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Planète (France/Europe) - Bas-Rhin: Avec les bénévoles du dispositif sentinelles, qui surveillent les feux de forêts



Planète (France/Europe) - Bas-Rhin: Avec les bénévoles du dispositif sentinelles, qui surveillent les feux de forêts


REPORTAGE: Depuis lundi, le Bas-Rhin est quadrillé par des volontaires. Leur mission? Signaler le plus vite possible les départs de feu de forêt, afin d’éviter leur propagation. «20 Minutes» a suivi une équipe

. Le dispositif sentinelles est activé depuis lundi dans le Bas-Rhin. La raison? Une forte probabilité d’incendies de feu de forêts.

. Pour aider les pompiers et intervenir au plus vite, des bénévoles se sont portés volontaires pour surveiller des secteurs précis.

. 20 Minutes a suivi deux d’entre eux… qui ont repéré un feu.

Alerte aux chasubles rouges! Depuis lundi, des hommes et des femmes arpentent les massifs du Bas-Rhin avec ce gilet. Dans leur dos, la même inscription: «Unité d’intervention tout terrain Secours - Rescue». Des pompiers? Pas du tout, enfin pas tout à fait. Ce sont des membres bénévoles du dispositif sentinelles, créé en janvier dernier afin de repérer les départs d’incendies.

«Si on voit de la fumée, on appelle le poste de commandement, où un cadre va prendre notre appel, avant qu’une levée de doute soit effectuée. Si ce sont des flammes, on joint vite le 18», résume Christian Friedrich. Cet ancien militaire, désormais réserviste, a répondu à l’appel de la préfecture quand le projet a été lancé.

Une matinée de formation plus tard, «où on a appris à utiliser les logiciels dont on se sert, quelques réflexes à avoir et à repérer le sens du vent», le voilà sur le terrain. Dans un secteur qu’il connaît bien pour y habiter, celui de Schirmeck. «Mais Luc (Eicher) y est encore plus à l’aise», sourit le presque quadragénaire, en désignant son acolyte du jour.

- «Un patrimoine à transmettre»

Les deux ne se connaissaient encore pas «il y a trois jours», mais se sont depuis bien trouvés. Avec un point commun: l’amour de la forêt. «Comme j’y passe une grande partie de mon temps, j’avais envie de la préserver», explique le second retraité pour justifier son engagement. «J’y travaille souvent, je randonne, puis c’est un patrimoine à transmettre. Et un acte citoyen, tout simplement», complète le premier.

Mais trêve de bavardages, c’est parti pour cette longue après-midi de surveillance. Le duo part dans le 4×4 personnel de Luc Eicher, direction l’emblématique sommet du Donon, situé à environ 1.000 mètres d’altitude. De là, ils auront une vue panoramique sur une partie de leur rayon, «à peu près une dizaine de communes».

Petit avantage de la mission, ils ont l’autorisation d’emprunter les chemins forestiers d’habitude interdits à la circulation. Dans ce cas précis, cela permet d’arriver au pied d’une antenne, à quelques mètres de marche du but. Pratique! Christian Friedrich ne le cache pas, ça permet aussi de s’économiser un peu. «Parce que, hier, même si je suis sportif, j’étais bien rincé en rentrant, mais avec le sentiment du devoir accompli.»

- Prévention et sensibilisation

En à peine cinq minutes, cette fois, le temple d’inspiration gréco-romaine érigé au XIXe siècle est atteint. D’en haut, la vue est superbe et surtout, pas de feu à l’horizon! Le duo vérifie quand même un peu partout à l’aide de jumelles. Toujours rien. «On préfère qu’il n’y en ait pas», sourit le plus âgé des deux, 61 ans, jamais avare d’un bon mot. «Bon, là, on ne regarde pas, c’est la Meurthe-et-Moselle!»

La veille, ils sont restés entre une heure et deux heures sur trois points d’observation, dont le rocher dit de la «Chatte pendue». «C’est un lieu-dit, on ne sait d’où vient le nom», s’amuse le gradé. «C’était un super endroit pour voir tout notre secteur. Là, on est un peu caché par les arbres.» Ce qui n’empêche pas de s’adonner à leur autre mission: la prévention. «On fait des rappels de bon sens aux gens qu’on croise. Comme ne pas fumer, ne pas faire de barbecue, car vu la sécheresse actuelle, le feu partirait très vite, d’autant plus que de nombreux arbres sont affaiblis par les scolytes. On essaie d’être pédagogues…»

Ces messages semblent plutôt bien accueillis. «On ne connaissait pas, mais c’est très bien, ce qu’ils font», confirment Anne-Marie et Gérard, «en promenade ici car on avait une Box à écouler et on a choisi l’hôtel en bas». Un peu plus loin, trois trentenaires écoutent également attentivement le duo aux chasubles rouge. «On avait vu vos gilets, mais on ne savait pas ce que c’était. Merci pour les renseignements.»

- «Ce n’est pas de la fumée là-bas?»

«Hier, on a découvert un feu de camp à peine éteint… Comme quoi, les bons réflexes ne sont pas encore acquis par tout le monde», reprend Christian Friedrich, avant d’être coupé par deux randonneurs. «Ce n’est pas de la fumée là-bas?» Si, ça y ressemble bien. Le dégagement, encore invisible il y a quelques minutes, est même important et ne cesse de grossir.

«Ce n’est pas dans notre secteur, on signale quand même?», interroge Luc Eicher. Réponse de son acolyte: «Oui, c’est dans les Vosges, assez loin mais tant pis.» A quelle distance? Difficile à dire, mais au moins une trentaine de kilomètres, voire davantage. Le cap, lui, est mesuré à l’aide d’une boussole. «Allô, Seb, c’est Luc. On voulait te signaler une grosse fumée dans les Vosges. Je suis devant le temps du Donon et le nuage est à 229° sud-ouest. La fumée blanche est très verticale. Je t’envoie une photo.» «Ok merci, je transmets et je te rappelle si besoin.»

Ce n’est pas un coup de fil mais un message qui arrive une vingtaine de minutes plus tard sur les portables des sentinelles. «Gros feu en cours dans les Vosges, je confirme. Bravo pour votre réactivité et vos infos, qui étaient justes», lit l’un des deux intéressés, sans cacher sa fierté. «Ça fait très plaisir et ça prouve l’efficacité d’un système qui ne repose que sur des moyens humains.»

Avec les failles que cela comprend… Par mesure de sécurité, le nombre de secteurs, leur découpage, et les personnels déployés ne sont ainsi pas communiqués par l’association Unité d’intervention tout terrain du Bas-Rhin (UITT 67), qui a signé une convention avec la préfecture et fait partie intégrante du dispositif. «On préfère», indique simplement son coordinateur, Steeve Gillig, en admettant que beaucoup de retraités composent le réseau, «mais pas que».

- «Entre six et 12 départs de feux par jour»

«C’est sûr que c’est plus compliqué pour ceux qui travaillent», prolonge Luc Eicher, qui pensait déjà s’inscrire pour mercredi. Sans Christian Friedrich, cette fois, «retenu pour un stage avec l’armée». Mais les deux se retrouveront prochainement. L’été n’est pas encore officiellement déclaré que la sécheresse touche déjà le Bas-Rhin, un département où «six et 12 départs de feux par jour» ont été constatés à pareille époque en 2022, selon la préfète.

«Ce ne sera jamais du 100 % et c’est bien sûr une crainte de rater quelque chose, car ce n’est de notre responsabilité, avouent les deux. On s’est tous lancé en espérant ne jamais rien avoir à signaler.»





Photo: Luc Eicher et Christian Friedrich scrutent les forêts depuis le sommet du Donon, dans le Bas-Rhin. — T. Gagnepain

Thibaut Gagnepain


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