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Planète (France/Europe) - Pourquoi il est urgent de prendre soin et de planter des haies, «un outil naturel et qui fonctionne»



Planète (France/Europe) - Pourquoi il est urgent de prendre soin et de planter des haies, «un outil naturel et qui fonctionne»


AGRICULTURE: Le sénateur écologiste Daniel Salmon vient de déposer une proposition de loi pour restaurer ces réserves de biodiversité, qui sont aussi de précieuses alliées dans la lutte contre le réchauffement climatique

. Depuis les années 1950, 70 % des haies ont disparu des bocages français.

. Les haies se révèlent pourtant de précieux alliés pour lutter contre le réchauffement climatique et préserver la biodiversité.

. Début juillet, le sénateur écologiste d’Ille-et-Vilaine Daniel Salmon a déposé une proposition de loi en faveur de la préservation et de la reconquête de la haie.

Elles ont pendant très longtemps structuré le paysage de nos campagnes françaises, façonnées par des générations d’hommes et de femmes. Mais, à partir des années 1950, les haies ont progressivement disparu des bocages. La faute à la politique de remembrement qui a consisté après la Seconde Guerre mondiale à regrouper des parcelles agricoles autrefois morcelées. On était alors en pleine période de modernisation forcée de l’agriculture et il fallait donc faire place nette en bordure de champ pour laisser passer les machines. «C’est vrai qu’on rasait tout à l’époque», reconnaît Christophe Geslin, maire d’Essé, l’une des premières communes à être remembrée en Ille-et-Vilaine entre 1958 et 1963. «On peut critiquer nos prédécesseurs, poursuit-il. Mais il faut se remettre dans le contexte de l’époque. A la sortie de la guerre, la France était en sous-alimentation et il a donc fallu produire pour nourrir le pays.»

Perçues comme un obstacle, les haies ont donc été rasées avec l’avènement de l’agriculture intensive et mécanisée. Selon un rapport du ministère de l’Agriculture, 70 % des haies ont ainsi disparu des bocages français depuis 1950, soit environ 1,4 million de kilomètres. Une tendance loin d’être enrayée et qui s’est même accélérée ces dernières années avec 23.500 kilomètres détruits chaque année entre 2017 et 2021, contre 10.400 entre 2006 et 2014. «On assiste à la destruction du paysage agricole français», s’alarme Daniel Salmon.

- «Des bénéfices agronomiques et écosystémiques»

Avec son collègue Joël Labbé, le sénateur écologiste d’Ille-et-Vilaine se bat pour défendre les haies. Début juillet, il a ainsi déposé une proposition de loi «en faveur de la préservation et de la reconquête de la haie.» Car ces clôtures végétales, composées d’arbres et d’arbustes et qui entourent les champs, se révèlent être des armes précieuses pour lutter contre le dérèglement climatique. «C’est un outil naturel et qui fonctionne avec des bénéfices agronomiques et écosystémiques pour l’agriculture et la société qui ne sont plus à démontrer», assure Daniel Salmon, avant d’énumérer tous les bienfaits de la haie:

"Elle permet déjà de stocker le carbone et de lutter contre l’érosion des sols en retenant l’eau. S’il n’y a plus de haies, l’eau dévale les champs et des tonnes de terre terminent dans les ruisseaux. Elle a aussi un effet coupe-vent et sert d’ombrage et d’alimentation pour le bétail. C’est aussi un écosystème très riche en biodiversité, qui sert notamment d’abri pour les prédateurs des nuisibles»

A l’heure du réchauffement climatique, il y a donc urgence selon lui à restaurer les haies bocagères et à en planter d’autres, beaucoup d’autres. Dans sa proposition de loi, le sénateur avance l’objectif d’augmenter le linéaire de haies de 100.000 kilomètres et d’en restaurer 450.000 kilomètres d’ici à 2030. «Ne rien faire serait criminel pour les générations à venir et c’est avec les agriculteurs que l’on doit le faire pour reconquérir une qualité de vie», souligne l’élu breton.

- Valoriser le bois de bocage

Région très agricole, la Bretagne fait d’ailleurs figure de bonne élève en la matière, grâce notamment au programme Breizh Bocage qui a permis d’endiguer la disparition des haies. Éleveur laitier à Essé, Christophe Mellier s’est engagé dans la démarche, plantant de nouvelles haies sur l’exploitation familiale qu’il a reprise en 2008. «C’est sûr que cela demande un effort supplémentaire, mais c’est valorisant, témoigne-t-il. On a trop longtemps inculqué que la haie était une gêne, mais il y a besoin maintenant de rééduquer le monde paysan pour qu’il retrouve un peu de bon sens.»

Cela passe par des formations pour réapprendre les bonnes pratiques de gestion d’une haie. Mais aussi par des incitations financières pour les agriculteurs pour qui «la haie est souvent perçue comme une charge dont on ne tire aucun bénéfice», selon Daniel Salmon. Il propose en ce sens «un crédit d’impôt pour les exploitations agricoles bénéficiant de la certification de gestion durable des haies.» Mais il compte surtout sur l’émergence de filières de bois de bocage qui permettraient aux agriculteurs de valoriser le bois récolté dans leurs haies. «Cette ressource durable et locale peut être génératrice de revenus pour eux», conclut-il.





Photo: Pour présenter sa proposition de loi, le sénateur écologiste Daniel Salmon (à gauche) s'est rendu sur l'exploitation de Christophe Mellier à Essé en Ille-et-Vilaine. — J. Gicquel / 20 Minutes

Jérôme Gicquel
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