Planète (France/Europe) - Ils ont planté une forêt de 3.000 arbres, et «personne n’a le droit d’y toucher» pendant un siècle

La commune de Jaure, située en Dordogne, s’est engagée dans un ambitieux projet visant à restaurer la biodiversité locale. Pendant tout ce mois de janvier 2024, près de 3.000 arbres ont été plantés sur une parcelle de six hectares, achetée par la municipalité. Environ un millier de personnes ont contribué à la plantation de cette forêt naturelle, légalement protégée pendant 99 ans.

«Dire à ses enfants qu’on les aime, c’est beau et naturel. Mais leur prouver en protégeant leur avenir, ça l’est encore plus.»

Cette prose, on la doit à Philippe de Séverac, maire de Jaure (Dordogne) depuis 2020. Lorsqu’il a été élu, il s’est tout de suite engagé en faveur de la préservation de la biodiversité et a décidé d’agir pour les générations futures. La municipalité a acquis une ancienne coupe rase, de six hectares, tombée dans le domaine public. Dans le but de créer une forêt naturelle sur la commune de 190 habitants.

«Il n’était pas question de laisser cette parcelle en friche, ni de planter uniquement des pins», nous explique l’édile de 66 ans.

Ainsi, près de 3.000 arbres d’une vingtaine d’essences endémiques différentes ont été plantés pendant tout le mois de janvier 2024. Des charmes, érables, sorbiers, chênes, cornouillers, peupliers, fruitiers sauvages…

«Nous avons choisi des essences variées et qui résistent au changement climatique», précise-t-il.

- «Le fruit d’un beau travail collectif»

Près d’un millier de personnes ont contribué à la plantation du bois de l’Espèr, «qui veut dire espoir en occitan». Parmi elles, des ouvriers en réinsertion, des écoliers, des collégiens, des lycéens et de très nombreux administrés.

«Il y a eu un vrai engouement autour de ce projet, se réjouit Philippe de Séverac. Il y a même des habitants des départements voisins qui ont participé au chantier! Cette forêt est le fruit d’un beau travail collectif.»

Les derniers trous ont été creusés le 19 janvier.

«C’était très prenant et tout le monde a très bien travaillé. Qu’il pleuve, qu’il vente, qu’il neige, on était tous là. Et personne ne s’est plaint! Il y a toujours eu une bonne ambiance.»

Très impliqué dans le projet, le maire de Jaure s’est très souvent rendu sur place.

«À l’origine, je venais pour apporter la collation du matin, un café ou des viennoiseries. Mais finalement, je restais toute la journée», raconte-t-il en souriant.

- Un budget de 300.000 €

Ce projet ambitieux, mis en avant par France 3 Nouvelle-Aquitaine , est porté par la commune de Jaure, l’association SOS Forêt Dordogne et l’entreprise Créateur de forêt. C’est elle qui s’est chargée de l’étude du terrain, de l’achat des arbres et du matériel.

«Cette initiative ne coûte rien à la mairie, nous indique Philippe de Séverac. Le budget total s’élève à 300.000 € et est financé aujourd’hui à 85 % par plus de 300 particuliers et près de 80 entreprises.»

Maintenant que la phase de plantation est terminée, la société nortaise va se rendre régulièrement sur place pour faire des analyses de la qualité du sol et identifier les arbres morts.

Sensible à la préservation de la nature, l’élu s’est assuré que le bois de l’Espèr soit préservé pour un siècle. La forêt naturelle de six hectares est en effet protégée par une ORE (obligation réelle environnementale), un dispositif légal qui empêche toute déforestation et exploitation commerciale pendant 99 ans.

«Concrètement, personne n’a le droit d’y toucher! Cela me fait toujours mal au cœur de voir des arbres abattus du jour au lendemain», souffle Philippe de Séverac.

Le domaine forestier sera évidemment accessible à la population, qui pourra se balader sur les chemins de randonnée et s’installer sur des tables de pique-nique.






Photo: La commune de Jaure a planté une forêt naturelle de six hectares, qui est protégée légalement pendant 99 années. ' MAIRIE DE JAURE

Ouest-France Malaurie KRALL/NG