ASSAUT DU CAPITOLE • À Toulouse, le moustique tigre gâche de plus en plus les beaux jours. La mairie vient de distribuer des centaines de pièges gratuits à des volontaires, qui contribuent en échange à une étude scientifique pour affiner la lutte
- L'essentiel
. Un jardin devenu infréquentable, des moustiquaires à l’efficacité relative. Dans la Ville Rose et aux alentours, le moustique tigre gâche le printemps et l’été des habitants.
. À la demande «massive» des habitants de deux quartiers, la mairie a commencé la distribution gratuite de 500 pièges pondoirs.
. Les «lauréats» vont contribuer à un comptage qui alimentera une étude scientifique sur les mœurs des moustiques tigres pour permettre de lutter plus efficacement contre eux.
Rien n’y fait. Pour se protéger des moustiques – «des moustiques tigres, pas des gros qui sont lents et qu’on peut attraper» – Sebastian et sa famille ont tout essayé. «Même les astuces de grands-mères comme le marc de café», explique ce Toulousain qui habite un pavillon avec jardin dans le quartier de Borderouge.
Pourtant, «dès qu’il commence à faire chaud, on est piqués», soupire-t-il, et ce malgré les moustiquaires aux portes et fenêtres, malgré «le buis bien taillé et l’herbe bien tondue». «Depuis trois ans, c’est devenu invivable, on ne peut même plus profiter du jardin», se désespère le père de famille dont le fils de 3 ans «fait des méga cloques» à chaque piqûre.
- «Slalomer entre les nuages de moustiques»
Mais Sebastian tient peut-être sa revanche. Ce mardi, sur les coups de midi, il a récupéré l’un des 500 pièges pondoirs distribués gratuitement par la mairie aux habitants volontaires de deux quartiers: Borderouge donc, dont une autre résidente explique qu’elle doit «slalomer entre les nuages de moustiques pour étendre le linge», et les Minimes.
Les deux zones d’habitation ont été choisies via l’opération participative «Mes idées, mon quartier» à travers laquelle les riverains font des propositions de nouveaux aménagements ou équipements.
- Des besoins de protection croissants
Quand certains ont demandé des arceaux à vélo ou un nouveau sens unique, «ce sont ces quartiers 8 et 9 qui ont fait les plus nombreuses demandes contre les moustiques», explique Françoise Ampoulange, l’élue en charge des «animaux dans la ville». Non pas que les autres quartiers soient épargnés. De la Terrasse à Bagatelle, de Jolimont à Montaudran, de très nombreuses contributions réclament une aide à l’éradication de ce «fléau».
Et apparemment pas par peur de la dengue (dont il a été détecté 83 cas en Haute-Garonne en 2023) ou du chikungunya (2 cas) mais parce que le moustique tigre les empêche de profiter de leur «extérieur», rendant le printemps et l’été moins doux sous le soleil de Toulouse.
Des habitants préconisent la méthode douce avec plantation de lavande ou citronnelle, mais les plus énervés exigent des salves radicales d’insecticides. Françoise Ampoulange n’exclut pas de déplacer l’opération pièges pondoirs à d’autres quartiers l’année prochaine, «quand nous aurons tiré à l’automne le bilan de cette expérimentation», dit-elle.
- Le CNRS sur le coup
En effet, l’opération n’est pas tout à fait gratuite pour les volontaires. En plus de ne pas laisser traîner des écuelles d’eau sur leur pelouse, ils s’engagent à contribuer à l’étude des mœurs des moustiques-tigres. Chaque mois, ils doivent changer la feuille de «papier glu» de leur piège et y compter les femelles tigres scotchées. Ensuite, il faut renseigner les données dans l’appli Ampoulange, grenobloise et spécialisée dans la gestion domestique des moustiques.
Les données sont ensuite communiquées à une équipe de chercheurs du CNRS. «Est-ce qu’il y a davantage de moustiques dans des quartiers plus minéraux? Nous comptons sur eux pour mieux appréhender cette chasse aux moustiques», assure l’élue qui va aussi expérimenter en juin le «quadrillage» d’une partie du vieux cimetière de Terre-Cabade par des bornes antimoustiques à bombonnes de CO2.
Sebastian, s’est renseigné. Il ne pense pas devoir ses déboires à l’étang de la Maourine tout proche dont les poissons ont plutôt tendance à gober les importuns. Ses soupçons se portent plutôt sur «les flaques qui se forment en bordure de la voie ferrée». Désormais armé de son piège pondoirs, il est «heureux» de participer à l’étude et de peut-être contribuer à la lutte.
Photo: Vecteur de maladies comme la dengue ou chikungunya, le moustique tigre fait l'objet d'une surveillance sanitaire depuis le 1ᵉʳ mai à Toulouse et en Occitanie. Mais les habitants sont bien plus effrayés par les barbecues gâchés. Illustration. - James Gathany, CDC / Wikipedia CC BY-SA / 20 Minutes
Hélène Ménal
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Posté Le : 20/05/2024
Posté par : akarENVIRONNEMENT
Ecrit par : Hélène Ménal - Publié le 15/05/2024
Source : 20minutes.fr