passé, devrait s’élever à 20 millions d’euros et concerner aussi «l’aval de la filière, les gens qui travaillent derrière les pêcheurs», a détaillé la ministre. «On sécurise les moyens», a-t-elle souligné.
. A lire aussi: Protection des cétacés: le Conseil d’Etat confirme la fermeture de la pêche dans le golfe de Gascogne. Biodiversité 30 déc. 2024 (A lire sur le site ci-dessous)
Déjà mise en place en 2024, l’interdiction mensuelle de pêcher dans le golfe de Gascogne devrait être reconduite l’an prochain. Environ 300 navires français, ceux de plus 8 mètres ou équipés de certains types de filets, sont concernés par cette mesure, imposée après l’échouage de nombreux dauphins sur la façade atlantique. Habituellement, ce sont près de 9.000 dauphins communs qui y perdent la vie chaque année. Mais l’hiver dernier, l’interdiction temporaire de pêcher avait permis de diviser par quatre les captures accidentelles de dauphins et marsouins, selon l’observatoire scientifique Pelagis, rattaché à l’université de La Rochelle (Charente-Maritime) et le ministère de la Pêche.
- «Concilier la pêche et la préservation des dauphins»
En mars 2023, le Conseil d’Etat avait ordonné au gouvernement de prendre des mesures pour limiter les captures accidentelles des petits cétacés dans cette zone. En exécution de cette décision, le ministre en charge de la Mer a pris un arrêté le 24 octobre 2023 interdisant notamment aux navires de 8 mètres ou plus équipés de certains filets de pêcher sur la façade atlantique. Mais de larges dérogations avaient toutefois été prévues pour 2024, le gouvernement dispensant ainsi les pêcheurs du golfe de Gascogne de cesser leurs activités halieutiques. Les associations de protection de l’environnement avaient saisi une nouvelle fois le Conseil d’Etat, qui avait décidé de suspendre les dérogations.
Etant donné la baisse significative de la mortalité des petits cétacés constatée l’an dernier suite à l’interdiction temporaire de pêche, la plus haute juridiction administrative a confirmé, le 30 décembre 2024, «la nécessité d’une mesure de fermeture de la pêche pendant une durée suffisante» et jugé «que la fermeture durant quatre semaines est adaptée». Pour appuyer sa décision, le Conseil d’Etat a souligné que la Commission européenne avait déjà adopté, le 30 septembre 2024, un acte délégué mettant en place des mesures dans le golfe de Gascogne durant l’année 2025. Cela concerne tous les navires, français et étrangers, de plus de 8 mètres utilisant des chaluts pélagiques, des chaluts-bœufs de fond, des sennes, des filets maillants calés, des trémails ou des trémails et filets maillants combinés. L’objectif étant de prévenir dans le même temps les captures accidentelles de dauphins et d’autres petits cétacés dues à la pêche.
Le Comité national des pêches (CNPMEM) a immédiatement déploré la décision du Conseil d’Etat, en assurant que «les fermetures judiciaires ne seront jamais porteuses de solutions pour la filière pêche du golfe de Gascogne». Le CNPMEM prône plutôt le recours à des «dispositifs techniques performants qui permettront aux pêcheurs français de poursuivre leur activité en limitant au maximum leur impact sur la biodiversité». L’un n’empêcherait pas l’autre, estime la ministre, qui a d’ailleurs également déclaré que des caméras et des dispositifs répulsifs seraient testés durant la fermeture, en collaboration «avec les pêcheurs et les scientifiques». Le but? «Faire la démonstration que nous sommes capables […] de concilier la pêche et la préservation des dauphins», a-t-elle estimé. Et d’affirmer: «Je suis là pour que les pêcheurs puissent travailler, mais avec des règles du jeu qui permettent de concilier environnement et activité économique.»
Photo: Des pêcheurs dénoncent l'interdiction de pêche dans le golfe de Gascogne, le 25 janvier 2024 à Rennes. (Estelle Ruiz/Hans Lucas.AFP)
Pour accéder et lire l'article cité en annexe: https://www.liberation.fr/environnement/biodiversite/protection-des-dauphins-une-enveloppe-de-20-millions-deuros-pour-indemniser-les-pecheurs-du-golfe-de-gascogne-20250110_UOT7TV6WXRCEXM62ZNCFWH2OYE/
par LIBERATION et AFP
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Posté Le : 25/01/2025
Posté par : akarENVIRONNEMENT
Ecrit par : par LIBERATION et AFP publié le 10 janvier 2025
Source : https://www.liberation.fr/