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Planète (France/Europe) - Les parcs naturels à la recherche d’un tourisme vraiment vert



Planète (France/Europe) - Les parcs naturels à la recherche d’un tourisme vraiment vert


Les faits: À l’image du plateau de la Molière, dans le Vercors, qui expérimente un week-end du 15 août sans voitures, les parcs naturels tentent de répondre à l’afflux massif de vacanciers en inventant des formes de tourisme moins néfastes pour l’environnement local.

«Un bol d’air dans la Molière». Le nom était tout trouvé pour cette expérience menée au cœur du Parc naturel régional (PNR) du Vercors, à la frontière de la Drôme et de l’Isère. Du 13 au 17 août, en plein pic touristique du 15 août, le plateau de la Molière est pour la première fois fermé aux véhicules motorisés en journée. Pour les vacanciers ne pouvant monter à pied ou a vélo, des navettes payantes font tout de même le trajet.

- «Imaginer le parc de demain»

Organisée de façon conjointe par le Parc du Vercors et la commune d’Autrans-Méaudre sur le principe d’une consultation citoyenne, ce projet se veut une «expérimentation» pour «imaginer le parc de demain».

Il faut dire que la situation était critique. «On se pose la question de l’accès au site depuis plusieurs années», explique Quentin Chabanne, chargé de mission au PNR. «On avait des pics à 300 voitures alors que le parking au sommet ne compte que 60 places».

À la faveur du Covid et de la fermeture des frontières, l’engouement pour le parc a explosé. En 2020, 15.000 véhicules et 100.000 personnes se sont rendus dans le massif. «Au-delà de 100 véhicules par jour, le site est surchargé et les gens se garent n’importe où» avec d’autres conséquences plus graves comme «la dégradation des sentiers ou l’accentuation de l’érosion des sols».

- Surfréquentation nationale

Michaël Weber, président de la fédération des PNR, observe que cette tendance touche la plupart des 53 parcs régionaux du pays. «Il y a quelques années, on mettait en avant les sites emblématiques pour renforcer l’attractivité de nos territoires», détaille-t-il. «Aujourd’hui, on est dans la démarche inverse. On cherche à valoriser l’ensemble du site pour éviter les concentrations de touristes dans les sites les plus réputés.»

→ ENTRETIEN. «La quasi-totalité du territoire français a un potentiel touristique» (A lire sur site)

Dans ce contexte, les mesures dissuasives se multiplient. Depuis le 1er août, le PNR voisin de la Chartreuse interdit les bivouacs en tente sur la réserve naturelle des Hauts de Chartreuse. Ici aussi, l’objectif de cette «démarche test» se veut une réponse à «l’afflux de fréquentation depuis l’année 2020» et une tentative visant à «ne pas accueillir plus, mais accueillir mieux», selon le site du PNR.

- Absence de pouvoir réglementaire

De là à ce que tous les parcs naturels régionaux imposent des restrictions? Impossible selon Rémy Knafou, (1) professeur émérite à l’université de la Sorbonne et spécialiste du tourisme: «En ne disposant pas de pouvoir réglementaires, les PNR n’ont pas de moyens spécifiques pour gérer leur politique environnementale.»

Leur seul levier d’action repose sur la charte qui régit le parc, révisée tous les quinze ans en concertation avec les autres acteurs locaux. Si le plateau de la Molière a pu s’émanciper des voitures, c’est au titre de classement en tant qu’«espace naturel sensible», distinct de celui de parc naturel.

En revanche, du côté des 11 parcs nationaux du pays, qui disposent d’un pouvoir réglementaire et de compétences de police, la transformation est déjà bien visible. Le Parc national des Calanques, dans les Bouches du Rhône, confronté à l’afflux de 3 millions de visiteurs en 2020 contre 2 millions en 2019, a décidé en juillet d’instaurer un système de quota et de réservations qui sera effectif à partir de mars 2022. Le montant de la jauge sera tranché à l’automne.

- Protéger ou désirer

Pour Rémy Knafou, ces mesures qui sont aussi monnaie courante à l’étranger s’inscrivent dans une tension perceptible depuis 1872 et la création du premier parc naturel aux États-Unis (celui de Yellowstone, dans le Wyoming).

«On a une accélération de la prise de conscience écologique, explique le chercheur mais on reste dans une contradiction fondamentale entre la volonté de préserver les espaces naturels et leur mise en désir touristique.» D’un côté, les publicités idylliques invitant à visiter les Calanques ou le Vercors, de l’autre, des espaces qui se ferment au public.


(1) Auteur de Réinventer le tourisme, Sauver nos vacances sans détruire le monde, éditions du Faubourg, 128 pages, 12,90 €.


Photo: Du 13 au 17 août, en plein pic touristique du 15 août, le plateau de la Molière est pour la première fois fermé aux véhicules motorisés en journée.
VERCORS TOURISME

Enzo Dubesset


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